samedi 29 juin 2013

La semaine économique et financière

Le coin des épargnants

Le CAC 40 a progressé de 2,21 % cette semaine malgré un recul de 0,62 % vendredi. Le CAC 40 a terminé à 3738 points mettant fin à 5 semaines de repli. Les bonnes nouvelles américaines ont mis un terme à la psychose liée aux annonces de la FED d'une sortie progressive du quantitative easing. Néanmoins, du fait des résultats en baisse des bénéfices de certaines entreprises américaines, la tentation à la prudence l'emporte.
L'or continue sa chute et a atteint son plus bas niveau depuis août 2010 à 1180 dollars l'once. La fin du quantitative easing s'il inquiète en ce qui concerne les taux obligataires rassure les investisseurs pour l'inflation. De ce fait, la couverture "or" n'a plus lieu d'être.  
En France, le taux du Livret A de 1,75 % ne devrait pas survivre à l’été et devrait revenir à 1,5 %. Le taux de 1,25 % logique si les pouvoirs publics respectent la formule peut être jugé non-politiquement correct.

 L’Europe progresse à sa vitesse sur l’Union bancaire

 Le Conseil européen des 27 et 28 juin avait comme objectif de mettre en œuvre le projet d’union bancaire dessiné en 2012. Les Européens ont éprouvé quelques difficultés pour instituer les règles visant à éviter des déconvenues bancaires et la réédition de la situation chypriote. Les Allemands se sont opposés à l'instauration de règles automatiques quand les Français voulaient sacraliser les dépôts des clients des banques. 
Le texte finalisé qui devra  être approuvé d’ici au printemps 2014 en vue d’une application en 2018, vise à limiter le recours au contribuable en associant aux pertes les actionnaires, mais également les créanciers et les déposants autres que les particuliers et les PME. 

 Angela Merkel se met en campagne

 La présentation du projet CDU/CSU lance la campagne de la chancelière allemande.  CDU et la CSU, son pendant bavarois, ont dévoilé leur plateforme électorale commune, un document de 120 pages intitulé « Programme du gouvernement pour l’Allemagne 2013-2017 ». Au cours de la conférence de presse qui a suivi, la Chancelière a rappelé que les deux principaux défis que l’Allemagne devait relever dans les prochaines années étaient la mondialisation et le vieillissement de sa population. Dans à peine douze ans, la population active allemande sera inférieure de 6 millions à son niveau actuel (plus de 10% de baisse), a-t-elle rappelé. Fort de ce constat, le programme électoral s’articule autour de deux axes : la place de l’Allemagne en Europe d’une part et un plan de relance visant les classes moyennes d’autre part.

  Contrairement au SPD, la CDU / CSU reste opposée à un dispositif commun de garantie des dépôts bancaires ainsi qu’à l’émission d’eurobonds.

 Angela Merkel ne veut pas de  mutualisation des dettes européennes.
 La CDDU/CSU  se montre toujours aussi sévère à l’égard des pays qui ne respecteraient pas le pacte de stabilité et de croissance. Les Allemands considèrent que ces derniers doivent être sanctionnés. La Chancelière s’engage vis-à-vis de ses électeurs à dédier tout excédent budgétaire au remboursement de la dette publique allemande au cours de son prochain mandat. Cette gestion vertueuse des finances publiques constitue, selon elle, la condition nécessaire pour garantir le plein emploi et préserver un environnement favorable aux entreprises. L’investissement public dans les domaines qui préparent l’avenir l’éducation, comme la recherche et les infrastructures, sera prioritaire.
 Sur la Turquie, la coalition est toujours opposée à son entrée immédiate dans l’Union. Le pays est jugé trop grand et avec une structure économique trop différente de celle l’UE pour qu’une adhésion soit envisageable. En revanche, la CDU / CSU est favorable au principe de l’ouverture d’un nouveau chapitre des négociations entre l’UE et la Turquie mais seulement après la publication du rapport annuel de la Commission européenne sur l’harmonisation de la législation turque avec les règles et pratiques de l’Union, soit en octobre prochain.

 Afin de faciliter la réélection d’Angela Merkel, la majorité CDU / CSU est favorable à un mini plan de relance. Ce plan est évalué à plus de EUR 28 mds soit environ 1% du PIB. Ce plan prévoit une revalorisation de certaines prestations familiales, un plafonnement des loyers au moment du renouvellement du bail dans les villes où le marché immobilier est tendu, comme à Munich, Berlin ou Hambourg, l’introduction d’un salaire minimum de branche et d'une réforme du mode de calcul de l'impôt sur le revenu qui, progressivement, favoriserait les familles avec enfants. Par ailleurs
 L’état fédéral devrait dépenser EUR25mds supplémentaires dans le cadre d’un plan d’infrastructures routières et technologiques, étalé sur quatre ans.

 Il n’en demeure pas moins que l’objectif d’équilibre budgétaire en 2014 serait respecté, l’augmentation de la demande interne exerçant un effet positif sur les recettes fiscales. Dans le programme CDU/CSU, il n’est pas prévu de hausses d’impôt à la différence de celui du SPD. Actuellement les sondages donnent une large avance à Angela Merkel. La question est de savoir si l’allié FDP pourra se maintenir. Il n’est pas interdit de penser que durant la campagne les scores des deux grands partis se rapprocheront ; le SPD vise de plus en plus non pas le pouvoir mais une grande coalition.

 A en perdre son latin

 Les Français sont au fond du trou. Le moral est au plus bas et le chômage au plus haut même si mai a été moins sombre que prévu. Mais les Français consomment avec un rebond de 0,5 %. De ce fait, il n’est pas surprenant que mai ait été un petit mois de collecte pour les livrets A et de développement durable ainsi que pour l’assurance vie dont les collectes nettes respectives se sont élevées à 0,43 et 0,2 milliard d’euros.

 Les Français ou à cause du temps maussade entendent en revenir aux fondamentaux. Même les achats d’automobile connaissent un petit mieux. La préparation des vacances incitent à la réalisation d’un certain nombre d’achats. Les Français sont prêts à sacrifier certaines dépenses mais entendent maintenir leurs vacances même si elles sont plus courtes et moins lointaines.

 Le nouveau miracle japonais a-t-il vécu ?

L’abenomics aura-t-elle un feu de paille. La décision du Gouvernement japonais de multiplier par deux la base monétaire et de fixer un objectif de taux d’inflation à 2 % a un temps créé un climat positif avec une dépréciation du yen et une augmentation des exportations. Mais cette politique semble atteindre ses limites avec une dégradation de la compétitivité de l’économie japonaise. Les prix des biens importés augmentent et cela est d’autant plus sensible que le Japon est très dépendant des importations énergétiques. Les prix énergétiques ont progressé de 3,7 % en mai et les salaires sont stables ce qui conduit à une très faible augmentation des dépenses des ménages (0,1 %) avec à la clef un net ralentissement des créations d’emplois. Néanmoins, les prix hors matières premières et produits agricoles continuent de baisser. Les abondantes liquidités ont favorisé la montée de la bourse de Tokyo mais aussi des sorties de capitaux japonais à la recherche de placements moins spéculatifs et mieux protégé d’une éventuelle érosion monétaire. Le Japon contribue à la volatilité des marchés financiers mondiaux.

 A suivre…

 Lundi, aux Etats-Unis, il faudra suivre l’ISM manufacturier du mois de juin. Il devrait être en hausse.

 Au Japon, il faudra également regarder l’enquête Tankan du mois de juin sur le climat conjoncturel . Il devrait être en hausse.

 Au Royaume-Uni, le PMI manufacturier du mois de juin sera présenté. Une légère baisse est 
attendue.

 Eurostat communiquera l’estimation du taux d’inflation du mois de juin. Une légère augmentation devrait intervenir. Le taux de mai était de 1,4 %. En revanche, le taux devrait s’inscrire en baisse.
 Mercredi, l’indicateur avancé PMI services du Royaume-Uni sera publié.

 Jeudi, le board de la Banque centrale d’Angleterre se réunira présidé par le nouveau gouverneur Marl Carney. La BoE ne devrait pas changer les taux d’intervention. Son taux directeur devrait rester à 0,5% et le montant de ses achats d’actifs à GBP 375 mds.

 Jeudi, il faudra également suivre la réunion de la BCE. Aucun changement n’est attendu.

 Vendredi, aux Etats-Unis, le rapport emploi devrait être publié. Le taux de chômage devrait rester à 7,6 %.

 Toujours, vendredi, en Allemagne sera publié les commandes industrielles de mai. Une augmentation est espérée sans pour autant compensée la baisse d’avril


vendredi 28 juin 2013

Dette publique : toujours plus haut

Selon l'INSEE, à la fin du premier trimestre de cette année, la dette publique de Maastricht a atteint  1 870,3 milliards d'euros en augmentation de 36,5 milliards d'euros par rapport au trimestre précédent.

Elle frôle la barre des 92 % en atteignant 91,7 %, en hausse de 1,5 point par rapport à la fin 2012. La dette publique nette progresse plus faiblement d'environ 22 milliards d'euros.

La dette de la France continue sa progression. Elle devrait atteindre 94 voire 95 % en 2015. La dégradation de ce début d'année est assez classique du fait que les rentrées fiscales sont faibles au premier trimestre. Une légère décrue est attendue au troisième trimestre. Il n'en demeure pas moins que la dérive du déficit attendue en raison de la moindre croissance devrait accroître la dette publique française dans les prochains mois. Elle sera alimentée tant par l'Etat que par les régimes sociaux. En revanche, avec les prochaines élections locales, les collectivités territoriales devraient être plus calmes sur ce marché.

Cette augmentation est imputable à l’État dont la dette progresse de 37,3 milliards d'euros au premier trimestre. La progression concerne en premier lieu la  dette négociable à long terme qui augmenté de 30,4 milliards d'euros ; celle à court terme augmentant de 6,4 milliards d'euros.
La contribution des administrations de sécurité sociale à la dette augmente de 2,4 milliards d'euros du fait de la hausse de l’endettement de l’Acoss (+4,3 Mds€) et l’Unedic (+1,0 Md€) tandis que la Cnaf et la Cades se désendettent respectivement pour 1,9 Md€ et 1,1 Md€.

En revanche, selon l'INSEE, les administrations publiques locales se désendettent de 3,3 milliards d'euros en remboursant 5,5 milliards d'euros de prêts à long terme et en contractant 2,1 milliards d'euros de prêts à court terme. La contribution des organismes divers d’administration centrale à la dette est stable.

Dette au sens de Maastricht des administrations publiques en point de PIB (*)
Dette au sens de Maastricht des administrations publiques en point de PIB (*)

jeudi 27 juin 2013

De la gestion sociale à la gestion statistique du chômage

Le nombre de demandeurs d’emploi ne s’est accru que de 100 au mois de mai quand ces derniers mois la progression évoluait entre 10 000 et 30 000. En intégrant les chômeurs en activité réduite, le nombre est en baisse de 3600.

Cette amélioration repose sur une progression de l’intérim (augmentation de 4,6 % en six mois), une légère reprise de la production industrielle et une stabilisation des dépenses de consommation.

Néanmoins, l’optimisme n’est pas de rigueur. Le mois de mai avec ses jours fériés ne constitue pas un bon mois de référence. Par ailleurs, de nombreux demandeurs d’emploi du fait de la morosité de la conjoncture ont arrêté de faire des démarches positives. De nombreuses radiations ont été prononcées en mai.

Toujours en raison des jours féries et du découragement, le nombre d’entrées s’est contracté de 2 %.

En revanche, la situation demeure très sombre en ce qui concerne le chômage de longue durée. 40,2% des inscrits à Pôle emploi le sont depuis plus d’un an, soit une hausse de 10 points depuis le début de la crise en 2008.

Le nombre de sans emploi depuis plus de trois ans augmente de 1,3% en mai, et s’élève à 540.000, soit une augmentation de 19% sur un an.

De ce fait, à la fin du mois de mai la France comptait 3.264.500 chômeurs inscrits en catégorie A à Pôle emploi et 4.795.600 dans les catégories A, B et C et 5.418.400 toutes catégories confondues.

Le Gouvernement est demeuré très prudent sur la possible amélioration de la situation de l’emploi dans les prochains mois. Il pourra compter sur la montée en puissance des « emplois d’avenir » et des contrats de génération. Il pourra surtout espérer que la forte croissance des départs à la retraite qui devraient intervenir autour de l’été compensera les destructions d’emplois. Cette année se caractérise par un fort volant de départs à la retraite, plus de 750 000 du fait des effets de la réforme Sarkozy corrigée Hollande. Certes, à compter du mois de juin, arriveront les jeunes ayant terminé leurs études ce qui devrait également créer quelques tensions sur les résultats du chômage cet été. Il n’en demeure pas moins que la gestion statistique et sociale du chômage pourrait donner raison à François Hollande. Affaire à suivre !!!

mercredi 26 juin 2013

Assurance-vie : toujours à la recherche du leadership en matière d'épargne

 Les Français ont relâché leur effort d’épargne au mois de mai sans néanmoins tomber dans la désépargne que ce soit pour l’assurance-vie ou l’épargne réglementée.

 Une collecte nette tout juste positive…

 Selon les informations communiquées par la FFSA et le GEMA, la collecte nette de l’assurance-vie est restée positive en mai, à 0,2 milliard d’euros, pour le cinquième mois consécutif. Cette collecte nette est en repli par rapport au mois d’avril où elle s’était élevée à 1,7 milliards d’euros. Il faut noter que la collecte nette du Livret A et du LDD était également en recul au mois de mai. La collecte dui Livret A et du LDD s’est établie à 0,43 milliard d’euros contre 4,6 milliards d’euros au mois d’avril.
Depuis le début de l’année, la collecte nette de l’assurance-vie est de 8,1 milliards d’euros ; celle du Livret A et du LDD est de 21,1 milliards d’euros. La préférence pour l’épargne de court terme demeure dans un climat de crise.

Ce résultat s’inscrit dans la tendance en cours depuis la fin de l’année 2012 avec un recul massif des rachats et la bonne tenue des cotisations. L’éclaircie fiscale sur l’assurance-vie et l’amélioration du contexte financier au sein de la zone expliquent ce retournement.

Des prestations toujours en baisse

Comme les mois précédents, les ménages ont réduit leurs rachats préférant ainsi conserver leur épargne sur leurs contrats d’assurance-vie. En effet, les prestations (ou rachats) ont baissé pour le 10ème mois consécutif. La chute est de 12 % en mai. Sur les cinq premiers mois, la baisse est de 16 % par rapport à la même période de 2012.

Les menaces conjoncturelles dissuadent les Français de se lancer dans des investissements importants. La réduction des transactions immobilières contribuent également à la diminution des rachats.

Un petit mois de mai conforme à la tradition

 Les cotisations ont atteint 8,877 milliards d’euros au mois de mai contre 10,953 milliards d’euros au mois d’avril. Par rapport au mois de mai 2012, les cotisations sont en hausse de 8,9%. Le mois de mai se caractérise toujours par une baisse des cotisations. Le versement du deuxième tiers de l’impôt sur le revenu et la préparation des vacances expliquent que le mois de mai est souvent un mois en creux pour l’épargne. Il en est de même pour le Livret A et le LDD.

 Sur les cinq premiers mois, les cotisations s’élèvent à 53,1 milliards d’euros en progression de 10 % par rapport à la même période de 2012.

 Le retour en force des unités de compte

 Du fait des bons résultats des marchés boursiers sur les cinq premiers mois de l’année, les épargnants ont accru leurs versements en unités de compte. Au mois de mai, ces versements ont atteint 1,6 milliards d’euros soit 18 % du montant total des cotisations quand en 2012 ce taux était, en moyenne, de 14 %. Depuis le début de l’année, les versements en UC représentent 16 % des cotisations.
 Les derniers événements boursiers pourraient à nouveau refroidir les Français et les inciter à privilégier les fonds euros moins rémunérateurs mais qui offrent une garantie en capital.

Un encours toujours en progression

L’encours de l’assurance-vie progresse de 5 % sur an sous le double effet de la valorisation des unités de compte et du retour de la collecte nette. L’encours atteint désormais 1428 milliards d’euros.

Vers l’eurocroissance à l’automne…et le retour en force de l’épargne longue

Le Gouvernement devrait présenter d’ici l’automne un texte sur l’assurance-vie traduisant en partie le rapport Karine Berger/Dominique Lefebvre avec la création notamment du fonds eurocroissance. Ce fonds devrait répondre à la double exigence d’un meilleur rendement pour l’épargnant et d’une allocation plus favorable aux entreprises. Il aura également comme objectif de réorienter l’épargne des Français vers des placements longs et ainsi permettre à l’assurance-vie de reprendre son leadership vis-à-vis du Livret A.

mardi 25 juin 2013

Conjoncture économique en Corse : un pas si joli mois de mai !!!


En ce début de saison touristique, l'activité économique en Corse évolue sur un rythme en demi -teinte. L'industrie qui emploie que 7 % de la population active reste sur un plateau ; en revanche, les services marchands enregistrent un tassement en relation avec des conditions météorologiques  difficiles en mai et des anticipations incertaines sur la saison qui commence. Si l'hôtellerie a obtenu des résultats conformes aux prévisions ; en revanche, la restauration a un peu pus souffert. L'agro-alimentaire a enregistré de bons résultats en relation avec la constitution de stocks avant la saison.

la conjoncture corse du mois de mai  vue par la Banque de France

Inégalités de revenus et de patrimoine...


Philippe Crevel a répondu aux questions de la rédaction d'Atlantico.frau sujet des inégalités en France. e


Dans les pays de l'OCDE, les inégalités de revenus se sont davantage creusées sur les trois années allant de 2008 à la fin de 2010 que pendant les douze années précédentes, selon un rapport de l'OCDE publié au mois de mai.

lire l'article sur Atlantico.fr

samedi 22 juin 2013

La semaine économique et financière vue par Philippe Crevel

Coin des Epargnants

 Le CAC 40 a terminé la semaine à 3658 points en baisse de 5 %. Depuis le 1er janvier, la hausse a été ramenée à 0,47 %. Les autres grandes places financières sont également orientées à la baisse du fait du changement de la stratégie économique de la FED. Il en a également résulté une remontée des taux d’intérêt d’Etat. En effet, la FED a laissé planer le doute sur une remise en cause des injections automatique à hauteur de 85 milliards de dollars chaque mois. Le secteur financier a été pénalisé par ce possible changement de stratégie.

 Un G8 sur fond de protectionnisme

 Le G8 2013 ne laissera pas une trace indélébile. L’Europe affaiblie économiquement et par ses divisions ne peut pas contrecarrer des Etats-Unis de plus en plus tournée vers l’Asie. Le sommet avait commencé avec l’opposition française de toute intégration de la culture dans l’accord de libre-échange américano-européen. Il faudra connaître le prix de cette exclusion. Il est probable que la France ait dû faire des concessions dans d’autres domaines. Il faudra également réfléchir sur l’utilité d’exclure la culture et notamment le cinéma du champ des accords commerciaux. La protection est-elle à l’origine du maintien d’un secteur cinématographique ? Rien n’est moins sûr.
 L’Europe est contrairement à une idée reçue très active en matière de dépôts de plaintes pour les échanges internationaux. L’Union européenne et cela souvent à l’initiative de la France utilise de tous les moyens pour entraver certaines importations. Il est faux d’affirmer que l’Europe est une passoire.

 France, chômage baissera ou ne baissera pas

 François Hollande campe sur ses positions en répétant que la courbe du chômage s’infléchira d’ici la fin de l’année. L’Insee a refroidi ses ardeurs en affirmant que la situation de l’emploi continuera à se dégrader jusqu’à la fin de l’année. Le taux de chômage devrait atteindre plus de 10,7 %. D’un côté, le volontarisme politique, de l’autre, la froideur des statistiques, qui l’emportera ? François Hollande est dans son rôle de vouloir conjurer le sort. Certes, avec un taux de croissance qui restera autour de zéro, les destructions d’emploi se poursuivront au second semestre. Néanmoins, le Président dispose de quelques armes dans son sac. La première arme est le recours habituel aux emplois aidés. La montée en puissance des emplois d’avenir devrait commencer à porter ses effets dans les prochains mois. Les collectivités locales sont invitées à lancer au plus vite leur programme de création d’emplois d’avenir. Les pouvoirs publics comptent également sur les départs à la retraite. L’année 2013 devait être un bon cru pour les départs du fait qu’il n’y a pas de nouveau report d’âge légal cette année (le report à 61 ans et 4 mois intervient au 1er janvier 2014) et du fait de l’entrée en vigueur du dispositif de départ à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans. Dans ces conditions, le Président de la République pourrait gagner son match face à l’Insee d’autant plus que l’économie redémarre en Europe du Sud et en particulier en Espagne.
 Il n'en demeure pas moins que certains experts économiques prévoient un taux de chômage à 12 % pour 2014.

L’Espagne et le Portugal sur la voie de la rédemption

 Souvent critiqués, les plans d’assainissement seraient néanmoins en train de porter leurs fruits en Espagne et au Portugal. Après deux ans de récession, l’activité montre des signes de reprise. La réduction du PIB s’est ralentie au premier trimestre 2013. Une confirmation est attendue au cours des deuxième et troisième trimestres. Même si elles se situent toujours en zone de contraction de l’activité. La récession en Espagne et au Portugal résulte pour l’essentiel du resserrement budgétaire. En 2011 et 2012, la réduction cumulée du déficit structurel a atteint 2,0 points en Espagne et 4,6 points au Portugal. Cette réduction a provoqué une diminution de la demande intérieure qui hors stocks a chuté de 8,2% en Espagne et de 14,1% au Portugal du quatrième trimestre 2010 au quatrième trimestre 2012 pour des baisses d’activité respectives de 1,9% et 6,8%. En revanche, Dans les deux pays, la contribution du commerce extérieur a été positive, mais n’ a pas compensée la chute de la demande interne.

 Le plus dur de l’assainissement a été réalisé. Avec le récent délai accordé par la Commission européenne pour réduire leur déficit public, l’effort de consolidation est pour l’Espagne de de 1,1 point en 2013 et 0,8 point en 2014 contre 1,8 point en 2012. Pour le Portugal, le resserrement budgétaire passe de 2,4 points en 2012 à 0,5 point en 2013 et 1,4 point en 2014.
 De ce fait, la demande intérieure sera moins freinée que durant les précédentes années. Le désendettement qui a été opéré ces dernières années s‘atténue.
 En conséquence, la contribution positive du commerce extérieur pourrait rapidement devenir supérieure à celle, négative, de la demande intérieure. Certes, une contraction moins marquée de la demande intérieure s’accompagnera aussi d’une moindre baisse des importations.

 Etats-Unis, comment revenir à la normale ?

 L’économie mondiale, les places financières sont suspendues à la politique monétaire américaine. Après plusieurs années de politiques non conventionnelles, Bernanke entend progressivement revenir à des pratiques orthodoxes. Le problème est que l’économie mondiale se nourrit des abondantes liquidités fournies par les banques centrales. En outre, la remise en cause des instruments non-conventionnels peut conduire à une remontée rapide des taux qui freinerait la croissance et qui pourrait créer un choc obligataire mettant en danger la sphère financière. De ce fait, le Président de la FED marche sur des œufs. Il prépare les institutionnels à une inflexion en laissant entendre que les actions quantitatives pourraient s’arrêter avant même le retour du chômage dans la cible des 6,5 %.

 Russie, centre du monde de la réflexion économique

 Le Forum mondial de Saint Petersburg s’est tenu les 20 et 21 juin en présence de Vladimir Poutine. Angela Merkel qui venait de recevoir le Président américain y était également prouvant que l’Allemagne entend jouer un rôle clef dans la croissance de l’Europe orientale et de la Russie. Les autorités françaises étaient représentées par Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur. Ce forum mondial se veut être un pont entre l’Asie et l’Europe.
 Figurait parmi les très nombreux thèmes de ce forum, la retraite et les solutions pour endiguer les conséquences financières du vieillissement. Les participants ont prôné le développement de l’épargne retraite avec une gestion active. De même pour la répartition, le système suédois a été plébiscité.

 A suivre

 Lundi 24 juin, il faudra suivre l'enquête IFO allemand du mois de juin. En mai, cet indice avait progressé de plus d’un point à 105,7. En juin, les inondations pourraient peser sur cet indice.

 Mardi est attendu les enquêtes de l’INSEE sur le climat des affaires du mois de juin.
L'indicateur synthétique du climat des affaires de l'INSEE est attendu en hausse en juin, soutenu par un rebond dans les services et la poursuite probable de l'amélioration dans l'industrie.

 Jeudi sera publié pour la zone euro, l’indice du climat économique du mois de juin. Il avait progressé d’environ un point en mai, à 89,4. Une hausse est attendue pour juin.
 Toujours, jeudi, en Allemagne sera publiée l’enquête emploi du mois de juin. En mai, le chômage avait augmenté de 21 000. En juin, les conditions sur le marché du travail devraient demeurer tendues et le taux de chômage inchangé à 6,9%.

Vendredi, au Japon sera publiée la production industrielle du mois de mai. La production industrielle devrait avoir faiblement augmenté en mai (0,2% m/m), soutenue par l’affaiblissement du yen et la politique économique expansionniste du gouvernement Abe. Toujours au Japon, le rapport emploi du mois de mai sera présenté ainsi que le taux d’inflation.

 En France, il faudra suivre les dépenses de consommation en biens des ménages du mois de mai. Malheureusement, une nouvelle baisse est attendue avec une contraction des achats vestimentaires et automobiles

Régime unique par points : pourquoi les gouvernements refusent l'obstacle ?


Le Gouvernement semble avoir oublié une des promesses du candidat François Hollande de créer un grand régime unique par points. Aujourd'hui, cette idée est défendue par François Bayrou, Sur ce sujet, Philippe Crevel a été interrogé par la rédaction d'Atlantico.fr 

Lire l'interview

Livret A : une nouvelle baisse du rendement attendue ?


Le taux du Livret A et du LDD devrait connaître une nouvelle baisse au premier août. En effet, il est fort probable que le Gouverneur de la Banque de France propose une diminution du taux afin de tenir compte de celle de l'inflation. Pour élaborer sa proposition de taux, le Gouverneur de la Banque de France se réfère soit aux taux du marché monétaire soit au taux d'inflation (le taux du Livret A doit être au moins de 0,25 point). Le taux d'inflation étant revenu à 0,8 point, le taux du Livret A pourrait être ramené autour de 1,25 point, soit le taux atteint en 2009 durant la récession. Ce taux est également le plus bas de son histoire.

Le Gouvernement qui entend favoriser la consommation pourrait être incité à suivre les recommandations du Gouverneur de la Banque de France. Evidemment, la baisse du taux du Livret A est toujours une mesure impopulaire surtout à proximité des élections municipales. Les arguments économiques sont de peu de poids par rapport au ressenti. Le fait que le rendement réel n'évolue qu'à la marge du fait de la diminution de l'inflation ne saurait corriger l'impression que le rendement facial diminue. De toute façon, le rendement du Livret A avant ou après l'éventuelle baisse de son rendement est faible. Aujourd'hui, pour 100 euros placés sur un an, e Livret A rapporte 1 euro 75. Après prise en compte de l'inflation, le rendement réel est de 0,95 euros. Avec un taux à 1,25 %, le rendement réel passerait à 0,45 euros toujours pour 100 euros placé. Il faut souligner que le titulaire du Livret A perdait de l'argent dans les années soixante-dix ou dans les années quatre-vingt quand l'inflation était de plus de 10 % et que le rendement du Livret A variait entre 6 et 7 %.

vendredi 21 juin 2013

Tassement de la collecte du Livret A et du LDD


mois d'avril. La collecte de mai est en règle générale faible. Elle était de 0,54 milliards d'euros au mois de mai 2012. Ce niveau de collecte est le plus bas enregistré depuis celui du mois de septembre (0,19 milliard d'euros). Depuis le début de l'année, la collecte nette s'élève à 21,09 milliards d'euros soit près de deux fois plus par rapport aux cinq premiers mois de 2012 (12 milliards d'euros) témoignant néanmoins de la volonté des Français de conserver un fort volant d’épargne de précaution. Si les Français épargnent moins, il n’y a pas de processus de désépargne pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat. Ce tassement intervient sur fond de récession et de stagnation des salaires. Les Français dépensent au mois de mai en vue de leurs vacances et ont donc moins de disponibilités pour épargner. Il faut noter également que le moi de mai est marqué par le paiement du deuxième tiers prévisionnel. La collecte nette du Livret A a été de 0,29 milliard d'euros et celle du LDD de 0,14 milliard d'euros contre respectivement 3,05 et 1,56 au mois d'avril. L'encours des deux produits a atteint 363,7 milliards d'euros contre 363,3 milliards d'euros au mois de mai, l'encours du Livret A étant de 264,9 milliards d'euros et celui du LDD de 98,8 milliards d'euros.

mercredi 19 juin 2013

Les voies de la croissance en Corse


La Corse a ses dernières années enregistré une croissance supérieure à celle des autres régions française, 2,5 % de 1990 à 2010 contre 1,1 % pour l’ensemble de la France. Ce surcroît de croissance repose sur quatre grandes raisons :

Ø     La faible dépendance au secteur industriel qui est confronté à une lourde contraction sur le continent
Ø     Le Plan d’Equipement et d’Investissement qui a généré une augmentation de l’activité en particulier dans le BTP (plus de 900 millions d’euros engagés de 2002 à 2010)
Ø     Le secteur touristique et résidentiel
Ø     L’augmentation des transferts financiers de la part des particuliers du fait de l’augmentation du nombre de retraités ainsi que de celle de la population

Certains de ces facteurs sont relativement déconnectés des cycles conjoncturels, expliquant la bonne résistance de la Corse en 2009. En revanche, ces facteurs n’empêchent pas une contraction de l’activité depuis 2012. La fin du programme d’investissement et les anticipations négatives sur l’immobilier peuvent peser sur le taux de croissance. A moyen terme, les transferts publics sous forme de subventions et de d’emplois publics ont vocation à se contracter en raison de la nécessité d’améliorer le solde public.

L’évolution de l’activité touristique est plus délicate à prévoir. Les problèmes politiques dans le Nord de l’Afrique devraient inciter à certains nombres de touristes d’opter pour des destinations occidentales. En revanche, la stagnation des revenus voire les baisses du pouvoir d’achat joueraient défavorablement.

I.        UN NOUVEAU CONTEXTE ECONOMIQUE ET FINANCIER

1.     Une période d’ajustement économique

La crise de 2009 et celle de 2011 pour la zone euro marquent une rupture avec la période précédente d’endettement croissant. La France comme tous les pays de l’OCDE pour contrecarrer la baisse tendancielle de la croissance ont eu recours à un endettement que ce soit public ou privé.

La sortie d’une crise financière exige du temps. Il faut à la fois opérer un processus de désendettement et restaurer la confiance. De nombreux experts estiment que la croissance potentielle de l’Europe est entamée jusqu’à la fin de la décennie. La croissance de la France pourrait se situer entre 0 et 1 % en moyenne annuelle.

L’ajustement budgétaire en cours devrait entraîner un repli de l’Etat et une remise en cause des dotations aux collectivités locales. De même, les transferts sociaux devraient sur moyenne période reculer. Les dépenses sociales représentent, en France, le tiers du PIB et concourent à l’activité de nombreuses régions.

Il faut souligner que ces dix dernières années, ce sont les régions ou les territoires qui ont bénéficié le plus des transferts sociaux et des créations de postes publics qui ont obtenu les plus forts taux de croissance. La remise en cause des politiques publiques devrait changer la donne. Les collectivités locales qui ont été créateurs d’emplois devraient ne plus jouer un rôle aussi actif à la fois en raison de la stagnation voire la diminution des subventions et du niveau élevé des prélèvements.

La croissance des territoires dans les prochaines années sera moins alimentée par l’argent public. Elle dépendra davantage du potentiel intrinsèque des territoires. La diversification des activités et des facteurs de richesses sera primordial pour éviter de subir la conjoncture. La question du financement de l’investissement sera primordiale.

2.     Les conséquences pour la Corse

La Corse, du fait de son activité fortement tertiaire et de l’importance des transferts sociaux (retraite), n’a pas subi de récession en 2008/2009. Néanmoins, sa croissance s’est ralentie avec le fléchissement du tourisme.

Depuis 2012, l’activité corse est en décroissance avec un chômage en augmentation. Ce dernier tend à se rapprocher de la moyenne nationale. Du fait de la structure de la population démographique de l’ile, ce sont les seniors qui en sont le plus victimes.

La résilience de la Corse face à la crise s’explique par l’importance du tertiaire non marchant qui assure 32 % de la valeur ajoutée de la région pour une moyenne nationale, en 2011, de 22,7 %. La Corse est la première région pour le poids du tertiaire non marchand devant la région Limousin.

Le ralentissement prévisible des plans d’investissement publics et de la création d’emplois publics devrait se faire ressentir sur le secteur des TP. Il est également probable qu’un ralentissement de la construction de logements devrait intervenir pour des raisons de prix et de déficit de terrains constructibles. La densification de l’habitat devrait aboutir à évolution du marché vers les immeubles collectifs.

Si l’activité touristique reste médiocre du fait de la persistance de la crise dans l’Europe du sud, les tensions sociales et politiques pourraient se renforcer.


II.      LA DEMOGRAPHIE, UNE CONTRAINTE QUI EST UN ATOUT

1.     L’augmentation de la population

Une croissance de la population est une source de croissance potentielle. C’est à ce titre que la croissance potentielle de la France est supérieure à celle de l’Italie. Ce qui vaut pour les Etats s’applique également aux régions. L’accroissement de population nécessite la réalisation d’investissement et génère un flux supplémentaire de consommation. L’afflux de touristes obéit aux mêmes principes.

Ce qui a le plus fort impact pour la croissance, c’est l’augmentation de la population active du fait que la formation a été financée à l’extérieur et qu’elle génère un accroissement de richesses nettes. L’arrivée de retraités a un moindre impact économique du fait qu’il s’agit d’un transfert financier sans contrepartie directe en matière de création de richesses.

La population corse progresse deux fois plus vite que la moyenne nationale. Le taux d’augmentation annuelle est de 1,2 % contre 0,5 % pour la France de 2006 à 2012. De 1999 à 2006, le taux annuel de progression était de 1,8 % contre 0,7 % pour l’ensemble de la France. Certes, ce flux est gonflé (environ 20 %) par le résidentiel mais il n’en demeure pas moins que la Corse profite d’un accroissement démographique relativement fort par rapport à son histoire récente.

Cette augmentation est imputable aux flux migratoires. Le solde des entrées/sorties explique la totalité de la progression quand le solde lié au mouvement naturel (naissances-décès) est nul. L’ensemble de la France se situe dans une situation opposée.

La progression devrait se ralentir du fait du vieillissement global qui devrait aboutir à un solde naturel négatif. En revanche, les flux migratoires devraient rester positifs. D’ici 2040, le taux de progression devrait se situer entre 0,5 et 0,8 % par an.

La population base INSEE de la Corse est de 309 623 au 1er janvier 2013. En vingt ans, la population s’est accrue de 50 000. Un point bas au niveau de la population avait été atteint en 1982 à 240 000. Compte tenu du taux de croissance prévisionnel, la population corse devrait atteindre 350 000 en 2040.

2.     L’augmentation du nombre de retraités et des transferts financiers associés

La Corse du fait de structure démographique et de l’accueil de nombreux retraités est et sera confrontée à un fort vieillissement. Les plus de 60 ans représentent 26 % de la population corse quand ils représentent 22 % pour l’ensemble de la France. Les moins de 20 ans pèsent 21 % en Corse contre 24,6 % sur l’ensemble du territoire.

En 2040, une personne sur trois aura plus de 65 ans en Corse contre une sur cinq actuellement. Cette population sera multipliée par un peu moins de deux. L’âge moyen de la population sera de 49 ans soit cinq ans de plus que la moyenne nationale. Au niveau du flux migratoire, les retraités représenteront une part croissante, plus de 30 % en 2040. La Corse restera dans les régions les plus âgées de France.






Des transferts financiers importants

Une proportion importante de retraités garantit un montant des revenus du fait des pensions versées. Même si une érosion des pensions est à attendre en raison des problèmes de financement, néanmoins, elles sont moins tributaires de la conjoncture que les salaires ou les rémunérations des dirigeants d’entreprise.

L’impact de l’implantation de nombreux retraités

L’implantation de nouveaux retraités génère une série de dépenses : investissement avec l’achat ou la construction de logements, consommation de services de proximité et consommation courante.

Certes, la propension à consommer d’un retraité est moindre qu’un actif mais est plus générateur d’emploi avec un recours plus important aux services.

Par ailleurs, le retraité est jusqu’à l’âge de 75 ans un épargnant. La désépargne commence au-delà de 75 ans pour faire face à des dépenses de santé (dépendance) et du fait de l’anticipation des successions (donations).

De ce fait, il est important de pouvoir capter une partie de l’épargne pour financer de l’investissement. Mais, les retraités sont en règle générale peu portés sur le risque et cherchent des placements surs à faible rentabilité.


III.    LE TOURISME, UN SECTEUR CLEF MAIS FRAGILE ET PEU STRUCTURANT SUR MOYENNE PERIODE

1.      Les flux touristiques de plus importants à l’échelle mondiale

A l’échelle mondiale, le tourisme devrait, dans les prochaines années, continuer de progresser à forte vitesse du fait de l’accession aux classes moyennes d’un nombre grandissant d’habitants. Aujourd’hui, près d’un milliard d’habitants appartiennent sur une population totale de 7 milliards. Ce nombre devrait atteindre, compte tenu des taux de croissance au sein des pays émergents, 3 milliards d’habitants autour de 2030.

En 2011, 980 millions de touristes ont franchi une frontière internationale. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, ce chiffre devrait être de 1,8 milliard en 2030. Le tourisme international représente 30 % des exportations mondiales de service. Ce secteur d’activité est un des plus dynamiques avec un taux de croissance supérieur à 4 % l’an.

2.      Le tourisme étranger en France a atteint un sommet

La France avec 80 millions de touristes étrangers est la première destination mondiale. Le nombre de nuitées effectuées par des touristes étrangers a été, en 2011 de 580 millions et le nombre d’excursionnistes étrangers a été de 118 millions.


L’activité touristique connait de brutales fluctuations liées à des circonstances politiques (Maghreb), géopolitiques (terrorisme), naturelles (tempêtes, tremblement de terre), économiques (prix des transports, pouvoir d’achat, crise en Italie…).

La France bénéficie de nombreux atouts : diversité géographique et culturelle, stabilité politique, positionnement central à l’échelle mondiale, climat, faibles risques naturels, infrastructures, …

De ce fait, le potentiel touristique français devrait rester important avec une obligation d’améliorer le montant des dépenses réalisées par les touristes sur le territoire ce qui suppose de développer des activités marchandes de bon niveau.

Le tourisme est très sensible aux fluctuations conjoncturelles, politiques ou liées à des aléas naturels ou météorologiques.

La France dispose d’un potentiel touristique hors de commun mais des limites physiques à l’accueil des touristes peuvent se poser. La saturation des moyens de transports et de certains sites peuvent avoir des effets contreproductifs d’où la nécessité de se positionner sur du tourisme premium à meilleure valeur ajoutée.

3.      Le tourisme en Corse, une forte progression arrêtée par la crise

Environ 3 millions de touristes viennent en Corse dont les trois quarts sont français. Le secteur emploie un cinquième de la population active. Au niveau de la fréquentation des aéroports et des ports, 7,5 millions de passagers sont enregistrés. De 2005 à 2010, le nombre de voyageurs accueillis en Corse a progressé de 26 %. Du fait de la stagnation ces dernières années des nuitées, le tourisme résidentiel a profité de cette augmentation.

La fréquentation touristique est concentrée sur quatre mois de juin à septembre avec des taux d’occupation autour de 80 % pour les autres mois se situer en moyenne à 30 %. Le tourisme est également concentré géographiquement entre la Balagne et le Sud de l’Ile.

Le secteur touristique en Corse porte 18 000 emplois correspondant à 7200 postes à plein temps soit 12 % des emplois à plein temps de l’ile. L’emploi touristique a augmenté d’un tiers de 2005 à 2010. L’hébergement et la restauration concentrent 71 % des emplois. 54 % des emplois dans la restauration sont liés au tourisme et 20 % pour le commerce. Plus de la moitié des emplois dans le tourisme sont saisonniers. 75 % des emplois n’exigent pas de qualification. 14 000 emplois saisonniers sont créés chaque année.

Sur la saison 2012, de mai à septembre, le nombre de nuitées a été de 2,2 millions pour les touristes français et 1,3 millions de nuitées pour les touristes étrangers, essentiellement Allemands, Italiens, Benelux et Suisse.

En 2012, il a été noté une réduction du nombre de nuitées par séjour et une baisse du panier de dépenses par estivant. La baisse des nuitées a été de 0,7 % en 2012 après -4,2 % en 2011. Ce sont les hôtels qui sont les plus touchés avec une baisse de la fréquentation de 2 %. Ce sont les établissements haut de gamme, hôtels et campings, qui arrivent à obtenir les meilleurs taux d’occupation. Le repli de la clientèle française au profit d’une clientèle d’origine étrangère explique sans nul doute ce résultat.

Pour 2013, aucune amélioration n’est attendue du fait de la crise en Italie. Néanmoins, un surcroît de touristes en provenance de l’Allemagne est espéré.

4.      La problématique de l’activité touristique

L’apport économique du tourisme est un sujet qui fait débat. Ce secteur procure une rente mais est peu structurant. Il génère des effets inflationnistes et des bulles spéculatives. Il détourne une partie du capital au profit d’un secteur à faibles gains de productivité.  Mais, le tourisme permet un transfert de revenus, des touristes au profit des différentes activités corses.

Le tourisme est consommateur d’emplois à faible valeur ajoutée et de ce fait moyennement rémunérateur. Il n’offre pas en outre des emplois sur l’ensemble de l’année. Il n’incite pas les jeunes à obtenir des une formation supérieure par l’illusion monétaire qu’offrent quelques mois de travail l’été.

L’étalement de la saison touristique qui logiquement repose sur le développement du tourisme d’affaires a comme limite la réduction des budgets des entreprises pour les évènementiels et le coût des transports. Par ailleurs, sur les mois d’hiver et d’entre saison, la Corse est concurrencée par des régions plus exotiques.

Néanmoins, l’étalement de la saison peut également reposer sur le tourisme des seniors moins sujets aux fluctuations de l’économie et par la recherche de nouveaux clients au-delà des frontières actuelles ce qui suppose une conquête de marchés à l’international (touristes des pays émergents).

Le tourisme doit intégrer une vocation culturelle et historique. Les succès des musées Pompidou à Metz ou du Louvre à Lens tout comme ceux des années de la culture à Lille ou à Marseille témoignent de la vitalité du tourisme culturel en relation avec le vieillissement des touristes. Ce tourisme offre l’avantage d’être moins dépendant des saisons estivales.

Il faut également citer le cas de La Vendée avec le Puy du Fou ou le développement du tourisme vert dans plusieurs territoires français dont en Corrèze.  

La création d’évènements nationaux ou internationaux (festival) deviennent de plus en plus importante pour suppléer la faiblesse du tourisme d’affaires (séminaires…).

5.      La problématique du développement du résidentiel

En parallèle avec l’activité touristique classique (hôtel et camping) s’est développée une activité d’implantation résidentielle.

Cette activité est multiforme. Elle comprend des résidences secondaires, des logements destinés à la location saisonnière, des logements occupés par des retraités en provenance du continent (originaire ou non de Corse) et des logements à usage pluriel (résidence principale ou secondaire +location).

Ce secteur a contribué à la forte activité du bâtiment ces dernières années. Par l’accroissement de population qu’il génère, il favorise la croissance des commerces et des services à la personne.

Moins saisonnière que l’activité touristique, ce secteur est plus structurant que le tourisme même si son impact économique est plus diffus. Il favorise l’ouverture des commerces au-delà de la pleine saison touristique. Il nécessite le développement de filières de services à la personne en particulier dans le domaine de la santé.

En revanche, il est comme pour l’activité touristique peu génératrice de gains de productivité et contribue à l’appréciation des prix de l’immobilier et le renchérissement des coûts du bâtiment. Il entraîne des problèmes de logements pour les insulaires dont les revenus sont plus faibles en moyenne que sur le continent en raison de la faiblesse des secteurs à forte valeur ajoutée. Son développement accentue les déséquilibres entre les cotes et l’intérieur de l’ile.

La multiplication des logements à vocation touristique pourrait déboucher à une spéculation et à une saturation sur le modèle espagnol.

En renchérissant le coût du foncier et en générant des hausses dans les coûts de construction, le développement résidentiel mobilise une part non négligeable des capacités disponibles d’investissement. Ce raisonnement a comme limite que si les investissements immobiliers ne sont pas réalisés, il n’est en aucun cas certain que l’argent disponible reste ou arrive en Corse.

La croissance de ce secteur d’activité n’en demeure pas moins créatrice de richesse par les flux financiers (les non-résidents corses et les retraités transfèrent des revenus en provenance du continent au profit des résidents corses).

Le marché de l’immobilier évolue en Corse depuis deux ans avec une croissance plus forte des logements collectifs au détriment des résidences individuelles. En 2012, il a été enregistré un recul de 32 % des logements neufs mis en vente et une baisse de 27,5 % des logements vendus. Le stock de logements disponibles s’accroit pour atteindre en fin d’année 1640.

Le secteur de la construction pèse plus en Corse que pour la France, 11 % de la valeur ajoutée contre 6 %. La région Corse détient même la première position ; les autres régions touristiques se situent entre 7 et 8 %. Cette importance est imputable à la faiblesse de l’industrie qui valorise d’autant la filière construction.

La filière de la construction est peu structurante ; la faible taille du marché freine la création ou l’installation de sous-traitants. De ce fait, la grande majorité des composants et pièces nécessaires à la construction est importée du continent. Une spécialisation sur des activités liées aux spécificités de l’ile (ensoleillement, énergie renouvelable etc.).

Il est certain que le tourisme et le secteur résidentiel ont favorisé un flux de capitaux positifs et des flux récurrents de revenus. Ils ont été des moteurs importants de la croissance.

En revanche, ces activités mobilisent un fort volume de capitaux pour un rendement moyen. Elles entraînent une spécialisation de la Corse et donc une dépendance. En cas de retournement du marché immobilier ou de crise du tourisme, l’impact sera relativement fort simplement compensé par les transferts non marchands.

IV.  LES AUTRES VOIES DE LA CROISSANCE

Une règle en économie

Pour la croissance, l’objectif n’est pas d’être le meilleur dans un domaine particulier mais de se spécialiser dans les domaines où on est le moins mauvais (théorie des avantages comparatifs).

La croissance repose, par ailleurs, sur les facteurs travail et capital ainsi que sur le progrès technique. Du fait du vieillissement de la population, même si aujourd’hui le chômage concerne plus de 10 % de la population active, le facteur travail risque d’être à terme rare d’autant plus que les activités de service en sont fortement consommatrice.

Le capital est relativement abondant mais son allocation n’est pas optimale avec une surreprésentation de l’immobilier.

Dans les prochaines années, la composante « progrès technique » sera incontournable. Les territoires pouvant générer de nouvelles activités ou du trafic commercial seront gagnants.

Un territoire pour rencontrer la croissance doit se trouver sur des axes de communication : ports, routes, croisements… Depuis les phéniciens, il s’agit d’une constante. 

1.     Une valorisation des voies de communication au sens large du terme

La Corse bénéficie d’atouts non négligeables avec deux ports de bonnes capacités, un plus axé sur les croisières ; l’autre sur le transport de marchandises et de quatre aéroports.

Au-delà des aéroports et ports, ce qui compte aujourd’hui, c’est la logistique. Le développement du commerce sur Internet impose un suivi permanent des marchandises, supervision qui s’effectue à distance et peut être localisée à des endroits stratégiques ou offrant une qualité de vie.

La création de zones économiques autour des aéroports en particulier ceux d’Ajaccio et de Bastia en relation avec l’agro-alimentaire pourrait constituer une voie.

Parmi les tendances possibles de ces prochaines années, une régionalisation des échanges est à prendre en compte permettant une meilleure valorisation des produits locaux.

Le déploiement de la fibre optique à très haut débit pourrait inciter des acteurs du numérique à s’implanter en Corse (Datacenter, créations logiciels, création 3D…). A cet effet, la création d’une filière de formation serait nécessaire.

Pour générer une croissance potentielle supérieure, il est important également de disposer de centres de formation. Il ne s’agit pas obligatoirement de centres de recherche mais de centres servant de base à la valorisation de filières (agricoles, touristiques, logistiques…).

La croissance repose sur les échanges d’où l’importance de favoriser la réalisation de pôles de transports combinés (ports et aéroports). Dans les faits, ce sont les ports qui sont plus structurants même si en France on a privilégié les modes de transports terrestres.

La croissance suppose à la fois une mobilité interne et externe à la Corse.

Des partenariats entre universités et établissement d’enseignement sont importants afin de favoriser les flux d’étudiants. Il est aussi important de pouvoir générer des emplois à forte valeur ajoutée pour exploiter les potentiels des étudiants formés en Corse et attirés ceux qui ont été formés sur le continent.

2.     L’illusion ou l’avenir industriel

L’industrie par les gains de productivité est considérée comme un vecteur important de croissance.

En revanche, ce secteur nécessite des apports en capitaux importants et est soumis à une forte concurrence internationale. Du fait de la faiblesse du marché intérieur, de l’absence d’énergie à bas coût et d’un manque de capital, l’industrie s’est faiblement développée en Corse comme dans les autres iles.

La tentation de développer un secteur industriel est forte afin d’améliorer le contenu de ses échanges extérieurs, de créer des emplois mieux valorisés et d’améliorer le contenu en croissance.

Au moment où la France est en pleine désindustrialisation et que la mondialisation aboutit à une spécialisation industrielle au sein des pays émergents, il apparaît difficile de mener un processus d’industrialisation en Corse.

L’industrialisation suppose d’avoir des avantages comparatifs forts soit au niveau capitalistique, soit au niveau énergétique, soit au niveau des compétences techniques.

L’ère des grandes chaines industrielles est peut-être en voie de s’achever. Des ruptures technologiques peuvent, en effet, changer la donne.

Exemple : le développement des imprimantes 3D devrait permettre la production de biens industriels au niveau local. Il est déjà possible de produire des objets via des imprimantes multicouches et via des plans envoyés par Internet. Ce nouveau de mode de production change les circuits de commercialisation.

Des ruptures dans le secteur énergétique peuvent donner un avantage comparatif important à de nouveaux territoires. Ex

L’industrie, en Corse, représente 5,4 % de la valeur ajoutée contre 12 % pour l’ensemble de la France.

3.     La valorisation de la filière agricole

Du fait du nombre réduit d’exploitants et des surfaces limitées, la filière agricole et agro-alimentaire doit viser des marchés de niche et premium hors consommation locale.

L’industrie agro-alimentaire est faiblement concentrée. 645 structures appartiennent à ce secteur avec une forte présence logique de boulangeries (345). Il y a 58 fabriques de produits de boulangerie et de pates hors boulangerie, 57 charcuteries, 33 établissement spécialisés dans la transformation des viandes (hors charcuterie), 33 entreprises en produits laitiers, 27 entreprises dans les boissons et 15 spécialisées dans la transformation et la conservation des fruits. Ce secteur enregistre une faible croissance au niveau de la création d’entreprises mais elles sont plus pérennes que dans les autres secteurs. Du fait de l’éclatement du secteur et de la petite taille des entreprises, les ventes au-delà de l’Ile et encore plus en termes d’exportations sont très limitées. Les exportations représentent 2 % du chiffre d’affaires contre 11 % en moyenne nationale.

Néanmoins, selon une étude INSEE, les entreprises de la filière arrivent à dégager des marges supérieures à la moyenne de l’Ile

Agen qui est une agglomération de 80 000 habitants est coincé entre Toulouse et Bordeaux et a enregistré de nombreuses décennies de déclin. Depuis quelques années, les pouvoirs publics locaux ont misé sur leur filière agricole pour régénérer le tissu productif. Ils ont créé Agropole avec des centres de recherche et des processus de labellisation. Ils ont accueilli des PME spécialisées sur le secteur agro-alimentaire.

4.     La valorisation de la filière nautique

La Vendée a réussi à connaître un fort développement depuis plus de 20 ans grâce à une montée en gamme de son secteur touristique et à un afflux de visiteurs avec le Puy du Fou mais aussi grâce à la croissance de son secteur nautique positionné sur le haut de la gamme moyenne. Ce succès repose sur la création d’un réseau très fort d’entrepreneurs et d’investisseurs locaux qui ont joué pleinement les complémentarités.

Le développement du nautisme suppose la mise sur pied de chantiers pour entretenir, réparer les bateaux et voiliers. Cette activité est assez structurante du fait du nombre important de corps de métier qui interviennent.


5.     Les services, un fort potentiel à valoriser dans le premium

Avec une population en augmentation et du fait de l’évolution naturelle des sociétés avancées, le secteur tertiaire marchand constitue la voie normale de croissance.

Les services sont en soi peu générateurs de croissance sauf s’ils sont attachés à des activités à forte valeur ajoutée. Si le secteur tertiaire classique est pourvoyeur d’emplois sous-qualifiés, il peut être créateur d’emplois plus haut de gamme.

Il est fort probable que les services liés à la santé seront créateurs d’emploi dans les prochaines années avec néanmoins un problème de solvabilité de la demande. De même, pour les personnes dépendantes, les questions de financement pourraient freiner le développement des services attachés.

Le secteur du commerce devrait s’accroître avec l’augmentation de la population et le maintien du secteur touristique.


La clef du développement est la multiplication des services aux entreprises qui avec Internet peuvent s’affranchir de la contrainte de l’éloignement. Pour fortifier ce développement, la création d’instituts technologiques serait utile. Pour générer un phénomène d’amorçage, l’arrivée d’une entreprise phare serait évidemment un plus.