mardi 11 septembre 2012

Pour en finir avec la politique de la demande


Face au ralentissement économique, des économistes et des politiques enjoignent le Gouvernement français de relâcher du lest. Le mythe des plans de relance est tenace. Nous sommes drogués, depuis des décennies, au keynésianisme et même devant les preuves d’inefficacité du remède, nous continuons à l’exiger.

Si nous sommes confrontés à un mur de dettes, c’est bien en raison de l’accumulation de plans de soutien à la consommation pris depuis le premier choc pétrolier. Pour contrer la récession de 2009, tous les gouvernements ont décidé d’accroître de manière importante leur déficit public. Cette politique a calmé le malade sans le guérir. A force de trouver des bouc-émissaires, nous avons négligé d’étudier le vrai responsable de la crise qui nous mine depuis plusieurs années. Ce ne sont pas les banquiers et les traders qui sont à l’origine de la crise, ils ont pu en accélérer sa propagation mais certainement pas la provoquer. La crise trouve, en effet, son fondement dans la baisse de la croissance de la productivité des facteurs de production. Cette baisse est plus forte en Europe qu’aux Etats-Unis et plus prononcée en Europe du Sud qu’en Europe du Nord.

Pour contrer cet affaiblissement du progrès technique, nous avons eu recours à l’endettement et à l’importation des produits à bas coûts en provenance des pays émergents. Nous avons fait semblants d’ignorer que le moteur de la croissance était en panne.

L’endettement n’est pas en soi critiquable à la condition qu’il génère un gain supérieur à son coût. Or, nous avons emprunté essentiellement pour financer des dépenses de consommation et non des dépenses d’investissement.

Du fait de nos pertes de compétitivité liés à des coûts croissants et à un mauvais positionnement, la demande gonflée artificiellement a nourri un flux croissant d’importations. Notre balance commerciale qui était excédentaire au début du siècle est devenue déficitaire pour plus de 70 milliards d’euros en 2011. Tout accroissement de la demande ne favorise que l’emploi extérieur et contribue à affaiblir un peu plus la France par l’augmentation du déficit commercial qui doit être financé.

Aujourd’hui, nous vivons 15 % au-dessus de notre état de richesse réelle. Il faut soit hausser notre niveau de création de richesses soit abaisser notre niveau de consommation. Les politiques mises en œuvre au sein de l’Union européenne visent à procéder à cet ajustement en réduisant les coûts salariaux au sein des pays déficitaires et en minorant ainsi le pouvoir de consommation. Le relèvement des impôts a ainsi deux objectifs, réduire le déficit et freiner la consommation.

Cette politique d’assainissement est par nature violente et a pour conséquence une aggravation sensible du chômage. Ce n’est pas en demandant une pause que nous arriverons à nous sortir de la spirale du déclin qui nous guette. Tout relâchement ne risquerait que de rendre plus coûteux l’ajustement à réaliser.

En revanche, il faut s’interroger sur la politique d’accompagnement à mener pour renforcer l’offre productive. La bataille de sauvetage de l’Europe passe par le développement d’une économie compétitive positionnée sur le haut de gamme. Cela exige une reprise de l’investissement et surtout de l’innovation. Les entreprises devraient être fortement incitées à investir et à consacrer une part plus importante de leurs bénéfices à la recherche. Il faudrait, par ailleurs, que l’Europe soit moteur en la matière. Le message européen ne peut pas se résumer au mot de rigueur. Il doit comporter un volet plus positif, axé sur l’avenir. L’Europe devrait engager un plan de recherche sur les nouvelles technologies, sur l’énergie, sur le cancer ou les maladies liées à l’âge… L’Europe devrait également soutenir l’activité en ayant une politique dynamique en faveur des réseaux de communication et en faveur de l’éducation.

La politique d’assainissement ne saurait suffire mais le compagnon de route n’est pas à trouver du côté de la demande mais du côté de l’offre. Nous ne sommes pas confrontés à un manque de demande mais bien à un problème de capacités compétitives. L’avenir de la zone euro dépend de la faculté des uns et des autres à améliorer l’offre compétitive.

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