vendredi 26 août 2011

ARGENT - L'analyse de Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Épargnants, sur les bons investissements du moment...

Après l'annonce du plan fiscal du Premier Ministre et après la forte baisse des actions au mois d'août, Phillipe Crevel a été interviewé par Thibaut Schepman de 20 Minutes.fr afin de faire le point sur les placements financiers. Philippe Crevel a indiqué que «c'est le moment de saisir les opportunités, en restant prudent, c'est-à-dire en vendant dès que l'on a gagné de l'argent».

Lire l'interview

En quelques jours se sont enchaînés un krach boursier et un changement de fiscalité sur certains placements, le tout dans un contexte de ralentissement du marché immobilier. N’y a-t-il plus que le Livret A de sûr pour épargner?

Tout dépend de votre appétence au risque. Mais dans un tel climat, beaucoup ont effectivement tendance à se réfugier sur un produit comme le Livret A, avec un rendement correct mais très sécurisé. Dans un cas d’épargne de précaution, c’est parfait aujourd’hui. Par contre, si vous épargnez pour investir à moyen terme, ce n’est clairement pas suffisant puisque le taux du Livret est de 2,25%, soit à peine plus que l’inflation, ce qui n’est pas très rémunérateur.

Quels sont vos conseils pour placer son argent à plus long terme?

Il faut accepter un peu de risque mais je pense au marché d’actions. Difficile aujourd’hui de dire si le krach est passé, mais ce qui est sûr c’est que nous avons atteint un plancher. Les valorisations des entreprises sont largement en deçà de leurs résultats économiques, car les investisseurs craignent une récession. Or, en Bourse, il ne faut agir à contretemps: ne pas attendre que les cours soient hauts pour acheter ou qu’ils soient bas pour vendre. Pour moi c’est le moment de saisir les opportunités, en restant prudent, c’est-à-dire en vendant dès que l’on a gagné de l’argent, par exemple quand l’action a augmenté de 10% ou 20%. On peut également ouvrir une assurance-vie avec une partie en fonds euros et une autre avec des unités de compte en actions.

Si l’on suit ces principes, c’est le moment de vendre de l’or?

Oui. Je conseille à ceux qui ont de l’or, et surtout ceux qui ont acheté cher il y a peu de temps, de vendre pour prendre une plus-value. Il y a toujours le risque de voir le cours grimper et d’avoir des regrets mais il ne faut pas garder trop longtemps de l’or à ce cours très élevé de 1.900 dollars l’once. Je rappelle juste que l’once a stagné pendant 25 ans à 800 dollars avant de grimper ces dernières années. Un long retour à ce plancher n’est pas exclu.

Vous ne parlez pas de l’immobilier, alors qu’il était un placement privilégié ces dernières années. Ce n’est plus un investissement rentable, selon vous?

L’immobilier a comme chacun sait beaucoup grimpé ces dernières années. Il y a aujourd’hui un ticket d’entrée très élevé sur ce marché, avec un risque non négligeable de ralentissement du marché. La preuve: on recommence à voir des panneaux « A vendre » même dans Paris intra-muros. Pour moi, les potentiels de gain sont derrière nous. Par ailleurs, même l’investissement locatif me semble avoir une rentabilité faible, d’autant plus que les aides gouvernementales pourraient êtres restreintes. Pour conclure, je pense que le seul investissement locatif intéressant aujourd’hui est l’investissement touristique. Cela permet de louer en saison sur des courtes durées comme complément de revenus, tout en finançant un lieu de vacances familiales.

dimanche 21 août 2011

Les eurobonds en question

Depuis plusieurs semaines, la question de l'éventuelle création des eurobonds hante le débat public. François Fillon vient de jeter une pierre dans le jardin des partisans des eurobonds. Il a souligné que sa création pourrait entraîner la perte du triple A pour la France et donc un relèvement des taux d'intérêt.

La création des eurobonds rencontre, aujourd'hui, l'hostilité des Allemands qui n'ont pas envi d'entamer leur crédit pour des Etats mal gérés. Leur introduction pose une série de problèmes  :

- Comment attribuer les eurobonds ? Tous les Etats disposeront-ils de droits de tirage ou pourront-ils substituer une partie de leur dette contre des eurobonds ? Quels montants d'eurobonds par Etat ? La distribution se fera-t-il en fonction du PIB, du niveau de la dette publique ?
- Quelles contreparties ? L'octroi d'eurobonds suppose-t-il une mise sous tutelle des Etats avec l'engagement d'un plan d'assainissement des comptes publics ?
- Quelle autorité aura la charge de doter les Etats et de veiller à l'excécution du plan d'assainissement ?

A défaut d'avoir répondu à ces problèmes, les gouvernements de l'eurozone choisissent de gagner du temps. Les Allemands veulent avant tout que les Etats surendettés adoptent des plans d'assainissement avant d'évoquer l'éventuelle création des eurobonds. Les eurobonds permettraient aux Etats ayant une note dégradée de bénéficier d'un peu d'air en profitant de la mutualisation. La réaction de François Fillon marque que la solidarité européenne ne va pas de soi. Il y a une évidente course à l'égoïsme. Les marchés sont convaincus que la zone euro souffre de ce manque de solidarité et de la tentation du repli.

mercredi 17 août 2011

Crise : qui va payer

Après deux semaines de turbulences financières et après la confirmation du ralentissement de l'économie, la question de qui va en payer les conséquences sera au coeur de la rentrée d'autant plus que jamais la présentation d'un projet de loi de finances ne sera étudiée avec attention par les investisseurs. Le dernier budget du premier quinquennat de Nicolas Sarkozy ne sera pas le plus simple à réaliser même si le Gouvernement s'était donné quelques marges de manoeuvre.

Lire l'article du nouvelobs.com pour lequel le Cercle des Epargnants a été consulté.

vendredi 12 août 2011

La croissance française est sur un sentier perilleux

Le premier trimestre n’a pas fait le printemps

Le premier trimestre 2011 avait été marqué par un taux de croissance élevé, 0,9 %. Ce résultat était imputable à la fin du plan de relance et en particulier de la prime à la casse dans le secteur de l’automobile (arrivée à son terme fin 2010). Les entreprises avaient, en outre, reconstitué leurs stocks.

Cette croissance avait été portée par le maintien à un bon niveau de la consommation.

Il en avait résulté une diminution du taux de chômage de janvier à avril.

La stagnation au rendez-vous du 2ème trimestre

L’Insee a confirmé que vendredi 12 août que la croissance du 2ème trimestre avait été nulle.

La diminution du second trimestre était attendue compte tenu de la succession de mauvais résultats de puis plusieurs mois.

L’économie française comme celle de ses principaux partenaires a été confrontée au deuxième trimestre à une série de facteurs négatifs :

 La disparition des effets des plans de relance
 L’impact du tremblement de terre et du tsunami japonais
 L’augmentation des cours des matières premières et de l’énergie
 Le retournement du moral des investisseurs et des consommateurs.

Les gouvernement ont mis un terme aux plans de relance et se sont engagés plus ou moins fortement dans l’assainissement des comptes publics. Cet assainissement devrait coûter au moins 0,5 point de croissance. Les économies qui sont sous perfusion depuis 2008 se sont retrouvés privés de morphine et d’oxygène. L’impact des dépenses publiques de positif devient progressivement négatif.

Le tremblement de terre au Japon a créé quelques goulets d’étranglements dans certains secteurs d’activité (automobile, informatique, nouvelles technologies…).

Les composantes de la croissance en panne

La consommation, principal moteur de la croissance française, a reculé de 0,7 % au second trimestre après avoir augmenté de 0,4 % au premier. La consommation de produits manufacturés a diminué de 1,9 % après avoir augmenté de 0,6 % sur les trois premiers mois de l’année.

L’augmentation des cours des matières premières a conduit à une diminution du pouvoir d’achat des ménages depuis le début de l’année. Ces derniers n’ont pas réduit leur effort d’épargne mais au contraire leur consommation. La diminution est imputable en partie aux immatriculations de voiture qui ont reculé de 16,4 % au second trimestre. Les achats d’automobiles qui avaient progressé de 8,8 M au dernier trimestre 2010 puis de 1,7 % au premier trimestre 2011 ont reculé de 11,3 % au 2ème. Les dépenses en services ne progresse que de 0,3 % (0,5 % au premier trimestre) ; la croissance est faible en particulier dans le secteur des transport et dans l’hébergement restauration. Ce secteur est sensible aux évolutions du pouvoir d’achat et des prix.

L’investissement contribue moins fortement à la croissance. Le taux de progression passe de 1,2 à 0,9 %. L’investissement ralentit dans les administrations (fin du plan de relance) ainsi que dans les entreprises non financières. L’investissement des ménages a, en revanche, progressé avec en particulier des achats ou la construction de logements neufs (+ 1,4 % au lieu de + 0,7 %). Il sera intéressant de suivre cette statistique dans les prochains mois pour étudier un éventuel retournement du marché immobilier.

Les échanges extérieurs ont contribué positivement à la croissance à hauteur e +0,3 point après -0,5 % au premier trimestre. Ce résultat est avant tout le signe du ralentissement économique, les importations diminuent quand les exportations restent stables.

Les stocks dont la reconstitution avaient expliqué une partie du très bon résultat du premier trimestre sont neutres pour le second. Les entreprises n’attendent pas une reprise de la consommation et adaptent donc leurs stocks en conséquences.

L’accumulation de mauvaises nouvelles a entraîné l’aggravation du chômage depuis le mois de mai effaçant les gains obtenus depuis le mois janvier. Le taux de chômage est de 9,7 %.

L’année 2011 peut sauver la mise mais la question se pose pour 2012

Compte tenu de l’acquis de croissance du premier trimestre 2011, l’objectif d’un taux de croissance de 2 % sera difficile à atteindre mais n’est pas encore impossible sauf si le ralentissement économique prend la forme d’une crise mondiale comme en 2008/2009. Avec la croissance nulle du deuxième trimestre, la fourchette de croissance pour l’année devrait se situer entre 1,6 et 2 % de croissance ?

La récession étant la succession de deux trimestres négatifs, il faudra attendre la fin de l’année pour connaître le verdict.

Le troisième trimestre est en règle générale peu soutenu du fait des congés d’été. La crise financière devrait également impacter les résultats économiques. Le dernier trimestre sera donc crucial pour l’atteinte de l’objectif 2011 et surtout pour 2012.

Pour 2012, le Gouvernement a déjà revu à la baisse sa prévision de 2,5 en l’abaissant à 2,25 %. Le taux de 2,5 % était récusé par la très grande majorité des prévisionnistes. Il apparaît de plus en plus difficile de caler les budgets publics sur une base de 2,25 %. Un taux à 1,5 % serait beaucoup plus crédible voire encore optimiste compte tenu de l’accumulation des plans de rigueur et du contexte international.

Quelles conséquences ?

Une baisse d’un point de la croissance accroit par un effet sur les recettes et les dépenses, le déficit de au moins 0,6 point du PIB. Pour respecter les engagements pris pour revenir à 3 % du PIB de déficit public, il faut trouver plus de 10 milliards de recettes ou d’économies en matière de finances publiques et sous réserve que les résultats de 2011 soient les plus proches des prévisions.

Le programme de stabilité transmis à la Commission de Bruxelles prévoit de réduire le déficit public de la manière suivante :

2010 : 7,0 % du PIB
2011 : 5,7 % du PIB
2012 : 4,6 % du PIB
2013 : 3,0 % du PIB
2014 : 2,0 % du PIB

Le Gouvernement avait pris soin de faire que la marche budgétaire 2011/2012 soit plus faible de la série ce qui limite l’effort à réaliser. Le déficit public doit être ramené de 115 à 97 milliards d’euros. Néanmoins, il escomptait une croissance d’au moins de 2 %.

Les attaques des investisseurs vis-à-vis de la France sont liées sur le manque de crédibilité du plan au regard de la prévision du taux de croissance et de la vulnérabilité financière face à une éventuelle mise en cause des dettes souveraines de l’Italie et de l’Espagne

La dérive des comptes concerne l’Etat mais aussi les régimes sociaux.

Le Conseil d’Orientation des Retraites avait dans sa note du mois de juillet ainsi indiqué que la dérive des comptes de l’assurance-vieillesse portait sur une dizaine de milliards d’euros du fait en autre du manque à gagner en matière de croissance.

Le Gouvernement se retrouve donc pour 2012, année électorale, à devoir trouver environ 10 milliards d’euros sachant qu’il était admis qu’une hausse de CSG ou de TVA était attendu après le mois de mai (financement de l’assurance-maladie et réduction du déficit de l’Etat). Avec l’affaiblissement de la croissance, la question est de savoir si les marchés vont attendre neuf mois.

jeudi 11 août 2011

La diminution du taux de croissance en France Une économie en manque de morphine et d’oxygène


Le premier trimestre n’a pas fait le printemps

Le premier trimestre 2011 avait été marqué par un taux de croissance élevé, 0,9 %. Ce résultat était imputable à la fin du plan de relance et en particulier de la prime à la casse dans le secteur de l’automobile (arrivée à son terme fin 2010). Les entreprises avaient, en outre, reconstitué leurs stocks.

Cette croissance avait été portée par le maintien à un bon niveau de la consommation.

Il en avait résulté une diminution du taux de chômage de janvier à avril.

Le deuxième trimestre accumule les mauvais signes

La diminution du second trimestre était attendue compte tenu de la succession de mauvais résultats de puis plusieurs mois.

L’économie française comme celle de ses principaux partenaires a été confrontée au deuxième trimestre à une série de facteurs négatifs :

 La disparition des effets des plans de relance
 L’impact du tremblement de terre et du tsunami japonais
 L’augmentation des cours des matières premières et de l’énergie
 Le retournement du moral des investisseurs et des consommateurs.

Les gouvernement ont mis un terme aux plans de relance et se sont engagés plus ou moins fortement dans l’assainissement des comptes publics. Cet assainissement devrait coûter au moins 0,5 point de croissance. Les économies qui sont sous perfusion depuis 2008 se sont retrouvés privés de morphine et d’oxygène. L’impact des dépenses publiques de positif devient progressivement négatif.

Le tremblement de terre au Japon a créé quelques goulets d’étranglements dans certains secteurs d’activité (automobile, informatique, nouvelles technologies…) ;

L’augmentation des cours des matières premières a conduit à une diminution du pouvoir d’achat des ménages depuis le début de l’année. Ces derniers n’ont pas réduit leur effort d’épargne mais au contraire leur consommation. La consommation a reculé de 1,8 % au second trimestre après une petite hausse de 0, 1 % au premier trimestre. Les immatriculations de voiture ont reculé de 16,4 % au second trimestre.

Les tensions sur les marchés financiers et sur la question de la dette souveraine a conduit au retournement du moral des acteurs économiques. La baisse de la production manufacturière en juin (-1,9 %) ne peut que conforter cette appréciation.

L’accumulation de mauvaises nouvelles a entraîné l’aggravation du chômage depuis le mois de mai effaçant les gains obtenus depuis le mois janvier. Le taux de chômage est de 9,7 %.

L’année 2011 peut sauver la mise mais la question se pose pour 2012

Compte tenu de l’acquis de croissance du premier trimestre 2011, l’objectif d’un taux de croissance de 2 % sera difficile à atteindre mais n’est pas encore impossible sauf si le ralentissement économique prend la forme d’une crise mondiale comme en 2008/2009.

En revanche, pour 2012, le Gouvernement a déjà revu à la baisse sa prévision de 2,5 en l’abaissant à 2,25 %. Le taux de 2,5 % était récusé par la très grande majorité des prévisionnistes. Il apparaît de plus en plus difficile de caler les budgets publics sur une base de 2,25 %. Un taux à 1,5 % serait beaucoup plus crédible voire encore optimiste.

Quelles conséquences

Une baisse d’un point de la croissance accroit par un effet sur les recettes et les dépenses, le déficit de au moins 0,6 point du PIB. Pour respecter les engagements pris pour revenir à 3 % du PIB de déficit public, il faut trouver plus de 10 milliards de recettes ou d’économies en matière de finances publiques et sous réserve que les résultats de 2011 soient les plus proches des prévisions.

Le programme de stabilité transmis à la Commission de Bruxelles prévoit de réduire le déficit public de la manière suivante :

2010 : 7,0 % du PIB
2011 : 5,7 % du PIB
2012 : 4,6 % du PIB
2013 : 3,0 % du PIB
2014 : 2,0 % du PIB

Le Gouvernement avait pris soin de faire que la marche budgétaire 2011/2012 soit plus faible de la série ce qui limite l’effort à réaliser. Le déficit public doit être ramené de 115 à 97 milliards d’euros. Néanmoins, il escomptait une croissance d’au moins de 2 %.

Les attaques des investisseurs vis-à-vis de la France sont liées sur le manque de crédibilité du plan au regard de la prévision du taux de croissance et de la vulnérabilité financière face à une éventuelle mise en cause des dettes souveraines de l’Italie et de l’Espagne

La dérive des comptes concerne l’Etat mais aussi les régimes sociaux.

Le Conseil d’Orientation des Retraites avait dans sa note du mois de juillet ainsi indiqué que la dérive des comptes de l’assurance-vieillesse portait sur une dizaine de milliards d’euros du fait en autre du manque à gagner en matière de croissance.

Le Gouvernement se retrouve donc pour 2012, année électorale, à devoir trouver environ 10 milliards d’euros sachant qu’il était admis qu’une hausse de CSG ou de TVA était attendu après le mois de mai (financement de l’assurance-maladie et réduction du déficit de l’Etat). Avec l’affaiblissement de la croissance, la question est de savoir si les marchés vont attendre neuf mois.

15 août 1971 - 15 août 2011 : de la fin de la convertibilité du dollar à la crise des dettes souveraines

Depuis la fin du mois de juillet, les places boursières ont perdu entre 15 et 20 % de leur valeur. Le plan de sauvetage grec comme les annonces des gouvernements et des banques centrales n’arrivent pas à endiguer le processus de dépréciation des actifs.

Les pouvoirs publics n’arrivent pas à reprendre la main sur cette crise qui prend les formes d’un krach boursier estival. Quelles sont les causes de cette incapacité à inverser la tendance.

1. Les pouvoirs publics en mal de bonne gouvernance

La crise est née d’un problème de gouvernance de part et d’autre de l’atlantique. Aux Etats-Unis, l’absence de consensus pour présenter un plan crédible d’assainissement des comptes publics a, en grande partie, justifié la décision de Standard and Poor’s d’abaisser la note américaine.

En Europe, le plan du 21 juillet a été arraché après de dures négociations et il n’entrera en vigueur qu’après de longues discussions parlementaires. L’Europe gère les crises au fil de l’eau. Le Fonds européen de stabilisation financières est insuffisamment doté (440 milliards d’euros réellement disponible quand la dette italienne s’élève à plus de 2000 milliards d’euros).

Les interventions de la Banque centrale européenne à travers les achats de titres espagnols et italiens prouvent la réalité du problème dans ces deux pays ; or ses interventions font l’objet de critiques de la part de l’Allemagne et trouveront rapidement leurs limites.

La Banque centrale américaine a réussi circonvenir l’incendie mais sans l’éteindre en promettant de maintenir des taux bas jusqu’à mi-2013. Un tel engagement est sans précédent et constitue un aveu de faiblesse. Il est le signe évident de l’attente d’un ralentissement économique et de l’épuisement des autres instruments de la politique économique. L’argent à taux zéro, déjà responsable des subprimes, ne saurait résoudre la crise. Tout comme le quantitative easing, il soulage sans guérir.

Les politiques non-coopératives en Europe comme aux Etats-Unis prennent le dessus. Quarante ans après l’annonce par Richard Nixon de la fin de convertibilité du dollar avec l’or, le 15 août 1971, la fuite en avant s’impose de plus en plus.

Les investisseurs semblent attendre des initiatives plus fortes que les annonces de rigueur budgétaire. Il y a une demande de coordination et de règlement structurel des dettes (régulation financière, eurobonds…) en lieu et place d’une politique au fil de l’eau.

2. Le ralentissement voire la récession est de plus en plus anticipé

Les résultats du second trimestre démontrent un net ralentissement au sein de la zone euro comme aux Etats-Unis. L’accumulation des plans de rigueur accroît cette tendance récessionniste d’autant plus qu’aucun gisement de croissance n’apparaît. Les investisseurs recherchent donc la sécurité et désinvestissent donc du marché actions. Un cercle vicieux risque de s’engager avec le ralentissement économique qui diminue les recettes des Etats et augmente les dépenses sociales.

Les derniers résultats français, chômage, production industrielle, consommation, prouvent également que le ralentissement économique est malheureusement bien engagé.

Les outils classiques de l’économie ont été utilisés et sont usés : relance keynésienne, taux d’intérêt faible… Il n’y a plus de marges pour de nouveaux plans de relance. Au contraire, l’exigence d’assainissement des comptes publics accentuera le ralentissement ce qui incite les investisseurs à sortir du marché actions.

3. La fragilité du système bancaire et financier amplifie le mouvement de baisse

La crise de 2008/2009 était avant tout financière. Les premiers plans mis en œuvre par les Etats avaient pour objectifs de sauver la sphère financière de l’implosion. Et d’assurer le fonctionnement du marché interbancaire. Après plus d’une semaine de baisse des cours, le secteur financier commence à être de nouveau sous tension. Le développement d’une méfiance généralisée serait pour la croissance fatale d’autant plus que les Etats ne pourraient pas rejouer leur rôle de garant de dernier ressort.

En outre, la diminution des valeurs boursières diminue les fonds des établissements financiers soumis à des contraintes prudentielles renforcées depuis la crise de 2008. Cette situation devrait conduire à un resserrement de la politique du crédit et a dégradé leur résultat.

4. Un impact direct pour les épargnants français limité pour le moment

Le patrimoine des Français est évalué à plus de 10 000 milliards d’euros. Le patrimoine financier et plus modeste ; il s’élève à 3250 milliards d’euros. La part principale du patrimoine est constituée de biens immobiliers.
En ce qui concerne la partie financière, les actions cotées représentent environ 500 milliards d’euros dont une grande partie est logée dans des OPCVM (SICAV, FCP) et dans les unités de compte des contrats d’assurance-vie (250 milliards d’euros sur un encours total de 1400 milliards d’euros).

85 % des contrats d’assurance-vie sont investis en fonds euros et bénéficie, à ce titre, d’une garantie en capital de la part des compagnies d’assurances. Les livrets A, les comptes sur livret, les plans d’épargne logement bénéficient d’une garantie en capital. La rémunération de ces placements dépend des taux d’intérêt et de l’inflation. Les taux d’intérêt sont actuellement stables notamment du fait que la France soit notée triple A.

La France compterait 4,2 millions d’actionnaires contre plus de 6 millions en 2008.
De ce fait, le nombre de Français réellement impactés par la crise est modeste d’autant plus que la perte n’est réalisée qu’au moment de la vente.

Les actions sont majoritairement détenues par les investisseurs institutionnels (assurances, fonds de pension et fonds souverains dont les actifs dépassent 54 000 milliards de dollars. Néanmoins, une dépréciation des actifs a des incidences sur le montant des pensions servies, sur les rendements des produits d’épargne ou sur la capacité d’investissement des fonds. Donc indirectement, nous sommes impactés par une dépréciation des actifs qui traduit en outre des anticipations d’un futur ralentissement économique.

En cas de faillite d’une banque (il faut souligner que la situation financière des banques françaises figure parmi les meilleures en Europe), le Fonds de garantie de dépôt indemnise les particuliers dans la limite de 100 000 euros. Cette garantie couvre les comptes courants et les comptes sur livrets (plan d’épargne logement compris). Par ailleurs, les comptes titres bénéficient d’une garantie de 70 000 euros tout comme les contrats d’assurance-vie. Ces garanties ne présagent pas d’éventuelles décisions qui pourraient être prises par les pouvoirs publics pour améliorer l’indemnisation des clients.

5. Les conséquences à terme

Le ralentissement économique

Le ralentissement économique devrait se concrétiser par le prolongement de la dégradation du chômage constatée depuis deux mois.

La croissance qui était sur une tendance de 2 % risque de tendre vers 1 % assez rapidement avec comme conséquence une augmentation du chômage.

Un durcissement de la politique fiscal

Les Français doivent s’attendre à la mise en œuvre de mesures d’assainissement qui seront d’autant plus difficiles que le ralentissement économique sera fort. Les risques d’augmentation des impôts (au-delà de l’action sur les niches fiscales) sont importants (après l’élection présidentielle si on peut tenir jusqu’au mois de mai 2012). La pression pour un relèvement de la CSG et ou de la TVA est évidente.

Un pouvoir d’achat incertain

Depuis le début de l’année, le pouvoir d’achat des Français a diminué du fait de l’augmentation des prix des matières premières et de l’énergie.

Dans les prochaines semaines, une détente est attendue sur les matières premières. La baisse du cours du pétrole devrait se prolonger d’autant plus si l’euro s’apprécie par rapport au dollar (la gestion de la crise par l’Europe pourrait infléchir la donne en cas de mésentente entre la France et l’Allemagne). Cette baisse sera d’autant plus nette si l’Asie et la Chine sont impactés (secteur financier et exportations).

En revanche, les prélèvements fiscaux et sociaux devraient ponctionner les revenus. Les majorations salariales seront plus faibles ainsi que les revenus issus du patrimoine.


L’immobilier marche sur une crête incertaine

Les prix de l’immobilier ont beaucoup augmenté, surtout dans les grandes villes, depuis la fin de la récession en 2009 (plus de 17 % à Paris). L’immobilier a constitué une valeur refuge en ces temps de crise. Il faut attirer l’attention sur le fait que l’immobilier connaît des cycles. Entre 1992 et 1997, les prix avaient baissé de 30 à 40 % dans certaines régions. Par ailleurs, plus le prix d’achat est important, plus le rendement risque d’être faible. Le rendement locatif tourne autour de 2 à 3 % avant impôt.

Depuis quelques semaines, une inflexion sur le marché est constatée avec un ralentissement du nombre de transactions et un allongement des délais de vente. Le resserrement des conditions de crédit ainsi que les menaces sur le pouvoir d’achat pourraient générer un processus de baisse. Le marché est jugé surévalué de 20 à 30 %

mercredi 10 août 2011

la face cachée de la politique monétaire américaine


Si la décision de la Banque centrale américaine, mardi 9 août, de maintenir jusqu'à la mi 2013, les taux "Fed funds" entre 0 et 0,25 % a contribué à calmer les marchés financiers, elle n'est pas porteuse de bonnes nouvelles.

Cette mesure confirme les craintes d'un ralentissement de l'économie américaine. Du fait de l'impossibilité d'utiliser l'arme budgétaire, le recours à la politique des taux demeure aujourd'hui un des rares instruments conjoncturels encore possibles. Il faut souligner que la politique des faibles taux est en vigueur depuis dix ans quasiment sans interruption et qu'elle est à l'origine du désastre financier de 2008 avec les subprimes.

Cette politique aboutit à modifier la notion de perception des risques et n'encourage pas les investisseurs à se projeter dans l'avenir compte tenu du faible niveau de rémunération de l'argent. Le risque de trappe à liquidités est important.

Par ailleurs, la Banque centrale américaine ne s'interdit pas de réinjecter des liquidités dans le cadre d'une opération appelée "quantitative easing" même si des oppositions au sein du comité de politique monétaire apparaissent. Du fait du retour à la normale de l'inflation, certains estiment nécessaire pour éviter tout blocage sur le marché interbancaire d'utiliser pour une troisième fois cette technique qui s'assimile à la planche à billets. D'autres jugent que le bilan de la Banque centrale est de plus en plus déséquilibré et que le quantitive easing ne peut pas être utilisé en permanence.

Face à la crise financière de ce début du mois d'août, les pouvoirs publics semblent vouloir gagner du temps. Il y a même un réel danger pour le développement de pratiques non-coopératives. Les Etats-Unis jouent de l'arme monétaire pour faire baisser le dollar et pour maintenir les taux d'intérêt bas ce qui diminue d'autant le coût de leur dette.

Face à cette politique, l'Europe apparaît divisée et immobile, son calendrier d'actions étant dictée par les institutions de chaque pays membre. Les marges de manoeuvre de la Banque centrale européenne semblent limitées du fait de l'absence de consensus. Les réticences voire les oppositions allemandes pour l'instauration de mécanismes européens de refinancement des dettes ont pour conséquence que l'Union européenne subit plus qu'elle n'anticipe les mesures américaines.

Le recours à des politiques de taux non-coopératives peut entraîner l'économie mondiale dans une spirale à la japonaise. Depuis les années 90, le Japon pratique des taux nuls ou quasi-nuls, le déficit et la dette publiques avec comme résultat, la stagnation économique. Du fait des réserves accumulées durant les années 80 et du fait du déclin démographique, cette stagnation a de moindres conséquences sociales que si elle prenait racine en Europe (en particulier en France ou au Royaume-Uni dont les populations augmentent) ou aux Etats-Unis (dont le modèle social suppose un fort taux de croissance).

L'épargne est-elle en danger" Interview sur I Télé

Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants, a répondu aux questions d'I Télévision au sujet des conséquences de la crise financière sur l'épargne des Français. Il a souligné que l'impact direct serait relativement faible du fait que les épargnants français sont peu exposés au risques actions. Il a indiqué que les fonds euros des contrats d'assurance-vie bénéficie d'une garantie de capital et que les épargnants devaient s'informer avant d'agir, la précipitation étant, en règle générale, de mauvais conseil.

regarder le reportage d'I Télé

mardi 9 août 2011

France 3 : journal 19/20, l'assurance-vie et la crise financière

Dans l'édition nationale de France 3 du 19/20, mardi 9 août 2011, Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants, est intervenu pour expliquer la composition des contrats d'assurance-vie et la garantie du capital dont bénéficie les fonds euros. Pour mémoire, l'assurance-vie est le premier placement en volume, en France, avec 1400 milliards d'euros. La part garantie, les fonds euros, représente 85 % de l'épargne capitalisée. Le reste, les unités de compte sooit environ 250 milliards d'euros, dépend de l'évolution des marchés financiers.

Regarder le journal de France 3

la chute des bourses dure : pourquoi ?


POURQUOI LA CRISE FINANCIÈRE DURE ?
QUELLES CONSÉQUENCES ?

Depuis 11 séances, la bourse de Paris est en baisse.

1. Les pouvoirs publics n’arrivent pas à reprendre la main

La crise est née d’un problème de gouvernance de par et d’autre de l’atlantique. Aux Etats-Unis, l’absence de consensus pour présenter un plan crédible d’assainissement des comptes publics a, en grande partie, justifier la décision de Standard and Poor’s d’abaisser la note américaine. En Europe, le plan du 21 juillet a été arraché après de dures négociations et il n’entrera en vigueur qu’après de longues discussions parlementaires. L’Europe gère les crises au fil de l’eau. Le Fonds européen de stabilisation financières est insuffisamment doté (440 milliards d’euros). Les interventions de la Banque centrale européenne à travers les achats de titres espagnols et italiens prouvent la réalité du problème dans ces deux pays ; or ses interventions font l’objet de critiques de la part de l’Allemagne et trouveront rapidement leurs limites.

Les Etats semblent mener un combat pour défendre leurs acquis au lieu de mettre en place une réelle politique coopérative. Les investisseurs semblent attendre des initiatives plus fortes que les annonces de rigueur budgétaire.

2. Le ralentissement voire la récession est de plus en plus anticipé

Les résultats du second trimestre démontrent un net ralentissement au sein de la zone euro comme aux Etats-Unis. L’accumulation des plans de rigueur accroît cette tendance récéssionniste d’autant plus qu’aucun gisement de croissance n’apparaît. Les investisseurs recherchent donc la sécurité et désinvestissent donc du marché actions. Un cercle vicieux risque de s’engager avec le ralentissement économique qui diminue les recettes des Etats et augmente les dépenses sociales.

Les outils classiques de l’économie ont été utilisés et sont usés : relance keynésienne, taux d’intérêt faible…

L’intervention directe des banques centrales restent la dernière arme classique mais elle ne peut pas être pérenne et revient à faire marcher la planche à billets même si elle est devenue numérique.

Des mesures plus structurelles sont attendues tout (eurobonds, refinancement européen des dettes, actions réelles sur les déficits, régulation monétaire et financière…).

3. La fragilité du système bancaire et financier amplifie le mouvement de baisse

La crise de 2008/2009 était avant tout financière. Les premiers plans mis en œuvre par les Etats avaient pour objectifs de sauver la sphère financière de l’implosion. Et d’assurer le fonctionnement du marché interbancaire. Après plus d’une semaine de baisse des cours, le secteur financier commence à être de nouveau sous tension. Le développement d’une méfiance généralisée serait pour la croissance fatale d’autant plus que les Etats ne pourraient pas rejouer leur rôle de garant de dernier ressort.

4. Un impact direct pour les épargnants français limité pour le moment

Le patrimoine des Français est évalué à plus de 10 000 milliards d’euros. Le patrimoine financier et plus modeste ; il s’élève à 3250 milliards d’euros. La part principale du patrimoine est constituée de biens immobiliers.

En ce qui concerne la partie financière, les actions cotées représentent environ 500 milliards d’euros dont une grande partie est logée dans des OPCVM (SICAV, FCP) et dans les unités de compte des contrats d’assurance-vie (250 milliards d’euros sur un encours total de 1400 milliards d’euros).

85 % des contrats d’assurance-vie sont investis en fonds euros et bénéficie, à ce titre, d’une garantie en capital de la part des compagnies d’assurances. Les livrets A, les comptes sur livret, les plans d’épargne logement bénéficient d’une garantie en capital. La rémunération de ces placements dépend des taux d’intérêt et de l’inflation. Les taux d’intérêt sont actuellement stables notamment du fait que la France soit notée triple A.

La France compterait 4,2 millions d’actionnaires contre plus de 6 millions en 2008.

De ce fait, le nombre de Français réellement impactés par la crise est modeste d’autant plus que la perte n’est réalisée qu’au moment de la vente.

Les actions sont majoritairement détenues par les investisseurs institutionnels (assurances, fonds de pension et fonds souverains dont les actifs dépassent 54 000 milliards de dollars. Néanmoins, une dépréciation des actifs a des incidences sur le montant des pensions servies, sur les rendements des produits d’épargne ou sur la capacité d’investissement des fonds. Donc indirectement, nous sommes impactés par une dépréciation des actifs qui traduit en outre des anticipations d’un futur ralentissement économique.

En cas de faillite d’une banque (il faut souligner que la situation financière des banques françaises figure parmi les meilleures en Europe), le Fonds de garantie de dépôt indemnise les particuliers dans la limite de 100 000 euros. Cette garantie couvre les comptes courants et les comptes sur livrets (plan d’épargne logement compris). Par ailleurs, les comptes titres bénéficient d’une garantie de 70 000 euros tout comme les contrats d’assurance-vie. Ces garanties ne présagent pas d’éventuelles décisions qui pourraient être prises par les pouvoirs publics pour améliorer l’indemnisation des clients.

5. Les conséquences à terme

Les Français doivent s’attendre à la mise en œuvre de mesures d’assainissement qui seront d’autant plus difficiles que le ralentissement économique sera fort. Les risques d’augmentation des impôts (au-delà de l’action sur les niches fiscales) sont importants (après l’élection présidentielle si on peut tenir jusqu’au mois de mai 2012). La pression pour un relèvement de la CSG et ou de la TVA est évidente.

Le ralentissement économique devrait se concrétiser par le prolongement de la dégradation du chômage constatée depuis deux mois.

La baisse du cours du pétrole devrait se prolonger d’autant plus si l’euro s’apprécie par rapport au dollar (la gestion de la crise par l’Europe pourrait infléchir la donne en cas de mésentente entre la France et l’Allemagne). Cette baisse sera d’autant plus nette si l’Asie et la Chine sont impactés (secteur financier et exportations).

L’immobilier marche sur une crête incertaine

Les prix de l’immobilier ont beaucoup augmenté, surtout dans les grandes villes, depuis la fin de la récession en 2009 (plus de 17 % à Paris). L’immobilier a constitué une valeur refuge en ces temps de crise. Il faut attirer l’attention sur le fait que l’immobilier connaît des cycles. Entre 1992 et 1997, les prix avaient baissé de 30 à 40 % dans certaines régions. Par ailleurs, plus le prix d’achat est important, plus le rendement risque d’être faible. Le rendement locatif tourne autour de 2 à 3 % avant impôt.

Depuis quelques semaines, une inflexion sur le marché est constatée avec un ralentissement du nombre de transactions et un allongement des délais de vente. Le resserrement des conditions de crédit ainsi que les menaces sur le pouvoir d’achat pourraient générer un processus de baisse. Le marché est jugé surévalué de 20 à 30 %.

lundi 8 août 2011

Philippe Crevel sur France Info

France Info a interviewé plusieurs économistes dont Philippe Crevel au sujet de la crise financière.

Ecouter l'interview sur le site de France Info

Quelles seront les conséquences de la perte du triple A attribué par Standard and Poor's ?



La première conséquence est d'ordre psychologique. Une agence de notation a osé dégradé la note de la première puissance mondiale. Certes, les raisons sont essentiellement liées à des facteurs politiques, l'absence de consensus pour assainir les finances publiques. Dans les faits, les marges de manoeuvre des Etats-Unis restent importantes. Les Etats-Unis conservent un potentiel de croissance et peuvent recourir à des augmentations d'impôt compte tenu que le niveau des prélèvements obligatoires compte parmi les plus faibles de l'OCDE. pour cela, il faudrait que les Républicains abandonnent leurs dogmes en la matière.

La seconde conséquence sera une augmentation légère des taux d'intérêt aux Etats-Unis. L'appréciation devrait être limitée car nul n'imagine les investisseurs tournés le dos aux titres américains qui servent de référence. En outre, il ne faut pas oublier que les Etats-Unis ont dans leur main la principale monnaie de réserve. Les Chinois ne peuvent pas tourner le dos aux bons du Trésor américains étant donné qu'ils sont les premiers créanciers. Ils seraient les premiers perdants en cas de dépréciation de ces titres en cas d'augmentation trop forte des taux. Leur réaction vise à démontrer qu'ils ne sont pas prêts à tout accepter mais leur croissance dépend de celle des Etats-Unis.

La troisième conséquence est évidemment une affirmation du ralentissement économique provoquée par le relèvement des taux et par la méfiance généralisée des investisseurs. la chute des bourses, la semaine dernière, anticipaient le ralentissement économique. La dégradation de la note américaine est une confirmation. De ce fait, les marchés ne devraient pas surréagir à cet évènement. En revanche, la morosité sera de règle tant que la visibilité économique ne s'améliorera pas.

La quatrième conséquence sera des pressions à la baisse sur le dollar. Les investisseurs chercheront à diversifier leurs actifs ce qui devrait conduire à une appréciation de l'euro et du yen. Il faut souligner à ce sujet que le Japon a perdu depuis plusieurs années son triple A sans que cela n'empêche l'appréciation de leur monnaie. Une réévaluation de l'euro freinera les exportations mais diminuera les prix des matières premières et réduira l'inflation.

La cinquième conséquence est un report des investisseurs sur les pays encore notés triple A. Les taux des titres allemands et français devraient rester faibles ce qui allégera d'autant la charge de la dette. En revanche, l'Europe n'échappera pas au ralentissement général qui est alimenté par les plans d'assainissement des comptes publics.

La sixième conséquence est sans nul doute une ralentissement économique qui frappera les pays émergents dont les exportations sont dirigées essentiellement vers les Etats-Unis et l'Europe, leur marché intérieur reste encore trop faible pour prendre le relais.

La septième conséquence est l'espoir d'une meilleure gouvernance économique et politique au sein des deux grandes zones économiques, les Etats-Unis et l'Union européenne, mais aussi au sein du G20. Il apparaît nécessaire que l’Europe s’engage dans une politique plus forte de mutualisation de la dette avec en contrepartie un plus grand contrôle des finances publiques et l’engagement de politiques structurelles communes (recherche/équipements). Au niveau international, la régulation financière monétaire qui depuis 2009 fait du surplace devrait être relancée. Une meilleure association des pays émergents au sein du FMI devrait être organisée.

dimanche 7 août 2011

JT 20 heures TF1 du 7 août 2011

Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants est intervenu au journal de 20 heures de TF1, le dimanche sept août, dans le cadre du reportage sur la crise financière après la dégradation de la note des Etats-Unis au sujet de l'assurance-vie et des éventuelles conséquences pour les épargnants français.

regarder le reportage

Philippe Crevel sur Europe dans l'émission "C'est arrivé demain "

Philippe Crevel était un des invités de l'émission "C'est arrivé Demain" animé par Maxime Switek, dimanche 7 août 2011 de 9 à 10 heures. Philippe Crevel a répondu aux questions du journaliste concernant la meilleure façon de placer son argent en période de fortes turbulences.

Ecouter l'émission

samedi 6 août 2011

Standard and Poor's dégrade la note des Etats-Unis : intervention sur TF1

Intervention rapide sur TF1 au sujet de la perte du triple A par les Etats-Unis

Le Parisien : Bourse,cinq questions que tout le monde se pose

Après une dixième journée de baisse de la bourse, le quotidien "Le Parisien" publie un article sur les conséquences pour les épargnants et pour lequel Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants a été interrogé.

Retrouver cet article

vendredi 5 août 2011

Quelques conseils à des épargnants déboussolés


La crise financière de 2008 s’est muée en une crise des dettes publiques. Les investisseurs et donc les marchés craignent la rechute économique et donc la récession. L’absence de visibilité et de consensus au sein des pays ainsi qu’au niveau international accroit les tensions. La baisse des différents indices boursiers n’est que la traduction ce malaise économique. Or, la bourse, par définition, sur-réagit d’autant plus que les facteurs émotionnels prennent une place de plus en plus importante dans le traitement de l’information.



Face aux menaces financières que faut-il faire et surtout éviter de faire avec son argent ?


Mettre tout son argent sous son matelas, une très mauvaise solution


Face à la succession de crises financières et aux menaces de banqueroute des Etats, certains pourraient avoir la tentation de retirer tout l’argent de leur banque et de le mettre sous leur matelas. C’est une très mauvaise idée sauf pour les éventuels cambrioleurs…
Les compagnies d’assurances tout comme les banques sont soumises à des normes dites prudentielles en vertu desquelles elles doivent pouvoir faire face à des chocs systémiques. Leurs fonds propres sont obligatoirement diversifiés (obligations, actions, immobilier…) afin de ne pas être trop fortement impactés en cas de crise.


En outre, il faut savoir qu’au cas où votre banque ferait faillite, le Fonds de garantie de dépôt indemnise les particuliers dans la limite de 100 000 euros. Cette garantie couvre les comptes courants et les comptes sur livrets (plan d’épargne logement compris). Par ailleurs, les comptes titres bénéficient d’une garantie de 70 000 euros tout comme les contrats d’assurance-vie. Ces garanties ne présagent pas d’éventuelles décisions qui pourraient être prises par les pouvoirs publics pour améliorer l’indemnisation des clients.


Vendre toutes ses actions



Le mouton de panurge n’est pas mort. L’épargnant commet souvent l’erreur d’acheter au plus haut, de vendre au plus bas et d’être ainsi toujours perdant. C’est ainsi que de nombreux épargnants ont acheté en 2000 au moment de la bulle Internet et sont toujours dix ans plus tard en moins-values.
Dans un marché en crise, il ne faut pas obligatoirement rester immobile. La vente d’actions peut être réalisée à condition de vouloir revenir sur ce marché. Certes, cela suppose avoir un esprit un peu aventurier ; il peut être, en effet, intéressant de vendre à la baisse pour racheter au moment où le point bas aura été atteint pour dégager de plus amples plus-values. Evidemment, il ne faut pas rater les bons moments….


Au-delà des vicissitudes actuelles, plusieurs points ont à prendre en considération.


A court terme, les risques de stagnation ne sont pas nuls et les marchés anticipent cette dégradation. Les actions des grandes entreprises dont la grande majorité est bien gérées sont donc attractives. Il est impossible en l’état actuel de déterminer la date de retournement mais le potentiel de gains n’est pas négligeable surtout pour les entreprises qui sont présentes au sein des pays émergents et sur les secteurs porteurs (agro-alimentaire, équipement, transports, réseaux…).


Il ne faut pas oublier que les actions rapportent des dividendes ; or les entreprises continuent à faire des bénéfices.


Il ne faut donc certainement pas se débarrasser de ces actions. Il peut être utile d’effectuer des arbitrages afin de vendre des poids morts et racheter des actions à fort potentiel.


Faut-il conserver son contrat d’assurance-vie ?


Après le Livret A, l’assurance-vie est le principal outil d’épargne des Français. 42 % des ménages possèdent un contrat d’assurance-vie. Le montant de l’épargne capitalisée est de 1400 milliards d’euros.
Les contrats d’assurance-vie sont, dans les faits, des enveloppes contenant des produits financiers et bénéficiant d’un régime fiscal spécifique.


Deux types de produits financiers sont insérés dans ces enveloppes : le fonds euros et les unités de compte.


Les compagnies d’assurances garantissent le montant en capital des versements des assurés sur le fonds euros. Cette garantie peut-elle être remise en cause du fait des crises ?


L’argent collecté dans le cadre du fonds euros est investi principalement en produits de taux et en immobilier. Les compagnies diversifient leurs placements afin d’éviter d’être trop dépendants d’un émetteur. Dans le fonds euros, il y a donc principalement des emprunts d’Etat mais aussi des obligations d’entreprises, des titres monétaires et de l’immobilier. La part des obligations d’entreprises s’est accrue ces dernières années.


Que se passerait-il si un Etat ferait défaut ?


Les compagnies d’assurances feraient passer en provisions les éventuelles pertes et devraient les compenser en puisant notamment sur leurs fonds propres dont le montant et la composition sont réglementés.


La faillite de l’Etat grec pourrait-il avoir une incidence sur les fonds euros ?


Chaque titulaire de contrat d’assurance-vie est par son fonds euros susceptible d’avoir quelques euros de dette grecque. Les compagnies d’assurance ont les moyens de faire face à l’étalement de cette dette sans que cela affecte les épargnants. Il est donc sauf besoin financier ou dans l’optique d’un investissement de sortir du fonds euros.


Le rendement du fonds euros risque-t-il encore de baisser ? La rémunération des fonds euros a baissé ces dernières années du fait de la diminution des taux d’intérêt. En outre afin de sécuriser au mieux les fonds euros, les compagnies d’assurance sont incitées à investir sur des titres très bien notés et qui offrent, de ce fait, de faibles rendements comme le Bund allemand.


Faut-il vendre ses unités de compte ?


Les unités de compte représentent des parts d’actions et obéissent à la même logique que ces dernières, logique examinée ci-dessus. Vendre pour vendre, c’est la garantie d’une perte ; vendre pour racheter, c’est une option pour un gain futur. Il ne faut donc pas sur-réagir et se précipiter.


L’or est-il le meilleur placement ?


Plus dure sera la chute !


Depuis 2005, le prix de l’or a été multiplié par plus de quatre. Ces derniers jours, l’once d’or a battu record sur record. Mais, il ne faut pas oublier que l’or n’est pas un placement tranquille. Lors du second choc pétrolier, l’or avait déjà connu une flambée de son cours, il avait été également multiplié par quatre, avant de chuter de plus de 50 % et rester stable pendant près de vingt ans. En outre, à la différence des produits financiers, l’or ne rapporte rien.


A plus de 1600 dollars l’once, le prix d’achat est élevé. Si vous voulez acheter à tout prix de l’or, il faut surtout penser à le revendre assez rapidement afin d’éviter d’être bloqué pour plusieurs années. Pour ceux qui l’ont acheté à 400 ou à 1000 euros, le temps de vendre est venu.


L’or n’échappe pas à l’impôt. Les plus-values sont soumises à un impôt de 31,3 % ou à une taxe forfaitaire sur le capital de 8 %.


Le Livret A, il n’y a que cela de vrai ?


Les Français plébiscitent le Livret A avec une épargne capitalisée de plus de 200 milliards d’euros. Ce produit bénéficie de la garantie de l’Etat et son taux de rendement est de 2,25 %. En réel, une fois l’inflation enlevée, le rendement n’est plus que de 0,15 % mais la sécurité n’a pas de prix. Plafonné à 15 300 euros, il est l’outil de base mais pas exclusif du parfait épargnant.


Pas de salut sans immobilier ?


Les prix de l’immobilier ont beaucoup augmenté, surtout dans les grandes villes, depuis la fin de la récession en 2009. L’immobilier a constitué une valeur refuge en ces temps de crise. Il faut attirer l’attention sur le fait que l’immobilier connaît des cycles. Entre 1992 et 1997, les prix avaient baissé de 30 à 40 % dans certaines régions. Par ailleurs, plus le prix d’achat est important, plus le rendement risque d’être faible. Le rendement locatif tourne autour de 2 à 3 % avant impôt.
Depuis quelques semaines, une inflexion sur le marché est constatée avec un ralentissement du nombre de transactions et un allongement des délais de vente. Le resserrement des conditions de crédit ainsi que les menaces sur le pouvoir d’achat pourraient générer un processus de baisse.

L'automne financier en plein été n'est pas une fatalité



Jusqu'à maintenant, il était admis que les bourses n'aimaient pas les mois d'octobre, il faudra y ajouter le mois d'août. Il est vrai qu'en France, cet été ressemble à un automne.
Les investisseurs considèrent que les menaces de crise sont supérieures aux espoirs d'un rebond d'où le mouvement baissier actuel.
Quelles sont les raisons pouvant expliquer le processus de baisse ?
Le manque de crédibilité des plans adoptés de part et d'autre de l'atlantique et les menaces de récession expliquent ce krach estival.
Le plan américain permettant de relever  le seuil de la dette publique comme le plan européen pour régler le problème grecque n'ont pas convaincu. L'accord entre démocrates et républicains a été obtenu après d'affres discussions ; il est tout à la fois précaire et temporaire. De nouveaux débats devront avoir lieu l'année prochaine. Par ailleurs, en récusant toute augmentation d'impôts et en taillant, avec parcimonie, dans les dépenses, il ne résout aucun des problèmes.
Concernant la dette grecque, les Etats de la zone euro ont surtout démontré que la solidarité ne pouvait jouer que sous l'impérieuse nécessité de l'urgence. L'absence de consensus a été constatée, la gouvernance de l'Union ne s'améliore pas.  Le transfert sur les banques d'une partie de la charge a abouti au résultat inverse de celui recherché. L'affaiblissement de  la sphère financière qui se relève à peine de la crise de 2008  a été jugé durement.
Les investisseurs croient en un possible retour de la récession. L'affaiblissement de la croissance aux Etats-Unis comme en Europe au deuxième trimestre démontre que ce risque est réel. L'accumulation de plans d'assainissement qui intervient après l'interruption des plans de relance a obligatoirement un impact dépressif d'autant plus qu'il n'y pas de foyer de croissance interne alimentée par des innovations permettant de dégager des gains de productivité.
L'occident est en crise. Les Etats-Unis, l'Europe et le Japon sont en stagnation. La question est de savoir comment ils peuvent retrouver le chemin de la croissance afin de rembourser les dettes. Actuellement, le chacun pour soi prédomine tout comme la politique de l'autruche. Il apparaît nécessaire qu'une conférence rassemblant les pays occidentaux ainsi que les pays émergents dont l'avenir dépend des leurs exportations pour permettre un réel redémarrage de l'économie soit organisée. Certains ont trop vite cru que les plans de relance néo-keynésiens suffiraient à endiguer la plus violente crise de ces soixante dernières années ; or le mal n'est pas que conjoncturel, il est structurel. Il est lié à l'affaiblissement des gains de productivité qui a été masqué par une politique du crédit facile et par le développement des importations à bas coûts.
Il y a donc un double problème à résoudre : solidifier les dettes publiques et relancer sainement l'économie. Pour l'Union européenne, les Allemands dont la croissance dépend de la santé des autres pays membres doivent accepter le principe de la création d’euro-bonds et la possibilité pour l'Union de racheter de la dette publique provenant des Etats membres. La contrepartie serait un droit de regard plus important sur les finances publiques.
Au niveau mondial, les pays émergents qui dépendent aussi de la santé des pays occidentaux doivent être mis à contribution en acceptant de prêter à des conditions favorables. En échange, leur pouvoir devrait être accru au sein des instances internationales. Il serait également opportun de réinstituer un embryon de système monétaire international à travers l'émission de DTS (droits de tirage spéciaux qui sont calculés à partir d'un panier des principales monnaies) et à travers un rattachement des monnaies aux DTS. La nature occidentale de la crise devrait inciter l'OCDE à modifier son rôle et reprendre la mission qui lui avait été donnée à la fin de la seconde guerre mondiale, assurer le refinancement des Etats.
Une initiative mondiale en faveur de la recherche devrait être également lancée. Sous Ronald Reagan, le programme "Guerre des Etoiles" auquel l'Europe avait répondu avec "Eureka" avait permis de créer un élan indéniable au-delà des résultats directs obtenus. L'essentiel est de montrer qu'il y a des objectifs et de l'espoir. L'économie avant d'être des chiffres c'est de la psychologie. Le programme de recherche international pourrait se consacrer aux énergies renouvelables   ou aux problèmes de l'alimentation...

jeudi 4 août 2011

"Comment bien placer son argent ? "un débat sur RTL avec Philippe Crevel


Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants était l'invité de Philippe Corbé sur l'antenne de RTL dans le cadre de l'émission débat RTL de 8 H 30, le jeudi 4 août,  sur le thème de "comment bien placer son argent ?".
Après la huitième journée de baisse de la bourse de Paris, avec les menaces pesant sur différents Etats,  plusieurs auditeurs de RTL ont interrogé Philippe Crevel sur les moyens de protéger au mieux son épargne.

mardi 2 août 2011

Psychodrames de part et d'autre de l'Atlantique





Les Etats-Unis et l’Europe sont en crise économique mais aussi politique. Même si les formes sont différentes, il n’en demeure pas moins que la gouvernance des deux principales zones économiques est en déliquescence.

Les pouvoirs ont cru trop vite pouvoir échappé au spectre de la grande crise en bâtissant le plus grand plan de soutien à l’économie et au secteur financier menacé d’implosion.

Les effets de la morphine s’estompent avec la fin des plans de relance et la nécessité de passer à la caisse pour régler les nombreux impayés.

L’économie occidentale droguée par le recours à la dette facile ne peut que boiter sans ses béquilles.

A l’exception de l’Allemagne qui est l’atelier des pays ateliers en lui procurant des machines outils et des biens industriels de luxe, les autres grands pays anciennement industrialisés ont du constaté au second trimestre l’évanouissement de leur croissance. Tant aux Etats-Unis qu’en France, le taux de croissance s’est amoindrit. En Espagne, en Italie, il n’avait pas eu le temps de décoller. Le taux de chômage reste de deux à quatre points au-dessus de son niveau d’avant crise. Il recommence à augmenter dans plusieurs pays.

De part et d’autre de l’Atlantique, la vie économique a été tenue en haleine par un double psychodrame. La crise de la dette grecque qui depuis deux ans mine l’Europe a été évité après des semaines de tergiversation du fait de l’absence de consensus au sein de la zone euro. Que la monnaie unique soit mise en danger par l’équivalent de trois départements Français et pour une dette de 350 milliards d’euros soit moins que le poids des dépenses sociales souligne l’absence de dispositifs de traitement des crises au sein de l’Union. Depuis l’avènement de la monnaie unique en 1999 et l’échec en 2005 du référendum, en France, sur le traité constitutionnel, l’Europe gère les affaires courantes. Premier espace économique mondial, l’Union européenne a perdu tout élan et toute ambition. Pourtant entre les Etats membres, les enjeux communs ne manquent pas ; en premier lieu en matière d’énergie et de lutte contre la pollution.

Aux Etats-Unis, le blocage institutionnel sur le plafond de la dette s’inscrit dans un processus de radicalisation de la vie politique qui s’est amorcée sous Bill Clinton. Ce dernier avait été harcelé durant ces mandats par les Républicains qui avaient usé de tous les moyens pour l’affaiblir. Le bipartisme américain était jusqu’alors très théorique du fait que les passerelles d’un camp à l’autre étaient nombreuses. Depuis quelques années, les marges extrémistes des deux camps se sont développés rendant de plus en plus difficile l’obtention d’un consensus. Le fait que les démocrates n’aient plus la majorité à la Chambre des Représentants depuis 2010 a affaibli le Président qui se trouve dans une situation de cohabitation.

Le fait que les Républicains ne disposent pas encore du candidat idéal pour, le cas échéant, battre Obama, favorise la montée aux extrêmes. Les Républicains ne veulent pas recommencer les mêmes erreurs que sous Bill Clinton. Ils considèrent que ce dernier avait profité des mesures fiscales adoptées par le Congrès majoritairement acquis à leurs causes pour se faire réélire.

Les Républicains veulent absolument faire passer le message que le Président Obama est responsable de la situation financière des Etats-Unis.

La crainte d’un défaut de paiement de la première puissance mondiale apparaît d’autant plus ahurissante que les Etats-Unis avec un taux de prélèvements très faible, autour de 30 % du PIB, disposent de marges pour assainir leurs comptes publics. En outre, la dette publique américaine, 14 000 milliards de dollars, est en grande partie possédée par les Etats ce qui limite le poids des investisseurs étrangers.  

Les deux grandes puissances économiques peuvent connaître le destin du Japon qui depuis vingt ans lutte contre la stagnation et la dette publique qui atteint 200 % du PIB.

Les objectifs de court terme l’emportent sur les défis qui s’imposent aux Etats-Unis ou les Etats membres d l’Union européenne.

Jusqu’à l’avènement de la Chine comme puissance économique de premier plan, il était admis que seule la démocratie pouvait porter sur longue période croissance et égalité. La victoire sur l’Empire soviétique avait, entre 1989 et 1991, confirmé cette règle. Vingt ans plus tard, la léthargie semble de mise. La force de la démocratie, c’est l’obtention d’un consensus pour atteindre des objectifs décidés par une majorité ; or il y a de moins en moins d’objectifs et de consensus.

Les deux grandes zones économiques mondiales ne peuvent pas être gouvernées comme des assemblées de copropriétaires turbulents et d’accord sur rien. La crise n’est pas terminée, élection ou pas, elle amorce son deuxième assaut sur des économies anémiées.