jeudi 18 mars 2010

Les Grecs, les Italiens, les Français, les autres et la dette

La Grèce a payé très chère ses omissions en matière de comptabilité publique et le mauvais étalement dans le temps de sa dette (la maturité de sa dette). Les marchés où plutôt les acteurs des marchés financiers ont également reproché l'absence de volonté publique pour assainir les finances publiques. Mais, la Grèce n'est qu'un épiphénomène compte tenu du faible poids de sa dette dans le volume total de la dette de l'OCDE ou de l'Union européenne. Par ailleurs, la Grèce est derrière le Japon, l'Italie ou l'Islande en matière d'engagements publics. Elle est juste devant la Belgique, la Hongrie, la France et les Etats-Unis.
L'importance du déficit structurel explique le mouvement de mauvaise humeur des marchés. le problème est que tous les Etats sont confrontés à l'augmentation possible de leur déficit structurel avec l'augmentation prévisible des dépenses de santé et de retraite. selon les études du CBO, l'évolution de ces dépenses pourraient empêcher tout assainissement budgétaire aux Etats-Unis d'ici 2050. Les dépenses fédérales au titre de Medicare et de Medicaid passeraient de 5,3 à 12,2 % du PIB d'ici 2050. Les dépenses liées à la retraite publique passeraient de 4,8 à 5,7 % du PIB. Les dépenses sociales pourraient représenter 46 % des dépenses fédérales en 2050 contre 20 % en 2010. A défaut de retournement de tendance, le déficit de l'Etat fédéral serait en 2050 de plus de 8 % du PIB.

La dérive des comptes publics peut se traduire par un retour de l'inflation, une remontée des taux d'intérêt (une hausse de 1 pt imputable à l'augmentation de la dette publique de plus de 36 % est possible), une moindre croissance avec à la clef une augmentation des prélèvements ainsi qu'une dépréciation de la monnaie.

Jusqu'à présent les grands Etats ont réussi à placer facilement leurs titres du fait que les investisseurs sont à la recherche de sécurité. Les Etats-Unis qui restent la première puissance économique bénéficient toujours d'un engouement. Les autorités fédérales ont du réduire la maturité moyenne de la dette avec comme conséquence une augmentation prévisible des taux courts. Actuellement, elles empruntent à faibles coûts du fait de la politique des taux courts pratiqués par les banques centrales.

la France a fait un choix inverse en optant pour des placements longs jusqu'à 50 ans.

Il n'en demeure pas moins que l'Europe demeure vulnérable du fait de la faible coordination des politiques économiques de ses Etats membres et de l'apparition sur le devant de la scène de divisions comme en témoignent les derniers échanges franco-allemands.

Le fort endettement des Etats européens et le niveau excessif de leurs déficits structurels démontrent que les critères de Maastricht n'ont pas été suffisamment sévères. Autoriser en période de croissance de maintenir des déficits autour de 3 % du PIB (tout en sachant que les chiffres étaient faussés de un à 2 points) a placé l'Union européenne en position de faiblesse. le désendettement n'a été effectif que dans un nombre réduit de pays et de manière insuffisante. La France, l'Italie, la Belgique, la Grèce sont les mauvais élèves de la classe depuis 20 ans.

Si dans les années 80 et 90, l'Europe avec Jacques Delors et des responsables politiques nationaux pro-européens avait réussi à imposer tout à la fois le marché unique et l'euro avec à la clef la mise en oeuvre de réformes de structures importantes, la situation est totalement différente aujourd'hui. La Commission est faible et l'Europe est devenue un bouc-émissaire.

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