vendredi 12 février 2010

L’Européen, jamais « euro »

L’Européen, jamais « euro »



Depuis 2008, les membres de la zone euro se plaignaient de l’appréciation de la monnaie européenne en soulignant qu’elle générait une importante perte de compétitivité sur les marchés mondiaux.

Certes, ils oubliaient que cette appréciation diminuait le coût des importations, pesait favorablement sur les prix et qu’enfin, surtout en France, la majorité des exportations sont réalisées en euros. Par ailleurs, cette appréciation n’a pas empêché l’Allemagne de dégager durant d’importants excédents commerciaux. Enfin, de nombreuses études les prouvent, il n’est pas prouvé que les mouvements de change aient une influence sur longue période sur l’économie réelle.

Aujourd’hui, la dépréciation, toute relative de l’euro qui est revenu de 1,5 à 1,36 dollar ouvre le débat inverse. La monnaie unique serait fragile, ne protégerait pas les Etats membres des turbulences de l’économie mondiale. La baisse de l’euro pèserait sur les balances commerciales en renchérissant le prix des produits importés.

« Jamais contents » tel est le slogan des Européens. L’euro est depuis sa création un bouc émissaire facile car il est géré à l’extérieur des Etats membres. Si tout va mal, c’est à cause de la Banque centrale européenne et du très méchant dollar.

La crise que traverse la monnaie unique est liée à la progression exponentielle, non contrôlée et peu transparente des déficits publics de plusieurs Etats membres.

Le poids de la dette grecque, voire celle du Portugal, de l’Espagne ou de l’Irlande représentent moins de 10 % du total de la dette de la zone euro mais la méfiance s’est installée du fait que ces Etats et tout particulièrement la Grèce avaient tendance à sous-évaluer le montant réel des déficits. Par ailleurs, les Etats européens s’endettent pour faire face à l’envolée des dépenses courantes et non pour préparer l’avenir. Il y a en outre une incapacité dans certains pays, après une crise, d’assainir les comptes publics et de réduire les dépenses.

Du fait du vieillissement de la population qui est plus rapide sur le vieux continent que sur tous les autres, les dépenses publiques auront tendance à croitre rapidement. De ce fait, avec des niveaux d’endettement supérieur à 80 % du PIB, les marges de manœuvre ont disparu. Les investisseurs ont voulu rappeler que les Etats européens n’étaient pas à l’abri de problèmes de remboursement d’autant plus que le niveau des prélèvements est élevé, plus de 10 points supérieur à celui des Etats-Unis et que la population est réfractaire à toute remise en cause des avantages sociaux accordés dans le passé. Le maintien d’un chômage élevé pèse tout à la fois sur les rentrées d’impôt et sur les charges.

La faiblesse relative de l’euro est également imputable à la croissance potentielle faible des Etats de la zone qui est plus faible que celle des Etats-Unis.

Le dollar demeure La Monnaie de réserve par excellence. Les Etats-Unis concilient sécurité et rendement. Le dollar peut également se reposer sur son passé que n’a pas l’euro qui est une monnaie récente confrontée à sa première grande crise. Néanmoins, il faut se rappeler que lors de sa création, l’euro avait plongé à 0,86 par rapport à un dollar.

Une monnaie a besoin de temps pour devenir une référence, un étalon. Cette crise sera salutaire si elle permet de prendre conscience que la fuite dans l’endettement structurel mène à l’appauvrissement et que la solidarité entre pays est obligatoire pour éviter la multiplication des tensions à l’intérieur comme à l’extérieur.

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