mardi 30 décembre 2008

Les raisons du succès du Livret A

Philippe Crevel a été interrogé lors du journal de 13 heures sur RFI le mercredi 24 décembre dernier pour commenter les résultats du Livret A.

La progression du Livret A s'explique tout à la fois pour des raisons financières (la recherche d'un placement sûr en période de crise), pour des raisons économiques (volonté de se prémunir de la crise économique avec la constitution d'une épargne de précaution) et pour des raisons concurrentielles (le taux d'intérêt de 4 % et l'ouverture du marché du Livret A aux banques à compter du 1er janvier).

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jeudi 18 décembre 2008

Interview de Philippe Crevel sur RFI

Interviewé dans le cadre du journal de 13 heures de RFI sur la baisse des taux de la FED, j'ai signalé que cette décision symbolisait les craintes de déflation. Elle ne saurait suffire pour relancer l'économie tant que la confiance sur le marché bancaire ne serait pas de retour. Il faudra plusieurs mois pour affermir le nécessaire assainissement du marché financier. Par ailleurs, il y a un véritable risque de trappe à liquidités et de répétition du scénario japonais. La dépréciation des actifs n'incite pas à investir même avec un taux de l'argent faible voire nul.

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Pour écouter l'interview de Philippe Crevel

lundi 15 décembre 2008

Retrouver l'esprit du capitalisme

LA CRISE NE DATE PAS DES SUBPRIMES
OU LA NECESSITE DE RENOUER AVEC L’ETHIQUE DU CAPITALISME


Les banquiers sont depuis le début de la crise financière de parfaits boucs émissaires. Ils sont responsables de tous les maux et bien évidemment de la récession qui s’annonce rendant aux yeux de nombreux citoyens l’intervention des Etats en faveur des établissements bancaires illégitimes. Bien évidemment, leurs réactions seraient tout autre si leur épargne disparaissait en cas de faillite bancaire.

Depuis l’éclatement de la bulle Internet, nul ne s’était plaint de l’apport de la finance à la reprise économique, nul ne s’était plaint de l’effet dopant de la construction massive de logements aux Etats-Unis mais aussi en France avec les dispositifs fiscaux incitatifs (Robien, Borloo).

Depuis six ans, l’économie mondiale battait des records de croissance qui ont permis à des millions de personnes d’améliorer sensiblement leurs conditions de vie.

Cette croissance s’est nourrie du développement rapide des pays émergents transformés en ateliers du monde aidés en cela par la possibilité pour les investisseurs de se procurer des ressources financières à bas coûts. La multiplication des délocalisations a accru le pouvoir d’achat des entreprises et des particuliers occidentaux. Les économies américaine et européenne se sont comportées en rentiers. Elles ont récupéré un gain qu’elles ont réinjecté dans les secteurs financier et dans l’immobilier au destin lié à travers la titrisation.

L’accélération du processus de désindustrialisation a été masquée par l’augmentation du nombre de départs à la retraite des actifs juste après la seconde guerre mondiale durant la période appelée « baby boom ». Ainsi, en sept ans, le nombre de départ annuel est passé, en France, de 500 000 à 750 000 en France. Par ailleurs, le bâtiment a contribué à porter l’emploi tout comme le secteur financier et des services. En effet, les gains générés par la baisse des coûts des produits industriels a permis une redistribution au profit des sociétés de conseil, au profit du secteur de la communication….

Néanmoins, la période 2001-2008 n’a été marquée par l’arrivée à maturité de techniques et de processus apparues, du moins sur la scène économique, dans les années quatre-vingt. En effet, l’impact en termes de gains de productivité des « nouvelles techniques de l’information et de la communication » s’affaiblit. La progression en Occident du taux d’équipement en informatique et en connexion Internet se ralentit.

Plusieurs signes tangibles prouvent cette maturité. Ainsi, Vista de Microsoft a été perçu comme une opération marketing et non comme un saut technologique. Le succès des versions dites « open » démonter la banalisation des logiciels. Par ailleurs, la surenchère en termes de puissance, de rapidité, de capacité que les producteurs d’informatique pratiquaient depuis des années s’achève. La mode en cette fin d’année 2008 est la mise sur le marché de portables à bas prix et ne comportant que le strict minimum.

Si le secteur de l’informatique est entré dans une phase de maturité, celui de l’automobile du fait d’une incapacité de se renouveler est entré dans un déclin qu’il est trop tôt pour qualifier de définitif.

Il n’est pas étonnant que les Big Three soient les plus affectés par la crise actuelle. Handicapées par le portage des droits à la retraite de leurs salariés, elles ont bénéficié d’une rente de situation qui les a dissuadés d’investir et d’analyser l’évolution du marché. Il a suffit d’un renchérissement du coût du pétrole et le durcissement de la politique du crédit pour jeter les firmes automobiles américaines au bord du gouffre. L’automobile depuis près de cent ans tourne autour du moteur à explosion qui a été perfectionné. Des éléments de confort ont été ajoutés au fil des décennies au sein des voitures sans pour autant en changer les grandes lignes. Avec la mondialisation, il est apparu possible de construire dans tous les pays des automobiles, devenues un bien de consommation commun. Enfermées dans leur citadelle, les compagnies américaines n’ont pas depuis les années soixante su se remettre en cause. L’installation sur leur territoire d’usines de constructeurs japonais ou européens les a confortés plus qu’elle ne les a inquiétés. Or, le Royaume-Uni a connu le même processus vingt ans auparavant. Aujourd’hui, il n’y a plus de constructeurs anglais.

Il est symptomatique que l’industrie phare du 20ème siècle soit ébranlée à ce point. Accusée de polluer la planète, elle a perdu sa capacité de se renouveler. Les firmes européennes et japonaises ont opté pour la délocalisation de leur production au sein des nouveaux marchés de consommation et pour des produits low cost à l’image de la Logan de Dacia-Renault. Mais, sans nouvelle innovation, la production de voitures en Occident n’est plus rentable. En France, le contribuable participe au maintien d’usines en France du fait que les deux constructeurs, Renault et PSA, sont les principaux bénéficiaires des allègements de charges sur les bas salaires. Mais, Renault ne fabrique déjà plus une grande partie de ses petites voitures en France.

Après le départ du textile, de la sidérurgie…, celui de l’automobile avec tous les sous-traitants qui y sont attachés, marquerait une étape importante du processus de désindustrialisation commencé au début des années soixante-dix. Demeureraient comme secteurs porteurs les secteurs aéronautique, spatial, pharmaceutique… Le secteur informatique faible en Europe reste un point fort pour les Etats-Unis mais il est aujourd’hui incapable de renouveler le saut technologique des années quatre-vingt.

La croissance des années 2000 a buté comme celle des années soixante sur les tensions inflationnistes liées à la montée rapide des cours du pétrole. A la différence de crise de 1973, il n’y a pas eu, en 2008, d’enclenchement d’une spirale inflationniste, du fait de la non revalorisation des salaires. Lors du premier choc pétrolier, ce sont les entreprises qui ont été lourdement touchées ; en 2007/2008, le fardeau a été partagé entre ces dernières et les actifs dont le pouvoir d’achat a été entamé.

En France, le pouvoir d’achat comme le taux de marge des entreprises décroche dès la fin de l’année 2007 soit bien avant la montée en puissance de la crise financière. La récession actuelle s’est construite durant le premier semestre de l’année 2008. Les entreprises ont cessé d’investir il y a déjà près d’un an en prévision de jours sombres. La FCBF des entreprises avaient augmenté de plus de 7 % en 2007 mais est étale depuis.

La croissance des années 2000 a eu son lot d’innovations mais essentiellement financières. Il est donc logique que l’endettement l’ait nourri. Comme le souligne l’OFCE, que ce soit la France, les pays de la zone euro ou les Etats-Unis, l’endettement de tous les acteurs a progressé en huit ans.


Evolution des taux d’endettements bruts
en % du PIB

France Zone Euro Etats-Unis
2000 2007 2000 2007 2000 2007
Ménages 32,2 35,4 47,1 58,7 65,1 71,8
Entreprises 62,7 72,4 73,2 88,7 72,4 66,9
Administrations Publiques 64,3 71,0 75,2 71,8 55,2 62,8
total 159,2 178,8 195,5 219,2 192,7 199,7
Sources Comptes nationaux et OFCE

L’endettement n’est pas en soi condamnable si le retour sur investissement est réel or la crise immobilière puis financière a démontré qu’il reposait sur un château de cartes. Le retour sur investissement était lié à l’appréciation spéculative des valeurs mobilières ou immobilières.

La France comme les Etats-Unis disposent de marges de manœuvre pour s’endetter encore plus ; le problème est de savoir comment et pourquoi.

L’argent facile n’a jamais généré des révolutions technologiques, il nourrit avant tout la spéculation. Le défi pour l’ensemble des acteurs est donc de renouer avec l’éthique du capitalisme au sens schumpetérien du terme. Il ne faut pas, en revanche, tomber dans une paranoïa anti-bancaire car sans intermédiaire financier, il n’y pas d’entreprises ; il n’y a pas de marchés… La remise en cause de certaines pratiques ne doit pas entraîner la condamnation de l’ensemble du secteur financier. Il n’en demeure pas moins que l’accent doit être mis sur la recherche, l’investissement productif. L’occident a perdu, sans nul doute, son quasi monopole en matière d’innovations mais il conservera néanmoins un leadership durant de nombreuses années à condition de remettre au cœur de son processus l’entrepreneur en lieu et place du rentier.


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samedi 6 décembre 2008

Les Consommateurs sont à l'Ouest, les producteurs à l'Est

Les Consommateurs sont à l’Ouest et les producteurs à l’Est…



La Banque Centrale Européenne a abaissé son taux principal de 75 points en le fixant à 2,5 %. Cette baisse est la plus forte depuis la création de l’euro. Après avoir durant le premier semestre 2008 souligné que la principale menace était l’inflation, la BCE désormais tente de freiner le train d’enfer de la récession. L’économie mondiale est passée au galop d’un risque d’inflation à celui de la déflation. Jamais les banques centrales et les Etats n’ont mis sur le marché autant de liquidités, plans de sauvetage des banques, plus de 1000 milliards de dollars, plans de relance, plusieurs points de PIB…, baisse des taux et émission de liquidités. Face à cet ouragan de dollars et d’euros, les experts ont-ils pris le temps d’en analyser les conséquences. Certes, en période de crise, c’est au pied du mur que l’on reconnait le bon maçon. Cette surenchère peut accentuer le climat de défiance. Si les pouvoirs publics injectent autant de milliards, cela signifie que la crise est grave et qu’il est urgent de ne rien faire. Autre conséquence possible, il faut mieux attendre demain ou après demain car de nouvelles baisses d’intérêt interviendront, le prix de l’immobilier baissera encore. Il en résulte dans l’un ou dans l’autre cas l’enclenchement d’une spirale déflationniste et d’une trappe à liquidités.

L’autre possibilité est le retour de l’inflation car la planche à billets et la multiplication des dettes ne peuvent ne pas être neutre sauf à accepter un bouleversement des équilibres économiques mondiaux. Que feront les Chinois et autres investisseurs des pays émergents des milliards de dollars de créances qu’ils possèdent si le dollar plonge à nouveau et que l’économie américaine ne redémarre pas ? Aujourd’hui, les consommateurs sont à l’ouest et les producteurs à l’est. Les consommateurs de l’ouest vivent à crédit et sur leurs actifs ; quand ces derniers auront fondu, de quoi vivront les cigales ? A la fin des années soixante-dix, les Etats-Unis avaient rebondi grâce au décollage de l’informatique et de la netéconomie. Disposent-ils d’une nouvelle martingale pour échapper au déclin ?

La crise de 2008 est la première crise de l’économie mondialisée du moins dans sa version post mur de Berlin. Elle se caractérise surtout par sa rapidité de déploiement ainsi que par sa gestion médiatique sans précédent.

Crise exceptionnelle sans nul doute et qui avait commencé avant la faillite de Lehmann Brothers ; pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les chiffres des faillites d’entreprises qui avaient progressé depuis le mois de mars. Les effets de la vive progression des cours de l’énergie et des matières premières ont été sous-estimés sur l’économie réelle. La crise financière en réduisant les facilités de crédit a été le coup de grâce pour de nombreuses entreprises qui étaient déjà sur le fil du rasoir. Depuis de nombreuses années, les experts prédisent un krach dans le secteur de l’automobile. Les constructeurs américains sont, en effet, asphyxiés par le système de retraite et de protection sociale de leurs salariés. Menacés par les constructeurs japonais dans les années quatre-vingt, un semblant d’équilibre s’était dessiné depuis vingt ans. Les constructeurs étrangers pour réussir à vendre aux Etats-Unis ont compris qu’il fallait produire sur place. Nissan, Toyota, BMW… ont construit des usines sur le continent nord-américain. Ce Yalta de l’automobile n’a pas incité les constructeurs américains à améliorer leur productivité et à rechercher de nouveaux axes de développement. En Europe de l’Ouest, les constructeurs automobiles ont opté pour la délocalisation de leurs usines aidés en cela par la proximité de l’Europe de l’Est. Le maintien, par exemple, en France, d’usines de production, est lié à l’octroi de fortes exonérations de charges sociales sur les bas salaires. La saturation du marché occidental, l’augmentation des cours du pétrole et la fermeture du robinet du crédit ont provoqué un séisme sans précédent dans le secteur phare de l’économie occidental du XXième siècle. Il est évident qu’aujourd’hui, il y a deux ou trois constructeurs généralistes de trop.

Les consommateurs de l’Ouest seront-ils redevenir des producteurs, des innovateurs et les producteurs de l’Est sauront-ils créer un marché intérieur et développer leur recherche ? Les réponses à ces interrogations conditionnent la sortie de crise qui peut être pour 2009 mais aussi pour beaucoup plus tard si les démons du protectionnisme, de la non-coordination et de la spéculation monétaire reprennent le dessus.

lundi 1 décembre 2008

La drôle histoire du Fonds souverain français


La France n’a pas de pétrole, peu de matières premières et accumule depuis quelques décennies d’imposants déficits budgétaires complétés depuis quelques années par des déficits commerciaux. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ne dispose pas de fonds souverains comme les pays du Golfe ou la Norvège…

Faute d’avoir il y a vingt ou trente ans développé des fonds de pension, les entreprises françaises sont passées sous contrôle étranger ; environ la moitié du capital des entreprises du CAC 40 appartiennent à des investisseurs étrangers. Du fait de l’aversion des épargnants français au risque, de toute façon, il n’y avait pas d’autres voies possibles. L’autre conséquence de l’absence de fonds de pension et du désamour des Français vis-à-vis de la bourse, c’est la sous-capitalisation des PME qui les empêche de se développer et de faire face aux ralentissements de l’économie. En outre, l’arrivée à l’âge de la retraite de nombreux chefs d’entreprise entraîne de des cessions qui prennent la forme de rachat par des groupes étrangers ou à des liquidations.

Le fonds souverain est la dernière idée à la mode. Après les mauvais souvenirs de l’Etat actionnaire, rappelons nous du Crédit Lyonnais, d’Air France…., l’Etat veut revenir dans le jeu économique.

Le fonds souverain est un fonds qui est dirigé par la puissance publique. Dans les pays nordiques, ces fonds ont été créés afin de financer les retraites. Dans les pays du Golfe, ils doivent préparer l’après pétrole. En France, ils auraient pour vocation à sauver notre économie des prédateurs et justement de ces affreux fonds souverains. Hier, l’ennemi, c’était le fonds pension ; aujourd’hui, c’est le fonds souverain.

Lancé le 20 novembre dernier, le Fonds souverain français reçoit essentiellement des actifs en provenance de la Caisse des Dépôts et Consignation, 7 milliards d’euros, l’Etat apportant 10 milliards d’euros. La Caisse des Dépôts qui depuis sa création est placée non pas sous le contrôle de l’Etat mais du Parlement se voit ainsi déposséder d’une partie de ses moyens même si elle possède 51 % du capital de ce nouveau fonds.

Les fonds souverains étrangers n’ont pas vocation à aider les canards boiteux mais au contraire à préparer l’avenir. Qu’en sera-t-il pour le fonds français ? Servira-t-il de béquille aux entreprises en difficulté, facilitera-t-il les phases d’adaptation, financera-t-il les PME à forte croissance ? Ces moyens limités ne devraient pas de toute façon d’agir sur tous les tableaux.

Sa taille reste, en effet, très modeste au regard de celle des autres fonds souverains. Ainsi, le Government Pension Fund Global de Norvège dispose d’un actif évalué à 322 milliards de dollars. Les fond d’Arabie Saoudite pèsent 400 milliards de dollars ; ceux des Emirats Arabes Unis, 875 milliards de dollars. Brunei possède également d’un tel fonds (330 milliards de dollars).

lundi 24 novembre 2008

Et si c'était le système monétaire qui était en cause

Les grandes crises économiques trouvent leur origine dans les dérèglements du système monétaire international. Ce fut le cas en 1929 mais aussi au 19ème siècle. Depuis 1971 et la fin de la convertibilité du dollar et l'institutionnalisation des changes flottants en 1976, les pouvoirs publics pensaient que le non système permettait de se prémunir des blocages inhérents à un système règlementé. Or, les motifs qui ont justifié d'abandonner le système des accords de Bretton Woods n'ont pas disparu avec les changes flottants. Simplement, le règne de l'étalon dollar a facilité le financement de l'économie américaine et de son déficit commercial exponentiel, plus de 700 milliards de dollars cette année, en ayant recours à l'épargne mondiale. Le non-système a tenu car les Etats-Unis en s'endettant continuaient tout à la fois à s'enrichir et à enrichir le monde. Les gains de croissance et le maintien de taux d'intérêt positif, d'autant plus que les subprimes les ont dopé, justifiaient le maintien d'un flux de capitaux en faveur des Etats-Unis.

L'enrayement du système par l'éclatement de la bulle immobilière a révélé la faillite du système monétaire.

Logiquement les taux de change permettent de corriger les divergences des économies réelles or tel n'est plus le cas du fait de la mondialisation et du non respect par certains pays des règles du marché.

Les pays émergents en liant leur monnaie à celle du dollar ont faussé le jeu. En effet, l'accumulation d'excédents commerciaux de la part de la Chine et des autres ateliers d'Asie aurait du aboutir à l'appréciation de leur monnaie. Or, ils ont laissé glissé leur monnaie au même rythme que le dollar empêchant tout rééquilibrage des échanges commerciaux.

Par ailleurs, les pays émergents n'appliquent pas la liberté de change et la libre circulation des capitaux.

La création de l'euro loin de stabiliser le système monétaire a contribué à le déstructurer.

En effet, l'arbitrage de taux d'intérêt de change et de taux d'intérêt permet dans un système financier ouvert vingt quatre heures sur vingt quatre de spéculer à loisir. Le Japon avec des taux d'intérêt faibles voire nuls incitent les investisseurs à emprunter dans ce pays puis à opérer des placements aux Etats-Unis ou en zone euro qui offrent de la sécurité et du rendement.

Les différences de taux d'intérêt entre monnaie doivent refléter tout à la fois les anticipations inflationnistes et de croissance or par définition, elles intègrent une part de psychologie non négligeable. L'Europe rentière se complait à pratiquer des taux élevés quand les Etats-Unis soucieux de l'emploi acceptent des taux plus faibles .

Depuis 1944 et surtout depuis 1971, nous vivons sur un système d'étalon dollar. Or avec l'euro, ce système est fragilisé. Or, les périodes de bi-étalons sont toujours des périodes de crise.

La question n'est pas aujourd'hui de savoir s'il faut relancer ou pas l'économie mais comment pouvons-nous organiser le système monétaire international. Il apparait indéniable que la libre circulation des capitaux doit s'imposer à tous les pays qui tirent profit du libre échange. Il convient certainement qu'une harmonisation des taux d'intérêt et des taux de change soit instituée; le système monétaire européen avec ses zones de fluctuations devrait être repris au niveau international. Le dollar, l'euro, le Yen, le Yuan et le Rouble devraient mieux refléter l'état réel des économies nationales.

mercredi 19 novembre 2008

L'illusion de la relance

2% du PIB consacrés à la relance. Les élus frétillent de joie en pensant pouvoir obtenir le financement de tous les travaux en instance. Des routes, des voies ferrées, de piscines, des stades pour sauver l'économie et tout cela financer par l'emprunt. Depuis le New Deal, le mythe des grands travaux hantent les décideurs politiques dès les premiers signes de récession. C'est oublié que ce n'est pas les grands programmes de Roosevelt qui ont sorti les Etats-Unis de la léthargie mais la guerre. C'est oublié que de la décision de lancer des grands travaux et leur réalisation, de nombreux mois peuvent s'écouler. Enquêtes, études d'impact, permis, recours, procès.... combien d'années faut-il avant de concrétiser un grand projet dans un pays comme la France qui s'amuse de se moquer du procédurisme américain tout en le singeant avec excellence. Il aura fallu près de dix ans au directeur de l'hôpital de Necker à Paris pour obtenir l'autorisation de reconstruire une partie de son établissement qui pourtant menace ruine. L'ancien hôpital Laennnec au cœur de Paris est une jachère depuis dix ans du fait de la contestation d'associations plus ou moins représentatives et des hésitations des pouvoirs publics. Au mieux, l'effet des grands travaux se fera sentir dans deux ou trois ans.
Pour relancer l'offre, un amortissement exceptionnel de 100 % aurait eu plus d'effet mais, en revanche cette mesure aurait amputé les recettes de l'Etat. On ne peut pas tout avoir l'efficacité et l'argent du beurre...

lundi 17 novembre 2008

G 20 en vain ?

G 20 en vain ?


Le sommet des chefs d’Etat des plus grandes puissances économiques est une idée française, celle de Valéry Giscard d’Estaing qui souhait, de manière informelle, établir un échange de vues afin de répondre à la crise pétrolière de 1973. Ainsi, à Rambouillet, les chefs d’Etat ou de Gouvernement des Etats-Unis, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, du Japon et de la France se réunissent. EN 1976, l’Italie et le Canada intègreront ce club informel. Au-delà de la puissance économique, le G7 a pour caractéristique de rassembler des pays démocratiques. Après la chute de Berlin et de l’URSS, il s’est ouvert, avec difficulté, par ailleurs, à la Russie. L’émergence de nouvelles puissances économiques pose le problème de sa représentativité. La Chine est, en effet, plus puissant qu’un grand nombre des pays membres du G8.

Il faut souligner que les Démocraties ne mettent plus leurs idéaux en avant. La mondialisation et la crise ont eu pour conséquences d’imposer de fait une relativité des valeurs. Les pays autocratiques comme la Chine ou la Russie sont considérés comme des partenaires comme les autres ; tout comme les monarchies du Golfe. Le retour aux valeurs diplomatiques du XIXème siècle semble s’effectuer de manière implicite. Chacun est maître chez soi tout en appartenant à un large ensemble économique. La Tchétchénie ou la Géorgie ne sont plus au cœur de l’actualité tout comme la Mongolie. Les droits de l’homme dans les pays du Golfe n’intéressent personne. L’Occident est entrain d’abandonner ses valeurs messianiques afin de sauver son économie.

Le G 20 (Etats-Unis, Canada, Japon, Russie, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique et la Turquie) du 14 et 15 novembre 2008 ne révolutionne pas le système économique. Tel n’était pas son objectif de toute façon. Les conclusions du sommet prévoient une plus grande coordination et une refonte à venir des instances de régulation. Ainsi, Les chefs d’Etat du G20 ont décidé de «prendre toutes les mesures supplémentaires nécessaires», pour assurer la liquidité des marchés et pour favoriser la consommation. Les Etats-Unis se sont opposés à tout interventionnisme du fait des engagements déjà pris et du montant de leur déficit budgétaire, 1.000 milliards de dollars (793,7 milliards d'euros) pour 2008. D'ici au 31 mars 2009 un «collège de superviseurs» comprenant tous les principaux régulateurs de la finance dans le monde sera mis en place. Les vingt pays ont également décidé de réguler plus fortement les produits financiers dérivés des crédits, et notamment des «credit default swaps» (CDS), des contrats d'assurance entre banques et entreprises contre le risque de défaut d'un tiers. Les responsables du G20 ont pris l’initiative de modifier la composition du Forum sur la stabilité financière rassemblant les représentants des gouvernements, des banques centrales et des agences de régulation de différents pays pour chercher des moyens d'améliorer la régulation financière, groupe créé à la suite de la crise de change asiatique de 1997-98. Dans le même esprit, il a été convenu de réformer le FMI. Ses pouvoirs et ses moyens seront accrus. Les vingt se sont engagés contre tout retour au protectionnisme et ont décidé de favoriser la conclusion d’un accord pour le cycle de Doha qui est depuis des mois en panne. Enfin, les dirigeants du G 20 doivent se réunir d'ici au 30 avril 2009.

Lire la déclaration officielle

mercredi 12 novembre 2008

Le faux débat de la retraite à 70 ans

Depuis deux semaines, les articles sur l'amendement visant à porter l'âge limite de mise à la retraite à 70 ans se multiplient. Ainsi, à travers cette disposition voudrait imposer aux Français de travailler jusqu'à 70 ans.

Ceux qui croient en cette sornette devraient remercier les parlementaires d'avoir retenu la limite de 70 ans car dans le texte initial, passé inaperçu, il n'y avait aucune limite. Ainsi, ce n'était pas 70 ans mais 80 voire 90 ans. C'est sous la pression du MEDEF et de l'AFEP, l'association française des entreprises privées, que les pouvoirs ont accepté de modifier leur copie.

Ce n'est pas mansuétude que les dirigeants d'entreprise ont fait pression mais pour éviter que des cadres décident de transformer leur entreprise en maison de retraite. Convaincus que leur société était leur meilleur hospice imaginable, les deux organisations patronales ont craint à avoir de nombreux cadres et employés à licencier. Aujourd'hui, en effet, ils peuvent à 65 ans mettre d'office à la retraite leurs collaborateurs avec ou sans leur accord.

Cette possibilité est de toute façon contraire aux directives européennes et à la jurisprudence française comme européenne. En effet, il est interdit de renvoyer une personne en se fondant sur son âge. Il s'agit d'un cas classique de discrimination.

Que ce soit 65 ou 70 ans, le raisonnement est le même tout comme l'illégalité de la mesure.

Par ailleurs, tout salarié conserve avec le texte en discussion la possibilité de prendre sa retraite à partir de 60 ans et à 65 ans, il peut la prendre à taux plein.

Il faut souligner à sujet que la France est le pays qui a l'âge légal de départ à la retraite le plus faible. Il est de 60 ans contre 65 ans en moyenne au sein de l'Union européenne ; certains pays l'ayant déjà relevé à 67 voire 69 ans.

mardi 11 novembre 2008

Le plan de relance chinois

Philippe Crevel est intervenu sur RFI au sujet du plan de relance engagé par le Gouvernement chinois afin de lutter contre les effets de la crise financière. Ce plan de plus de 550 milliards d'euros succèdent à un plan d'équipement de 200 milliards d'euros. La Chine est confrontée au ralentissement de l'économie occidentale ainsi que qu'à celui post jeux olympiques.

Pour écouter l'interview

le retour des lignes Maginot

Face à une crise, la tentation du regard vers l'arrière est de règle. La crise de 2008 ne serait que la réédition de la crise de 1929. Pour en sortir, il suffit d'appliquer les mêmes solutions. C'est au nom de ce principe bien connu que l'on prépare la future guerre avec les armes et la stratégie de la précédente. Or, à chaque fois, ce sont ceux qui sorti des chemins battus qui ont gagné.

Le parallélisme avec la crise de 1929 est aujourd'hui mis en avant du fait de la spéculation financière qui a prévalu depuis 2001 et par la crise immobilière et bancaire qui en a résulté.

Néanmoins, il ne faut pas oublier le contexte. 1929 a été précédé d'une période de rattrapage avec la première guerre mondiale et le désarmement qui l'a suivi. Les destructions, les pertes humaines accrues par la grippe espagnole ont débouché sir une soif d'oublier ce lourd passé. Une frénésie économique a marqué les années vingt d'autant plus que les alliés ont adopté des mesures pour alléger le fardeau du remboursement allemand au titre de la dette de guerre. Les années vingt ont été qualifié d'années folles.

La crise de 1929 est une crise très centrée sur les Etats-Unis et sur l'Allemagne qui avait contracté le virus de l'inflation. La crise ne s'est répandu à l'Europe que progressivement. La France a été touchée tardivement, au départ de manière moins brutale mais in fine de mainière plus lourde d'autant plus que la plaie démographique ne s'était pas refermée. La France enregistrait une perte nette en matière de population.

La crise de 1929 a été amplifiée par la volonté des gouvernements notamment français de maintenir la parité de change de l'or au prix d'une perte de compétitivité des produits à l'exportation. Le système de changes flottants en vigueur depuis 1976 a complètement changé la donne.

L'économie mondiale en 1929 se limitait aux Etats-Unis, A Royaume-Uni, à l'Allemagne, à la France et à l'Italie. Les pays européens tentaient de vivre en autarcie avec leur empire. L'Italie avec l'arrivée de Mussolini en 1922 opte pour le protectionnisme. Aujourd'hui, le taux d'ouverture de l'économie française est de 33 % trois à quatre fois supérieur à ce qu'il était alors. Aujourd'hui, l'économie mondiale s'étend à l'Asie, à l'Europe de l'Est, à la Russie, à l'Amérique latine....

Autre point de dissemblance, la vitesse de circulation de l'information. L'information en directe et la surréactivité par émotivité des marchés compliquent la donne.

Enfin, il faut prendre en compte le développement des systèmes d'intervention publique. Dans les pays occidentaux, les pouvoirs publics collectent entre 35 et 50 % du PIB quand dans les années vingt le taux tournait autour de 25 %.

L'emballement financier des huit dernières années est surtout le produit de l'argent pas cher. Il faut revenir à des taux d'intérêt plus en phase avec le taux de croissance potentiel.

La durée de la crise japonaise devrait attirer notre attention. Le maintien de taux d'intérêt négatifs n'a pas permis de relancer l'économie. La sortie de la crise passera par les gains de productivité et par une refondation de l'offre.

Depuis huit ans, l'économie mondiale a été droguée par les taux d'intérêt faibles et les gains procurés par les importations à bas coûts des pays émergents. La destructuration de l'offre à l'échelle mondiale ainsi que la multiplication des déséquilibres financiers et commerciaux ne pourront pas être corrigées par la fameuse régulation appelée par tous.

jeudi 30 octobre 2008

Au sujet d'un très bon article de Jean-Paul Fitoussi, Président de l'OFCE

Jean-Paul Fitoussi, Président de l'OFCE, membre du Conseil scientifique du Cercle des Epargnants, à travers un article publié dans le quotidien "Le Monde" décrypte la crise financière. Pour l'économiste, nous sommes confrontés à la première crise de compréhension économique. En effet, la fausse dilution du risque avec le montage de produits financiers tellement complexes que même les experts sont capables de les expliquer et d'apprécier les risques dont ils sont porteurs. Après la montée aux extrêmes alimentée par l'argent pas cher de la FED, le risque masquée s'est transformé en défiance généralisée. Au nom du principe de précaution, les banques se sont interdits de faire leur métier de prêteur. Après avoir consumé leurs ailes, elles ont opté pour la grève du zèle au risque de glacifier l'ensemble de l'économie.

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mardi 28 octobre 2008

A quand le retour de la stabilité

Les amples fluctuations boursières ainsi que celles des matières premières ne favorisent pas la restauration de la confiance. Le cours du pétrole est ainsi passé de 145 à 80 dollars en quelques jours. Les prix des céréales ont été divisés par deux. Avec de tels écarts, les prévisions économiques, déjà très délicates à manier, deviennent plus qu’incertaines. Par ailleurs, la réalisation d’investissement suppose d’avoir une vision plus ou moins bonne de sa rentabilité à terme. Les variations actuelles risquent de dissuader les investisseurs et encouragent la spéculation. Il y a encore malgré l’éclatement des bulles immobilières et financières plus d’argent à se faire en bourse qu’en investissant concrètement. Le recours à la stabilité est une nécessité avant de pouvoir reconstruire une croissance solide.

lundi 27 octobre 2008

Encore un effort monsieur le bourreau

Réduisez vos dépenses, reportez vos vacances, préparez vous à faire face à la crise du siècle, les journalistes comme les hommes politiques jouent aux oiseaux de mauvais augure au risque de renforcer l’impact de la crise. A ce petit jeu, ils vont ajouter à la crise d’offre une crise de la demande. la croissance française dépend essentiellement de la demande intérieure or pour elle n’est que marginalement concernée par la crise financière. certes, la restriction du crédit pénalise le secteur de l’automobile. De plus, la détente sur les prix des matières premières devrait aboutir à une revalorisation du fameux pouvoir d’achat qui il faut le souligner contrairement à la perception générale à augmenter en 2007. L’économie est aujourd’hui soumise à la dictature de l’émotionnel et du sensationnel. A force d’apeurer la population, il est évident qu’elle prendra des mesures de précaution et remplira un peu plus le Livret A. Il faut souligner que les Français sont déjà les champions du monde de l’épargne de précaution, plus de 15,8 % du revenu disponible brut est consacré à l’épargne.

dans les faits, la crise espérée par certains a commencé avant le krach financier. ce dernier est une résultant d’une crise plus large. La croissance de ces dernières années s’est nourrie de la spéculation immobilière et des gains de pouvoirs d’achats générés par les importations à bas coûts en provenance des pays émergents. La forte croissance de l’économie mondiale et l’augmentation des cours des matières premières qui en a découlé, renforcée par la spéculation, ont enrayé le système ; Les menaces inflationnistes ont provoqué le relèvement des taux d’intérêt et ont alourdi les coûts de production. Du fait de l’absence de gains de productivité, cette situation ne pouvait aboutir qu’à une récession. Les subprimes qui ont nourri la croissance avec la création d’une bulle d’endettement par effet de levier ont joué un effet accélérateur dans la descente aux enfer.

L’augmentation du nombre de faillites en France a commencé avant l’éclatement de la crise financière témoignant que la création de richesse était en panne.

L’erreur économique serait de considérer la crise actuelle que sous l’angle de la demande et d’ignorer l’offre.

la fin du cycle de croissance commencé dans les années quatre-vingt-dix provient de l’épuisement des retombées des nouvelles techniques de l’information ; la nouvelle croissance devra se construire sur de nouveaux gisements (développement durable, énergie, modes d’organisation...).

Les pouvoirs publics auront de choix soit d’aider les canards boiteux, soit de préparer l’avenir, soit de doper artificiellement la demande, soit de contribuer à l’émergence de nouveaux produits et service....

vendredi 24 octobre 2008

chronique d'une crise annoncée

Jamais, une crise économique n’aura été autant attendue. Elle est devenue une évidence à croire que les commentateurs de l’actualité seraient déçus si elle avait la bonne idée de nous faire faux bond.

La crise 2008 est une crise d’offre qui était déjà présente depuis plusieurs années dans certains pays dont la France.

La croissance des années 2002/2007 a été le produit de l’argent pas cher et des gains de compétitivité offerts par les pays émergents. Cette croissance a été destructrice d’emplois industriels en occident. cette destruction a eu un faible impact pour des rasons démographiques, le départ des premières classes d’âge du baby boom à la retraite. Les pays occidentaux ont vécu à crédit d’autant plus facilement que l’argent n’était pas cher et que les fonds souverains continuaient à investir massivement.

Les faibles taux d’investissement surtout en Europe, la désindustrialisation sauf en Allemagne, l’endettement public et le transfert d’actifs au profit de la Chine ou de l’Inde auraient du nous conduire à réfléchir sur la pertinence de notre modèle économique.

La création d’un fonds souverain pour venir en aide aux entreprises françaises en difficulté est une réponse en demi teinte. Ce fonds alimenté par la Caisse des Dépôts et par la dette aura quels objectifs : maintenir des activités à terme condamnées, ralentir les mutations... ou financer la recherche, favoriser l’innovation. En quelques années, nous avons oublié que l’Etat était un piètre actionnaire. Rappelons nous du Crédit Lyonnais dont nous continuons en 2008 à payer les turpitudes. Rappelons des déficits des entreprises nationales, d’Air France, de Renault....

Si endettement il doit y avoir, cela doit être pour favoriser l’investissement et la recherche, pour favoriser le développement de l’initiative privée.

mercredi 22 octobre 2008

Crise financière en Islande, interview sur RFI

Philippe Crevel a été interviewé sur RFI au sujet de la crise financière en Islande.
L’islande est un pays qui vit sur deux grandes activités, la pêche et les activités bancaires financées en partie par les banques américaines et anglaises, le système bancaire islandais est donc extrêmement dépendant de la situation internationale, américaine, anglaise, par contagion...

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L'économie islandaise au bord du gouffre

L'Islande, 313 000 habitants, est un des pays les plus riches de l'OCDE. Malgré la rigueur du climat, les maigres ressources en matières premières, les Islandais ont réussi en quelques années à hisser leur pays au sommet de la hiérarchie mondiale, au 5ème rang de la richesse par habitant selon certains classements internationaux. L'économie islandaise repose sur deux activités très différentes : le poisson et la banque. Or, ces deux activités sont menacées.

Le poisson du fait de la surexploitation se fait rare et la concurrence sur les mers s'accroit. Il faut transformer des aventuriers en agriculteurs de lamer. La seconde activité est tout aussi menacée. L'Islande a depuis vingt ans exploité à merveille son positionnement. Membre de l'Espace Economique Européen, elle n'est pas membre de l'Union européenne. Elle n'est pas de ce fait soumise aux règles et directives. Usant de cette liberté, elle s'est placée en tant que zone financière offshore. Les banques islandaises servaient de relais discrets aux établissements américains et anglais.

En raison d'une règlementation moins stricte, les banques locales ont largement participé au processus de tritrisation des prêts hypothécaires avec d'autant plus de facilité que le marché immobilier islandais fonctionne un peu comme celui en vigueur aux Etats-Unis.
. Avant la crise, l'actif des trois principales banques représentaient huit fois le PIB.
Pendant plusieurs années, l'Islande a profité de la bulle financière. Le taux de croissance dépassait les 7 %, le taux de chômage était inférieur à 3 %. Le problème de l'Ile était avant tout de juguler cette croissance qui du fait des goulots d'étranglement était inflationniste. En raison de la faible production économique intérieure, la balance commerciale et des paiements courants est chroniquement déficitaire. l'Islande dépend tout comme des Etats Unis du bon vouloir des investisseurs étrangers sauf que sa monnaie n'est pas le dollar.

L'Islande ne pouvait donc qu'être touchée par la crise financière internationale. L'effondrement du marché des subprimes a mis en difficulté l'ensemble du système bancaire islandais. L'inflation tant importée qu'intérieure et le montant des déficits extérieurs ont entrainé la chute de la monnaie qui a perdu en quelques jours plus du quart de sa valeur. le Gouvernement a été obligé de nationaliser les trois grandes banques. par ailleurs pour enrayer la crise financière et trouver des liquidités, un appel à l'aide a été lancé. La Russie qui a toujours conservé des liens avec l'Islande même en période de guerre froide a proposé un prêt, obligeant le FMI à faire un geste.

L'Islande en quasi faillite serait le premier pays occidental depuis le Royaume-Uni en 1976 a faire l'objet d'un plan du FMI. La situation de ce pays est très liée à ce spécificités, une économie peu diversifiée de taille réduite et dépendante de l'extérieur. Par ailleurs, l'Islande a toujours été un pays d'excès passant de phases de récession à des phases de forte croissance, de phases inflationnistes à des phases déflationnistes. Néanmoins, le cas de l'Islande est à méditer sur les conséquences de la surfinanciérisation des économies

Crise chez les élus

Les élus locaux auraient joué avec le feu en acceptant des montages financiers complexes. Ainsi, près de 25 % de l'endettement des collectivités territoriale serait constitué de prêts structurés intégrant par exemple des taux variable ou des différés de paiement. Ainsi, certaines collectivités ont-elles pu différer l'augmentation des impôts locaux ou espérer étaler dans le temps leurs dépenses. Néanmoins, aujourd'hui, certaines d'entre elles sont étranglées. En effet, avec la baisse des rentrées fiscales liées aux droits de mutation et au resserrement de la politique du crédit, elles sont contraintes de rembourser à vif prix. Or, les collectivités territoriales sont les premiers investisseurs publics. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics dépendent des communes, des départements et des régions. Certaines collectivités ont déjà décidé de reporter ou d'annuler certains investissements. L'Etat a décidé d'engager un programme de prêts de 5 milliards d'euros dont la moitié est financée par la Caisse des Dépôts afin d'épauler les collectivités territoriales en difficulté.

L'acuité du problème est d'autant plus forte que les élus après les élections ont tout intérêt à effectuer des remises à zéro des comptes et à renvoyer la faute sur les prédécesseurs. En outre, les transferts de charge occasionnés par la décentralisation de 2003 incite aussi les élus locaux à négocier avec l'Etat des suppléments de dotations. Tout concourt, surtout après la déroute de Dexia, la banque des collectivités, à une remise à plat des finances locales.

vendredi 17 octobre 2008

Ne pas se tromper de crise

Depuis quelques semaines, les références à la crise de 1929 se multiplient. Il est toujours rassurant de se raccrocher au passé pour analyser les solutions d’aujourd’hui. Il y a près de quatre-vingt ans, les pouvoirs publics avaient mal réagi. Il a fallu la guerre et la reconstruction pour effacer les stigmates de la grande dépression. Les plans de relance de Roosevelt n’ont pas eu autant d’effets que l’histoire leur a donnés à posteriori.

L’immobilisme des pouvoirs publics et la montée des protectionnisme sont certainement à juste titre les causes de l’approfondissement de la crise de l’époque. Avant d’établir des similitudes, il convient de ne pas oublier que la crise de 1929 suit de 10 ans la fin de la première guerre mondiale et intervient après une phase de croissance rapide, les fameuses années folles.

Certes, la croissance des pays émergents et l’argent facile peuvent donner raison aux partisans du rapprochement des deux crises.

Il n’en demeure pas moins que le système économique a profondément évolué, que le nombre d’acteurs s’est multiplié et que les moyens d’information et de communication sont sans comparaison. Ces derniers permettent la prise de décision rapides mais contribuent à déstabiliser l’ensemble du système.

Il ne faudrait croire que les instruments d’hier sont adaptés à la crise d’aujourd’hui. Il ne faut pas se tromper de guerre.

La crise n’est pas la crise du libéralisme ; elle est l’expression d’un basculement du pouvoir économique.

L’élection présidentielle américaine de 2008 est encore une affaire planétaire. L’opinion considère que le cours du monde peut changer en fonction du candidat élu mais c’est peut-être la dernière fois.

mercredi 15 octobre 2008

Trop de régulation tue la régulation

Avec la menace de l'arrivée prochaine de la crise économique, la bourse reprend ses bonnes habitudes de yoyo. Crise financière, crise économique, crise écologique, le mot crise est à la mode. Le problème est de trouver la sortie de crise et si possible par le haut.
La crise financière aurait redonner aux politiques le politique. Je n'en suis pas certain. Face à cette crise de la compréhension pour reprendre la formule de Jean-Paul Fitoussi, ils apparaissent démunis. Ils réagissent au coup par coup. Par ailleurs, n'utilisent-ils pas des armes d'un autre temps? La régulation des marchés serait la solution mais n'est-ce pas les défaillances de la régulation qui ont plongé le monde la tête en bas. La multiplication des réglements comptables, financiers, prudentiels n'ont pas empêché le désastre. Trop de régulation tue la régulation. A partir du moment où ni les sociétés, ni les contrôleurs ne peuvent apprécier la réalité de risques, il ne peut que se créer des trous noirs. La multiplication des organismes de contrôle et les règlementations prudentielles ont été contre-productives. Il fauit laisser de la liberté aux créateurs et à l'entrepreneur.
Le problème actuel n'est ni l'épargne, ni les liquidités, c'est de redonner du corps aux marchés. Vaste travail!!!!

L'avenir incertain

La crise financière aura-t-elle raison du développement durable. La nécessité de secourir le système financier et l'arrivée attendue de la crise économique risquent de limiter l'attention et les crédits destinés au développement durable.


A cette première lecture, une seconde plus optimiste peut s'imposer. L'éclatement de la bulle financière permet le retour à une meilleure appréciation des risques et des gains. Avec des rendements supérieurs à 5 % gagés sur des prêts hypothécaires et grâce à l'effet de levier, les investisseurs n'avaient guère de raison de se préoccuper du rendement des investissements matériels. Par ailleurs, les gains de coûts générés par les importations des pays émergents dissuadaient la recherche de gains de productivité. Or, sans progrès technique, pas de croissance forte et durable.


La question qui demeure est comment gérer au mieux l'abondance de liquidités et veiller qu'elle ne débouche pas sur le financement d'opérations à faible rentabilité. Les garanties données par les Etats risquent de favoriser les malins et non les innovants. L'économie administrée n'a jamais été une source de bonne croissance.


Il est certain qu'en prenant des participations dans des entreprises financières; les Etats ont toutes les chances de réaliser de bonnes opérations. Il n'en demeure pas moins qu'un doute subsiste sur l'intérêt économique.

mardi 14 octobre 2008

Jean-Pierre Gaillard interviewé par Philippe Crevel sur la crise financière

Le 2 octobre dernier, Jean-Pierre Gaillard, le Président du Cercle, était interviewé par Philippe Crevel au sujet de la crise financière à l'occasion des Entretiens de l'Epargne et de la Retraite.


Sortie de crise ?

Avec la présentation des plans européens, les bourses ont renoué avec la hausse. Est-ce une accalmie ou une véritable sortie de crise ? La confiance ne se décrète pas, elle se mérite. Les garanties apportées par les Etats et les modifications des normes comptables permettront sans nul de donner de l’air au secteur financier. Il n’en demeure pas moins que cette crise a révélé la faiblesse de l’économie occidentale qui dépend plus de ses actifs que de sa production.

Cette crise a confirmé que l’économie américaine ne tient que par sa formidable capacité de la croissance financée par l’étranger. Si les investisseurs s’aperçoivent qu’ils peuvent en Chine, en Inde ou ailleurs obtenir avec la même sécurité qu’aux Etats-Unis des taux de croissance élevés et réguliers, il en sera fini de l’empire occidental.

Les pays occidentaux peine à trouver de nouveaux gisements de croissance. Le développement durable constitue un de ces gisements à exploiter tant pour des raisons économiques environnementales. A côté du refinancement du système bancaire, les Gouvernements devraient favoriser l’investissement productif.

Le plan français en faveur des entreprises apparait comme une prime donnée aux gestionnaires en difficulté. En outre, compte tenu de la complexité des montages de dossier, ile est à craindre que ce soit les professionnels des subventions qui en bénéficient....

lundi 13 octobre 2008

la plaie de l'argent pas cher

Au tout début de la crise, il y a la décision de la FED d’abaisser les taux d’intérêts afin d’éviter la crise après les attentats du 11 septembre. UN peu plus de 700 000 américains modestes louent cette décision et peuvent devenir propriétaire à crédit de leur maison. De là, commence la création d’une montagne de dettes à travers le phénomène de l’effet de levier et de la titrisation.
Aujourd’hui, avec l’éclatement de la bulle et la méfiance généralisée, les Banques centrales et les Etats sont obligés de déverser des liquidités, de prêter aux PME, aux entreprises et de nationaliser.
Le temps de l’argent pas cher continue même si les Banques centrales continue de maintenir à un niveau appréciable leur taux d’intervention de 3 à 5 % afin de lutter contre les risques inflationnistes.
En intervenant massivement dans l’économie, les pouvoirs publics risquent d’aider des canards boiteux et des petits malins. Comment juger qu’une PME a besoin de liquidités, qu’elle traverse une mauvaise passe ou qu’elle est condamnée. Les torrents de milliards ne sont pas un gage de bonne économie. L’argent facile ne permet pas une bonne appréciation du risque comme le prouve la crise actuelle. Bizarrement, les Etats ont opté de régler le problème par le mal ; à savoir si le remède sera efficace.

dimanche 12 octobre 2008

Un peu de sérieux ne nuit pas même en période de crise

Certains experts qui étaient opposés à la retraite par capitalisation considèrent qu'avec la crise leur position s'est muée en évidence. En effet, avec la chute des cours de bourse, les fonds de pension seront incapables de verser des rentes et les retraités seront acculés à la famine. C'est bien connu, les fonds de pension investissent toutes les cotisations en actions et rien en monétaires et en obligataires. Par définition, les gestionnaires doivent vendre au plus bas et acheter au plus haut et jamais opérer des arbitrages ou des couvertures. Bien évidemment, il n'existe pas de dispositif d'assurance et de sécurisation progressive des actifs. Évidemment, tous les américains partent à la retraite demain matin, lundi 13 octobre. Que dire d'autres rien!!!!!

vendredi 10 octobre 2008

le deuxième effet Ben Laden

Le deuxième effet Ben Laden


En 2001, Ben Laden n’imaginait certainement pas que l’effondrement des tours jumelles de New York pourrait provoquer, sept ans plus tard, une crise financière sans précédent. La décision des Banques Centrales, après les attentats, d’abaisser les taux d’intérêt a généré une montagne de dettes reposant sur un socle étroit et fragile, 700 000 américains à faibles revenus rêvant de posséder leur résidence principale. Par effet de levier et par titrisation de crédits immobiliers, une bulle virale a contaminé la planète bancaire. L’impossibilité d’assurer la traçabilité de ces titres et leur large diffusion a rompu le lien de confiance sur lequel repose le fonctionnement du capitalisme moderne. Le refus des banques de se prêter de l’argent de peur de ne pas être remboursées bloque l’ensemble du système économique. L’injection de liquidités par les Banques centrales n’a pas réussi, pour le moment, à restaurer la confiance. Le risque est la création d’une trappe à liquidités ou la résurgence de l’inflation qui néanmoins est limitée par la probable arrivée de la récession et le caractère déflationniste généré par la dépréciation des valeurs boursières et immobilières. La contamination de l’économie réelle s’effectue autant par la défiance que par la réduction des moyens d’investissement des entreprises. En effet, les consommateurs effrayés par l’accumulation des mauvaises nouvelles auront tendance à différer leurs achats non essentiels. La diminution de la valeur des entreprises réduira leurs capacités d’endettement freiné de toute façon par le comportement frileux des banques. En matière de prévision, il convient de rester modeste. En 1987, le krach avait été perçu comme un choc fatal pour l’économie ; or 1988 avait été une des meilleures années pour la croissance française.

jeudi 9 octobre 2008

Au-delà des mensonges

Une dépêche AFP du 8 octobre soulignait que les fonds de pension américains ne pourraient plus payer les retraites du fait de l’effondrement des placements actions. C’est oublié que ces fonds n’investissent pas toutes les primes versées par leurs adhérents en actions, c’est oublié qu’il y a des processus de sécurisation progressive visant justement à pouvoir verser les rentes aux retraités. Plus un actif se rapproche de l’âge de cessation d’activité, plus son capital est placé dans des valeurs moins soumises aux fluctuations boursières. par ailleurs, il faut souligner que contrairement aux allégations de certains experts, les retraités de Enron ou de Maxwell ont reçu leurs pensions grâce en partie à l’existence de fonds de garantie. Ce n’est pas le krach financier qui fragilise le système de retraite mais la révolution démographique caractérisée par le vieillissement de la population.


la dépêche AFP en question

LE CAPITALISME EST MORT, VIVE LE CAPITALISME

LE CAPITALISME EST MORT, VIVE LE CAPITALISME


Pour certains analystes ou hommes politiques, la crise financière, la crise économique, la remontée du chômage, la stagnation du pouvoir d’achat…, c’est bien évidemment de la faute du capitalisme. Il serait urgent de changer de système mais Ils sont bien en mal de dire quel système ils souhaitent. Rêvent-ils d’un retour du communisme…

Avant de jeter le bébé avec l’eau du bain, il n’est peut-être pas inutile de rétablir certaines vérités.

Revenons au point de départ. La crise des subprimes trouve son origine dans la politique d’abaissement des taux d’intérêt décidée après les attentats du 11 septembre 2001 par les autorités monétaires. Certaines banques américaines ont été ainsi amenées à prêter à des clients modestes de l’argent afin qu’ils puissent acquérir un logement ou un pavillon ; l’appréciation de l’immobilier constituait alors une garantie en cas de défaut de paiement. Ces mêmes banques pour diminuer leur engagements risqués ont titrisé ses prêts permettant ainsi à d’autres établissements financiers d’accéder à des produits rémunérateurs qu’elles ont proposé à leurs clients. La bulle immobilière s’est ainsi muée en bulle financière ; les subprimes se comportant comme des virus corrompant l’ensemble de l’économie. D’un côté du crédit pas cher, de l’autre des placements rémunérateurs, certains ont cru trouver la poule aux œufs d’or.

La remontée des taux d’intérêt du fait de l’augmentation des menaces inflationnistes et la saturation du marché immobilier américain ont enrayé ce processus fou. Des acheteurs se sont retrouvés incapables de vendre leur maison et de rembourser leurs prêts et de l’autre les banques voyaient fondre la valeur de leurs actifs. Par effet domino, en raison des participations et des financements croisés, les banques et les assureurs sont devenus vulnérables. Il faut souligner que la majorité des établissements financiers français en privilégiant les réseaux de détail se sont prémunis des assauts de cette vague spéculative.

Cette crise, aussi sévère soit-elle, ne sonne pas le glas du capitalisme ; elle est avant tout une dérive d’un capitalisme financier qui a oublié ses fondamentaux. La finance, le crédit sont des éléments indispensables au bon fonctionnement de l’économie. Il n’ya pas de capitalisme sans marché financier. Mais, la finance doit être au service de l’économie et non d’elle-même.

La crise actuelle est une correction de comportements déviants. Depuis plus de sept ans, la croissance n’a que trop reposé sur l’illusion de gains rapides, sur des innovations financières, sur une spéculation immobilière. Or, la croissance, c’est la combinaison de trois facteurs, l’offre, la demande et le progrès technique.

L’offre et le progrès technique ont été les grands perdants du dernier cycle de croissance. Accaparé par l’obtention de gains rapides, les financiers ont négligé les véritables créateurs de richesse, les entrepreneurs et en particulier les PME qui sont les maillons clefs du tissu économique de notre pays. Ils ont oublié leur métier celui de financer des investissements productifs et non de générer des profits virtuels.

Contrairement aux idées reçues, les auteurs classiques libéraux comme Adam Smith condamnent fortement la spéculation et l’argent facile. Ils sont opposés à la pratique de faibles taux d’intérêt qui aboutit à privilégier des investissements de court terme non rentable et qui fausse l’appréciation des risques. L’argent a un prix qu’il convient de ne pas galvauder. Le taux d’intérêt a vocation à rémunérer un risque source de créations de richesses réelles et non une bulle spéculative.

La dictature de l’immédiat qui s’est emparée de la sphère financière a découragé la recherche et l’innovation. Le dernier de cycle de croissance s’est nourri de la spéculation et d’un abaissement des coûts par le transfert de coûts de production au profit des pays émergents. D’un côté, une financiarisation à outrance déconnectée du réel, de l’autre une désindustrialisation à grande vitesse et tout cela au prix de déséquilibres croissants et insupportables. Les Etats-Unis enregistrent ainsi des déficits commerciaux supérieurs de 700 milliards de dollars chaque année quand la Chine accumule des excédents supérieurs à 200 milliards de dollars comme l’Allemagne. La France, de son côté, du fait d’une dégradation de sa compétitivité et de la facture pétrolière supporte un déficit commercial, 39 milliards d’euros en 2007.

La sortie de la crise passe non pas l’abandon du libéralisme qui n’a jamais été, par ailleurs, appliqué en France mais la mise au banc des comportements anti-économiques et anti-PME. Il faut redonner à l’entrepreneur les moyens de faire son travail, celui d’investir et d’embaucher. Il convient, une fois de plus de revenir aux leçons de Schumpeter. L’entrepreneur et l’inventeur sont au cœur du capitalisme et non Wall Street ou la City.

Les banques doivent comprendre qu’il y a plus de gains à attendre d’un investissement productif dans une PME que dans un placement spéculatif composé de morceaux de prêts douteux. De même, les grandes entreprises doivent cesser de délocaliser pour réduire leurs coûts. Il s’agit de politique à court terme. Elles seront et sont déjà concurrencées par les entreprises des pays émergents et de toute façon à terme les gains de salaire ont vocation à se réduire. Le devoir des grandes entreprises est de maintenir l’avance technologique de la France et de valoriser les compétences et le savoir de leurs salariés. Elles doivent être des moteurs de la recherche faute de quoi notre pays risque de devenir un désert économique ou, au mieux, un parc d’attraction.

Si l’Allemagne a mieux résisté que la France en particulier en matière de commerce extérieur, elle le doit à la vitalité de son tissu économique. A nous, de tirer les conséquences de cette crise financière pour densifier économiquement notre territoire.

Le libéralisme ne se résume pas à la formule « du laisser faire, laisser passer » et « être libéral, ce n’est pas la liberté de faire n’importe quoi ». L’éclatement de la bulle financière va permettre de nous réconcilier avec le capitalisme, un capitalisme à taille humaine, plus simple, plus centrée sur le progrès réel. Les champs de croissance ne manquent pas avec le défi environnemental, avec l’épuisement de l’énergie pétrolière, avec l’allongement de la vie. Le retour à un capitalisme humain, de proximité, sera sans nul doute la conséquence des dévoiements enregistrés ces dernières années.

La crise est mauvaise conseillère

La bourse n’aime pas l’automne ; c’est connu et les Français ne l’aiment pas plus du fait du retour des vacances, des impôts à payer et de l’arrivée du temps maussade. Est-ce une raison pour sombrer dans la dépression et jeter le bébé avec l’eau du bain. La chute du cours des actions ne concernent qu’un nombre limité d’épargnants français, environ 7 millions. 80% des contrats d’assurance-vie sont en fonds euros. En Europe, aucune faillite réelle de banque n’a été enregistrée depuis le début de a crise. Les Etats, plus ou moins explicitement, se sont portés garants de l’épargne de leurs ressortissants. De ce fait, céder à la panique en retirant son argent, en le mettant sous le matelas n’a comme conséquences que de renforcer la crise et d’attirer les voleurs.....

mercredi 1 octobre 2008

De quoi demain sera fait

En quelques pages à travers la vie de Xavier et de Patrick, cette nouvelle décrit les enjeux du financement des retraites en France et les solutions qui permettent d'améliorer la situation des futurs retraités.

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L’EPARGNANT SCHIZOPHRENE

L’EPARGNANT SCHIZOPHRENE
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En cet automne, l’épargne ne connaît pas d’été indien. Face au ralentissement de l’économie mondiale, face à l’accumulation des dépenses publiques à financer et compte tenu du niveau élevé de nos déficits publics, le Gouvernement est à la recherche de nouvelles recettes. En quelques semaines, il a été décidé la création d’une taxe de 1,1 point sur les revenus issus du patrimoine ainsi que l’assujettissement de l’épargne salariale et de l’épargne retraite d’entreprise à une cotisation d’assurance maladie de 2 %. Nul ne conteste le bien-fondé du Revenu de Solidarité Active ou la revalorisation des petites pensions, en revanche l’épargne doit-elle être la principale voire l’unique variable d’ajustement des finances publiques ?

L’épargne serait ainsi un puit sans fond duquel les pouvoirs publics pourraient tirer sans fin de nouvelles recettes. Avec un taux d’épargne des ménages dépassant 15 % du revenu disponible brut, avec un encours de plus de 1200 milliards d’euros pour l’assurance-vie, la tentation est grande. Si le Français économise, c’est qu’il a de l’argent et qu’il peut donc être taxé. Coupable de s’enrichir en dormant, il l’est également en ne consommant pas. La schizophrénie le guette car il lui est aussi demandé de mettre de l’argent de côté pour préparer sa retraite ou anticiper sa dépendance. Il n’est pas illogique que cette incohérence génère de l’anxiété contribuant ainsi… à augmenter… les dépenses d’assurance maladie…

Il est de bon ton de souligner que la fiscalité de l’épargne serait plus faible que celle du travail. Or les prélèvements sociaux dépasseront les 12 % auxquels il faut ajouter, le cas échéant, les impôts sur les plus values et l’impôt sur le revenu. L’avantage fiscal, appelé également niche, a bien souvent une justification. Il peut être la contrepartie d’une aliénation plus ou moins longue du capital, 5 ans pour le PEA, 8 ans pour l’assurance-vie et indéfiniment pour le PERP. En outre, par définition, les revenus ayant servi à acquérir des actifs financiers ont déjà subi des prélèvements obligatoires.

Il y a, en France, un refus de reconnaître le véritable rôle de l’épargne. Pourtant derrière l’assurance-vie, derrière les SICAV ou les FCP, il y a les obligations d’État qui permettent de financer une part croissante des dépenses publiques ; il y a surtout les obligations et les actions des entreprises. L’épargne, c’est l’investissement de demain et l’emploi d’après demain, pour plagier l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt.

SURMONTONS LE MYTHE DE SISYPHE

SURMONTONS LE MYTHE DE SISYPHE



Le mur des retraites est devant nous. Comme prévu, nous n’échapperons pas au défi du financement des retraites. Chaque année, plus de 700 000 actifs partent à la retraite. D’ici 2050, le nombre de retraités passera de 13 à 29 millions. Le nombre de retraités par rapport aux actifs atteindra alors 83 % contre 45 % en 2006. Au-delà de ces chiffres, il convient de souligner que nous sommes confrontés à une belle et fantastique révolution démographique. Le vieillissement de la population est à tort décrié. Il est la preuve d’un indéniable progrès, d’une victoire de l’Homme sur le temps. L’espérance de vie a, en effet, gagné plus d’une vingtaine d’année en moins d’un siècle. Sous Louis XV, elle ne dépassait pas 25 ans. Aujourd’hui, elle atteint 77 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. Une fille sur deux qui naît en 2008 sera, a priori, centenaire. Nous vivons de plus en plus vieux et en meilleure santé.

La vie s’allonge et se transforme ; la durée consacrée à la formation s’accroît comme celle de la retraite. A ces deux phénomènes, il faut ajouter le papy-boom, enfant du baby-boom des années soixante. L’arrivée des classes nombreuses d’après-guerre n’explique à elle seule le problème du financement des retraites ; elle l’augmente simplement de manière temporaire.

Chaque année, la France consacre 13 % de sa richesse nationale à l’assurance vieillesse ; d’ici 2050, il faudra dégager plus de 15 % du PIB. A législation constante, les pertes des régimes de retraite passeront de 4 à plus de 68 milliards d’euros selon le Conseil d’orientation des retraites.

Le défi des retraites est connu depuis le début des années quatre-vingt. Il faut, à ce titre, reconnaître le courage de certains hommes politiques comme Edouard Balladur, François Fillon ou Xavier Bertrand d’avoir pris leurs responsabilités afin de mener des réformes nécessaires tout en contredisant la maxime de Michel Rocard en vertu de laquelle le dossier des retraites pouvait faire « sauter » plusieurs gouvernements.

Néanmoins, force est de constater qu’il aura fallu plus de quinze ans pour achever le travail amorcé par le Premier Ministre Edouard Balladur en 1993, deux années après la publication du Livre Blanc de Michel Rocard.

Pour régler l’épineux problème de la retraite, les curseurs sont connus :

• L’augmentation des cotisations mais la France a peu de marges en la matière avec un taux de prélèvement de plus de 43 % du PIB ;
• Modifier les règles de calcul des pensions ;
• Reculer l’âge légal de départ à la retraite fixé à 60 ans depuis 1982 ;
• Développer des suppléments de retraite par capitalisation.

Les gouvernements ont opté pour le second curseur allongeant de 37,5 à 40 ans la durée de cotisation, en retenant les 25 meilleures années au lieu des dix meilleures années pour le calcul de la pension du régime de base et en indexant les pensions non plus sur les salaires mais sur les prix. Cette option imposée aux salariés du privé en 1993, aux fonctionnaires en 2003 et enfin aux bénéficiaires des régimes spéciaux en 2007 aura, à terme, comme conséquence une baisse du taux de remplacement, c'est-à-dire le montant de la pension perçue sur le dernier salaire, de 10 à 20 %.

Par ailleurs, nous n’échapperons pas à une augmentation des cotisations d’assurance vieillesse, la prochaine de 0,3 % intervenant au début de l’année 2009.

Nos partenaires ont préféré jouer sur le curseur de l’âge légal de départ à la retraite qui est désormais en moyenne de 65 ans au sein de l’Union européenne. Certains pays l’ont même repoussé à 67 ans. Avec une vie active qui commence plus tard et une durée de vie après 60 ans qui s’accroît, il n’est pas illogique de décaler l’âge de départ à la retraite. Avec un taux d’emploi des seniors de 38 %, la France fait figure, en la matière, de mauvaise élève. Un travail de pédagogie à destination tant des salariés que des employeurs est à mener.

Le rendez-vous des retraites de 2008 prend acte que le chantier de la retraite est un chantier permanent. Il reste 40 % du chemin à réaliser pour maintenir en équilibre nos régimes. Le passage à 41 ans de la durée de cotisation est incontournable même si, en filigrane, elle pose la question de l’âge légal de départ à la retraite. L’amélioration du dispositif de surcote pour inciter les salariés à poursuivre leur activité est une bonne mesure tout comme la levée des restrictions sur le cumul emploi/retraite.

La réforme 2008 est, en revanche, très silencieuse sur le développement de l’épargne retraite. Les circonstances, la crise financière, les subprimes, ne doivent pas masquer une réalité ; la capitalisation est un outil incontournable pour limiter la chute du taux de remplacement des régimes par répartition. Le rendement de l’épargne retraite ne saurait être analysé que sous l’angle des résultats quotidiens du CAC 40 ; il s’agit d’un produit d’épargne à long terme dont l’encours est placé en actions cotées mais aussi en actions non cotées, en obligations, en immobilier ou en titres monétaires.

L’épargne retraite représente, en France, 100 milliards d’euros d’encours ; les cotisations s’élèvent, chaque année, à plus de 10 milliards d’euros. Plus de 6 millions d’actifs ont accès à un produit d’épargne retraite qu’il soit collectif ou individuel. Deux millions de Français ont ouvert un Plan d’Epargne Retraite Populaire et plus de 350 000 ont souscrit dans leur entreprise un Plan d’Epargne Retraite Collectif depuis 2004. Il faut aussi avoir à l’esprit que plus d’un indépendant sur deux (commerçants, artisans, chefs d’entreprise, professions libérales) possèdent un contrat Madelin. Il est faux d’affirmer que l’épargne retraite est un échec en France. Ces bons résultats sont d’autant plus encourageants que notre pays est parti en retard dans le domaine de la capitalisation et qu’il n’a pas opté pour la simplicité.




L’existence d’un grand nombre de produits destinés à l’épargne retraite est une source indéniable de confusion et de perplexité. Cohabitent ainsi plusieurs systèmes collectifs en entreprise, l’article 39, l’article 82, l’article 83, le PERCO, le PERE… et aussi plusieurs systèmes individuels, le PERP, la Préfon, le COREM, les Contrats Madelin…

Un bon produit d’épargne doit l’être pour les épargnants mais aussi pour les entreprises et les professionnels qui le commercialisent. La réglementation actuelle complique plus qu’elle ne favorise l’épanouissement de l’épargne retraite. Elle corsète plus qu’elle ne libère ; elle dissuade plus qu’elle n’encourage la souscription de produits retraite.

Or, la question de l’épargne retraite nous amène à réfléchir sur l’avenir de la France et de son économie. Aujourd’hui, les entreprises du CAC 40 sont possédées à plus de 45 % par des fonds étrangers, essentiellement des fonds de pension anglo-saxons. Les fonds souverains alimentés par la rente pétrolière ou les fonds chinois constitués grâce aux abondants excédents commerciaux pèsent déjà plus de 3000 milliards de dollars. De son côté, la France ne dispose que du Fonds de Réserve des Retraite dont les actifs sont évalués à moins de 35 milliards d’euros s. L’absence de véritables fonds de retraite expose les entreprises françaises aux vicissitudes des fonds et marchés étrangers. Par ailleurs, les PME françaises ne sont pas épaulées, tirées vers le haut. Elles ne peuvent pas s’appuyer sur des fonds français pour se développer. Le non coté reste marginal. Or, surtout en période de tourmente financière, le non coté permet d’offrir des rendements supérieurs déconnectés de la spéculation. Il ne faut pas oublier que 80 % des entreprises ont moins de 10 salariés et que 60 % des salariés travaillent dans une PME. Autre défi, moins de 10 % des salariés des PME ont accès à un supplément de retraite.

Le débat sur les retraites demeurera pour de nombreuses années au cœur de l’actualité. Il influe sur nos grands équilibres sociaux, économiques et stratégiques. Des réponses qui seront données, dépendent la physionomie de la France dans les cinquante prochaines années. La canicule de 2003 a montré du doigt la réalité et les conséquences du vieillissement de la population. Au-delà de ce tragique évènement, il convient de tirer le meilleur profit de l’allongement de la durée de la vie et de préparer notre économie, notre société, à y faire face.

jeudi 28 août 2008

Taxons, taxons, il en restera toujours quelque chose

Le Cercle des Épargnants, Centre d’Étude et d’Information sur l’Épargne et la Retraite, rassemblant plus de 200 000 adhérents, comprend la nécessité de trouver les ressources nécessaires pour financer le Revenu de Solidarité Active (RSA).

Le Cercle considère néanmoins que l’augmentation de 1,1 point des prélèvements sociaux est un mauvais geste à l’encontre des épargnants. Avec cette mesure, ils seront, une fois de plus, incités à épargner à court terme sur des livrets défiscalisés au détriment des placements à long terme. Il y a un indéniable problème de cohérence ; d’un côté, les pouvoirs publics souhaitent encourager l’épargne retraite et les placements actions afin de financer les entreprises ; de l’autre, ils augmentent la taxation de ces mêmes produits. En moyenne, les revenus du patrimoine seront ainsi imposés (prélèvements fiscaux et sociaux) à plus de 30 % et davantage pour les revenus fonciers.

L’ensemble des Français sont concernés ; par exemple plus de 59 % d’entre eux ont un contrat d’assurance-vie.

Cette mesure n’améliorera pas le moral des Français qui supportent déjà le ralentissement économique et l’effondrement depuis un an des cours boursiers.

D’autres interrogations demeurent. Notamment le financement du Grenelle de l’Environnement ou de l’assurance dépendance. Il ne faut pas que l’épargne soit la variable d’ajustement faute de quoi elle se tarira.

D’autres pistes de financement existent mais nécessitent du temps et des remises en cause. Ainsi, toutes les taxes finançant des fonds de garanties ou des structures devenues caduques créés au grès des circonstances sont-elles encore justifiées ? Avec la décentralisation, n’y aurait-il pas quelques doublons administratifs à supprimer ? Dans le domaine du secteur de la santé et des affaires sociales, l’empilement des structures ne mériterait-elle pas une rationalisation ?

vendredi 20 juin 2008

Messieurs HAUSSMANN ET BIENVENÜE REVENEZ !

LE GRAND PARIS
MESSIEURS HAUSSMANN ET BIENVENÜE
REVENEZ D’URGENCE !


Le lancinant débat sur les 35 heures, la question des retraites et le déficit récurrent des finances publiques nous feraient oublier que chaque jour, en France, nous assistons impuissant à un gâchis sans nom. En effet, tous les jours de la semaine, des milliers ou plutôt des millions d’heures sont gaspillés dans des embouteillages vécus comme une fatalité par les automobilistes essentiellement parisiens.

Selon une étude européenne, le coût de ces heures perdu est évalué à plus de 245 milliards d’euros. Pour la France, ce coût dépasserait les 20 milliards d’euros.

Chaque jour, les autoroutes d’accès à Paris sont embouteillées à partir de 7heures jusque vers 10 heures. Par facilité et par manque de crédits, cette nuisance est acceptée voire encouragée afin de dissuader les Français à utiliser leur voiture. Or, le réseau ferré serait incapable de supporter le report d’un quart des automobilistes. Les lignes A et D du RER, les lignes 1et 13 du métro sont déjà plus que saturées.

L’incapacité des automobilistes de s’associer pour exiger la réalisation d’investissement contribue au maintien de la situation.

Les pouvoirs publics n’ont pas réalisé, depuis 20 ans, d’investissements routiers substantiels en Ile de France si l’on excepte le bouclage de l’A86 et l’A 14 avec en outre le concours de financement privé. Le système actuel en étoile avec le raccordement des autoroutes en provenance de la province sur l’A6, l’A1 et l’A13 ne peut que générer des engorgements.

Il est à remarquer que l’Etat sous la IIIième République avait été capable de lancer des grands travaux. En moins de 20 ans, au début du 20ième siècle, un réseau ferré a été construit sous Paris. Aujourd’hui, la réalisation de nouvelles lignes apparaît comme un défi impossible à conduire. La priorité donnée au court terme par les élus explique en partie cette incapacité à mobiliser les énergies en faveur d’investissements structurants. La peur des nuisances générées par les travaux et la lenteur de leurs retombées dissuade les élus à se lancer dans de telles opérations.

Or, le Grand Paris est asphyxié par le manque de voies de transports. Il manque un axe rapide Nord Sud pour traverser l’Île de France. Le projet de souterrain sous la capitale imaginé dans les années quatre-vingt a été oublié. La question de la pollution ne saurait justifier l’abandon d’un tel projet. Préfère-t-on la pollution provoquée par des heures d’embouteillage en surface à celle maîtrisable dans un souterrain.

Cette liaison rapide permettrait de connecter enfin les deux grands aéroports d’Ile de France, Orly et Roissy.

En matière de transports en commun, il est étonnant que les deux aéroports ne soient pas également reliés entre eux sans rupture de charge. De même, les aéroports parisiens sont mal reliés aux centres d’affaires en particulier celui de la Défense. Il en est de même des différentes gares ferroviaires. Face à ce problème, la SNCF imagine d’en construire une nouvelle afin de créer une plate –forme de ces différentes lignes de TGV. A défaut de se lancer dans la construction d’une nouvelle gare, il conviendrait de réaliser des liaisons rapides entre la gare Montparnasse et la Gare de Lyon ainsi qu’entre ces deux gares et les gares du Nord et de l’Est.

En banlieue, le réseau est vétuste et peu conforme aux attentes légitimes des utilisateurs. Il faut plus de temps pour aller du Sud de l’Essonne à Saint Denis que pour aller de Paris à Tours. Une rénovation des lignes s’impose comme la réalisation d’un réseau plus dense et moins en étoile.

Bien évidemment, la question du financement se pose. La région Ile de France est une des plus riches d’Europe. L’absence de communauté urbaine, la compétition entre les collectivités locales, le poids de l’Etat dans l’aménagement du territoire ne favorisent pas le lancement d’un plan d’infrastructures. Il y a pourtant urgence afin que la région capitale conserve son rang et maintienne son pouvoir d’attraction économique et touristique.

mardi 17 juin 2008

Oser dire stop

OSER DIRE STOP

Payer les retraites, payer le logement social, la dépendance, l’insertion, les dépenses d’assurance maladie, le navire craque. A défaut de remettre en question le fonctionnement même de notre système d’Etat providence, les pouvoirs publics gèrent avec plus ou moins de réussite la pénurie. La Défense est mise à contribution, le second porte-avion est reportée sine die, les effectifs sont diminués ; les investissements publics sont réduits au minimum… Depuis plus d’un quart de siècle, la politique économique et budgétaire repose sur un non choix. Keynésienne dans l’âme, elle s’habille de rigueur. Tous les gouvernements de droite comme de gauche promettent le retour à l’équilibre à trois, quatre ou cinq ans sans jamais y parvenir. La fatalité du déficit et de la dette hante les finances publiques. Le retour à l’équilibre ne pourra être réalisé qu’en remettant en cause en profondeur les modes d’action. Ce n’est pas en rognant les dépenses que l’on casse la spirale dans laquelle se meut l’Etat depuis plus de trente ans.

Les pouvoirs publics préfèrent répondre aux demandes de l’opinion même si la réponse est partielle faute de moyens. La tentation hégémonique et omnisciente est toujours présente sauf que l’absence de ressources rend la réalisation insatisfaisante. L’incapacité de hiérarchiser, de supprimer des dispositifs, de revenir sur des avantages constituent les symboles de l’impuissance étatique.

L’absence de consensus sur la remise en cause des avantages, l’ultra sensibilité aux différences de revenus et de capital associé à un esprit jaloux des Français rendent difficiles l’assainissement des finances publiques. La réforme est vécue comme uen injustice au sein de la société de défiance décrite par l’économiste Pierre Cahuc. Les Français ne sont pas fières de leurs patrons, de leurs responsables politiques. Ils sont accusés de s’enrichir sur leur dos. La communauté nationale est fissurée de toute part. Les émeutes à répétition dans les banlieues, les sifflets à l’encontre des ministres au début des matchs nationaux caractérisent le mal français.

« La France ne peut pas accueillir toute la misère du Monde » affirmait Michel Rocard ; de même, l’Etat ne peut pas résoudre tous les problèmes. Les ressources financières sont rares…

Il n’est plus possible de tout payer de l’éducation à la mort en passant par le logement, la CMU. Il faut savoir dire stop faute de quoi la croissance disparaîtra à jamais du territoire français.

lundi 16 juin 2008

Europe, it's a dream

L’EUROPE, IT’S A DREAM


L’Europe ne fait plus rêver. Après la France et les Pays-Bas, l’Irlande dit non à l’Europe. Dès que les peuples peuvent exprimer leur opinion, ils rejettent la construction européenne. C’est un signe fort envoyé aux gouvernements.

Dans les années cinquante, l’Europe était synonyme de paix, de réconciliation entre les ennemis d’hier, elle signifiait la fin des guerres allers-retours entre la France et l’Allemagne. Dans les années soixante et soixante-dix, l’Europe était synonyme de progrès, de croissance. Ces belles valeurs ont perduré dans les années quatre-vingt. Lé référendum français de 1992 sur le traité de Maastricht marque une rupture. 51 % des Français approuvent la monnaie unique pourtant soutenue par le PS, le RPR et l’UDF. L’Europe n’est plus un idéal, elle devenue une contrainte. Elle rime avec crise, chômage, réglementation… Les réminiscences de la seconde guerre mondiale s’affadissent. Les élargissements successifs ont désagrégé l’esprit européen ; il ne reste qu’un espace sans frontière géré de manière technocratique et désincarnée. A 12 ou à 15, tous les habitants de l’Union européenne étaient capables de tracer la carte de l’Europe et de citer presque tous les noms des capitales. A 27, l’Europe est une petite ONU d’autant plus que les règles de fonctionnement n’ont pas été adaptées pour tenir compte de l’augmentation du nombre de membres. Transformé en Etats-Unis d’Europe, cette dernière est toujours gérée artisanalement. Les scénaristes du projet européen ont oublié que leur légitimité dépendait du nombre de lecteurs et de croyants. Or, face à la multiplication des maux, les gouvernements nationaux ont trouvé en l’Europe un bouc-émissaire parfait. Si les Etats devaient augmenter les impôts, réformer leur système de retraite ou d’assurance-maladie, c’était de la faute de l’Europe, des fameux critères de Maastricht. Si les pêcheurs ne peuvent plus pêcher, ce n’est pas parce qu’il n’y plus de poissons mais c’est à cause de l’Europe. Il est étonnant qu’il y ait encore des avocats de l’Europe.

Pour gagner la bataille de l’opinion, l’Europe se doit de retrouver du sens, l’Europe doit de nouveau faire rêver. L’Europe ne doit plus simplement associer aux mots rigueur, chômage, délocalisation, taxes et contraintes. L’Europe doit retrouver du corps et de l’esprit. L’Europe ne doit pas se résumer à des batailles du pour ou contre la Turquie, du pour ou contre la libéralisation, du pour ou contre la déréglementation ; l’Europe doit porter des projets concrets. Faute de consensus, depuis la chute du mur de Berlin, la refonte des institutions a été reportée. Le fédéralisme est la seule solution pour un ensemble aussi grand composé de 27 Etats. Le refus d’admettre cette vérité aboutit à maintenir en fonction un système byzantin compréhensible que par les initiés, un système à plusieurs têtes, Conseil européen, Commission et Parlement. Ce système pouvait fonctionner en petit comité ; il ne le peut pas à 27.

Si le fédéralisme est récusé, la solution passera par une Europe à plusieurs cercles, à une Europe à plusieurs vitesses. La monnaie unique est le symbole de ce mode de gouvernance. Elle n’est certainement pas sans défaut. La monnaie unique est la première grande monnaie qui n’est pas associée à un pouvoir économique. Elle est suspendue au-dessus des Etats ce qui ne l’aide pas à asseoir sa légitimité.

L’Europe que ce soit à 27 ou à moins doit mobiliser ses habitants. Cela peut passer par la réalisation de projets de grande ampleur. L’Europe pourrait ainsi se lancer dans la conquête de Mars. Il faut des symboles forts. Cela pourrait être de relever le défi du développement durable en lançant un programme de recherche sur l’énergie demain. Il faut que l’Europe soit à même de se financer par emprunt et être autonome sur un plan budgétaire.

L’Europe est timorée en matière de grands investissements. Il est temps de construire le Canal de Suez ou le Canal de Panama du 21ième siècle. La création de lignes européenne à grande vitesse, la création de nouvelles universités avec des centres de recherche devraient être de la compétence de l’Union. Pourquoi l’Europe devrait se cantonner aux secteurs en crise, la sidérurgie, l’agriculture, la pêche.

L’Europe s’est construite sur le charbon et l’acier en 1951, elle a été aussi agricole avec le Marché commun. Aujourd’hui, elle doit épouser son temps en portant les technologies du 21ième siècle, les biotechnologies, les nanotechnologies. Elle doit être en phase avec les technologies de l’information. Il est assez surprenant qu’il n’y est pas de chaîne européenne de télévision, que le Parlement européen n’est pas comme l’Assemblée nationale et le Sénat de chaîne afin de retransmettre les débats. Il y a un espace juridique européen mais de voix européenne. Il y a une culture européenne mais de vecteur européen. Il y a bien une chaîne culturelle franco-allemande mais de chaîne de l’Union européenne. L’Europe passe par la création de sentiments d’appartenance communs au plus grand nombre.

samedi 14 juin 2008

Mad Max est-il de retour ?

En 1979 sortait le premier Mad Max ; la trame de ce film était La chasse au pétrole devenue rare sur une longue route traversant un désert. Trente ans plus tard, la réalité risque-t-elle de ressembler au scénario de ce film. Avec l’augmentation de la demande liée à la croissance de la Chine, de l’Inde et des autres pays émergents, avec une offre qui se stabilise voire qui pourrait rapidement décroitre, le prix du baril a en deux ans été multiplié par plus de trois.

Les prévisionnistes qui sont souvent des agents de l’enfer nous annoncent un baril de pétrole à 300 ou 400 dollars. Ils affirment avec le soutien des tenants de la décroissance ainsi que des écologistes que notre modèle économique a vécu, qu’il faut repenser l’économie, notre façon de vivre… A peine certains pays sortent-ils du sous-développement qu’il faudrait qu’ils plongent dans un abîme indéfini.

La troisième crise du pétrole sonne-t-elle la fin du capitalisme tel qu’il s’est constitué depuis la fin du 19ème siècle.

Il convient de souligner que nous avons connu déjà plusieurs passages de témoin énergétique, le charbon a succédé au bois pour laisser la place au pétrole.

L’augmentation du pétrole depuis deux ans doit être relativisée. Le cours du baril est passé de 60 à 180 dollars soit un triplement ; pour mémoire, lors du premier choc, il était passé de 3 à 13 dollars soit un quadruplement et en 1979, il avait atteint 40 dollars soit encore une multiplication par quatre.

Les deux premiers chocs pétroliers ont eu un double effet, la recherche d’une moindre dépendance au pétrole de la part des pays consommateurs et la mise en exploitation de nouveaux gisements.

L’intensité énergétique de la croissance s’est fortement contractée depuis trente ans. Le processus de désindustrialisation avec en parallèle la tertiairisation de l’économie, les gains de productivité, le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont fortement modifié la donne. La baisse de l’intensité énergétique de la croissance s’explique également par le rôle pris par l’énergie nucléaire dans la production de l’électricité. Aujourd’hui, la principale victime de la hausse des cours du pétrole est le secteur des transports.

La découverte et la mise en exploitation de nouveaux gisements dans les années quatre-vingt ont débouché sur le contre choc. En 1986, le cours du baril s’est effondré pour revenir dans une fourchette de 15/24 dollars. Les gisements de la Mer du Nord, d’Afrique et d’Amérique Latine ont abouti à un excès d’offre d’autant plus que les pays de l’OPEP ont décidé de rompre avec leur politique drastique de quotas. L’OPEP n’avait plus les moyens de maintenir les prix et était, de ce fait pénalisée.

Le faible cours du pétrole qui était redescendu au-dessous du niveau atteint au moment du premier choc, en prenant en compte l’inflation, a eu pour conséquences un sous-investissement notoire. La recherche de nouveaux gisements comme leur meilleure exploitation n’ont pas été une priorité.

Nous payons actuellement ce sous-investissement qui concerne toute la chaîne du pétrole : de la recherche des nappes au raffinage en passant par l’exploitation. Certains gisements sont en déclin comme ceux de la Mer du Nord ou en Australie. Il en serait de même en Russie même s’il faut rester prudent en ce qui concerne les informations fournies par ce pays. L’emballement des cours constatée depuis 2006 n’est pas le produit d’un déséquilibre actuel entre offre et demande de pétrole mais sur un déséquilibre supposé à venir. Il incorpore, de ce fait, une part de spéculation.

Depuis dix ans, la demande s’est fortement accrue. Une croissance supérieure à 8 % telle qu’elle est constatée en Chine ou en Inde ne peut que générer une forte de mande en énergie d’autant plus que ces pays sont devenus les ateliers industriels du monde. En outre, fortement peuplés et dotés de larges territoires, tout concourt à l’explosion des transports.

La consommation chinoise de pétrole augmente de 12 % par an, celle de l’Inde de 6 à 7 %.




Depuis le mois de mai 2008, le cours du baril est supérieur à celui atteint en 1981 en prenant en compte les variations de prix constatées sur cette période.

Nous constatons que l’impact sur la croissance de la multiplication par trois des cours du pétrole est moindre que lors du second choc pétrolier. La moindre dépendance et la meilleure santé des économies et des entreprises expliquent le maintien à un haut niveau de la croissance mondiale qui a battu tous ces records ces dernières années. La crise des subprimes constituait par son effet systémique uen menace plus sérieuse.

L’impact faible sur la croissance repose également par une gestion différente des pétrodollars ou des pétroseuros. Les deux premiers chocs pétroliers avaient entrainé un afflux de capitaux et de liquidités en occident favorisant l’inflation. L’argent du pétrole semble être en ce début de 21ième siècle mieux utilisé. Les pays arabes se doivent de travailler à l’après pétrole et à former une population en forte croissance. De même, la Russie après des années noires doit se reconstruire.

Les pays comme la Chine et l’Inde compte tenu de leurs excédents commerciaux ont décidé de baisser artificiellement, en ayant recours à des subventions, le prix de l’énergie.

En occident, ce sont essentiellement les secteurs dont l’activité est directement liée à la consommation de pétrole, les transports, la pêche… qui sont pénalisés.


Face à l’envolée des prix du brut, nous devrions revivre en partie le scénario des années quatre-vingt.

Logiquement à 200 dollars le baril, l’investissement pour la prospection devrait rapidement reprendre. Néanmoins, la rente pétrolière est telle qu’elle peut avoir un effet pervers. Le coût moyen d’exploitation se situe entre 3 et 5 dollars ; par définition les nouveaux gisements n’offriront pas la même productivité. Les bénéficiaires de la rente peuvent avoir intérêt à investir leur argent du pétrole sur des placements ou des investissements qui peuvent avoir des rendements supérieurs à ceux des nouveaux gisements. Cet effet pervers peut exister mais ne saurait empêcher à une reprise de l’investissement dans le secteur du pétrole. Le taux d’exploitation de gisements est de 30 % ; 70 % du pétrole est laissée sous terre. De même, les huiles lourdes et les sables bitumineux pourraient à terme être exploités.

L’autre conséquence de l’augmentation de cours du pétrole sera la recherche d’une moindre dépendance. La conjonction de la progression du prix et des impératifs écologiques peut conduire au développement rapide d’énergies de substitution. Certains spécialistes affirment qu’il faudra plusieurs décennies pour se libérer de la contrainte pétrolière et que de ce fait que le scénario de Mad Max se réalisera. Ce pessimisme n’est pas de rigueur. La dernière révolution technologique s’est effectuée au pas de charge. En moins de trente ans, les technologies de l’information ont modifié en profondeur toutes les économies. Par ailleurs, à la différence du 19ième et 20ième siècles, la recherche n’est plus l’apanage de quelques pays, de quelques entreprises. Le nombre de chercheurs en Chine et en Inde s’accroit à grande vitesse. Les universités chinoises figurent en tête des classements mondiaux. Plus de chercheurs, plus de concurrence, plus d’entreprises devraient permettre la multiplication des découvertes pour remplacer le pétrole ou pour diminuer notre dépendance. A court terme, l’énergie nucléaire semble être la voie choisie par de nombreux pays. Au-delà du problème des déchets et des risques de contamination en cas d’accident, elle offre l’avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre. Des avancées en matière de batterie, maillon faible de l’énergie électrique, pourraient révolutionner notre économie.

Les prévisions de remise en cause du système économique sont réalisées en prenant en compte les consommations du passé or bien évidemment qu’il est impossible que les neuf milliards d’habitants de la planète en 2050 puissent consommer le même volume d’énergie issu du pétrole que les Américains ou les Européens.

La diffusion du progrès technique est de plus en plus rapide du fait de la multiplication des échanges générée par Internet mais aussi par la mondialisation.

Comme l’emballement actuel des cours du pétrole est en grande partie lié à une évaluation des besoins à venir, la baisse de l’intensité énergétique de la croissance et la mise en œuvre d’énergie de substitution tout comme la mise en exploitation de nouveaux gisements devraient d’ici à un à trois ans provoqué une décrue des cours ou au pire à leur stabilisation.

lundi 9 juin 2008

l'entreprise, la grande oubliée de l'économie moderne

Que cache le mot économie ? Nombreux sont ceux qui lui associent les mots : « croissance, balance commerciale, pouvoir d’achat, redistribution… »

Rares sont ceux qui associent les mots « entreprises, entrepreneurs, innovations… »

L’entreprise est le parent pauvre de la science économique moderne. Dans les manuels d’économie, elle n’est abordée que si elle est publique, détentrice d’un monopole ou membre d’un oligopole ou si elle est multinationale, symbole de la mondialisation.

Si les marques sont vénérées, si elles donnent lieu à la publication de livres retraçant leur histoire, en revanche, les sociétés qui les sous-tendent sont par nature suspectes.

Pourtant, sans entreprise, point de croissance, point d’emplois, point de cotisations, point d’impôts et donc point d’Etat providence.

Sans offre, sans entreprise, pas d’économie de marché et pas non plus d’économie sociale de marché. Notre système de protection sociale dont, à juste titre, nous sommes fiers, repose sur la capacité des entreprises à générer des richesses.

La richesse d’un pays passe bien évidemment par la richesse de ses habitants mais l’une comme l’autre dépendent de l’offre. Or son développement suppose un environnement favorable, c'est-à-dire une éducation de qualité, des infrastructures nombreuses et modernes, des centres de recherche dynamiques…

L’offre suppose aussi un cadre juridique, fiscal et social propice à l’éclosion et à la croissance des entreprises.

L’économiste péruvien Hernando de Soto souligne que l’absence de droits de propriété et la précarité juridique expliquent en grande partie les difficultés pour certains pays d’Amérique latine et d’Afrique à se développer.


Même si la situation n’est en rien comparable, l’économie française souffre de son instabilité juridique et d’un environnement fiscal et social contraignant.

En France, nous sommes tellement amoureux de la demande au point d’ignorer son alter ego, l’offre.

A la différence de nos partenaires, l’entreprise est, dans notre pays, connotée négativement. D’un naturel pourtant chauvin, nous prenons un malin plaisir à dénigrer nos entrepreneurs et à admirer les réussites étrangères. Nous fantasmons sur les créateurs de Google, d’Apple ou de Microsoft tout en jalousant nos compatriotes qui dirigent des sociétés cent fois moins puissantes.

Nos grandes entreprises nationales ne font la une que quand elles délocalisent, quand elles licencient ou qu’elles réalisent des profits toujours jugés excessifs même s’ils sont inférieurs à ceux de leurs concurrents.

Les grandes entreprises sont assimilées à des armées qui mènent des guerres sans fin dont les salariés sont les victimes.

En France, le dirigeant d’une entreprise est avant tout un patron, voire un exploiteur, un profiteur. Il n’est pas considéré comme un créateur de croissance, d’emplois, comme un inventeur ou un organisateur comme un aventurier.

L’entreprise est, en France, subie et non vécue comme une aventure collective.

Mais qu’est-ce qu’une entreprise ?

Selon Adam Smith, pour en revenir aux auteurs classiques, l’entreprise permet d’organiser le plus efficacement possible le travail. C’est la capacité de rassembler dans un même lieu des salariés qui disposent de capacités de production. C’est la réunion du capital indispensable pour produire et du travail indispensable pour valoriser le capital.

L’entreprise joue toujours ce rôle de rassemblement d’énergies, ce lieu d’échanges. La croissance économique de ces deux derniers siècles doit beaucoup à la capacité des entreprises à mobiliser des hommes et des femmes pour produire des biens et des services. L’entreprise a permis de donner tout son sens à la formule de la croissance, du capital, du travail et du progrès technique. Si l’un des facteurs manque, point de croissance et point d’emplois.

L’entreprise est devenue le principal vecteur de socialisation. La perte de l’emploi, la fermeture d’une entreprise sont considérées à juste titre comme des drames. Les communes, les départements, les régions s’identifient à travers les entreprises qui sont situées sur leur territoire. La mal-aimée est incontournable, elle est indispensable socialement et économiquement.

Derrière l’entreprise, il a deux notions qui sont les fondements mêmes de l’économie moderne : le risque et l’innovation.

L’économiste américain Franck Knight soulignait, à juste titre, en 1933 que « l’entreprise concentre et assume les risques du marché ». Sans prise de risque, pas d’innovation et pas de progrès. Nous constatons que ce sont les pays qui acceptent le mieux le risque qui sont les plus innovateurs et qui connaissent les plus forts taux de croissance.


Et comment évidemment ne pas mentionner Joseph Schumpeter qui a démontré le rôle de l’innovation portée par les entrepreneurs. Sa typologie de l’innovation - fabrication d’un bien nouveau, nouvelle méthode de fabrication, ouverture de nouveaux débouchés, utilisation nouvelle de matières premières, nouvelle organisation du travail – sont toujours d’une extrême actualité.

Si l’entreprise est le trou noir de l’économie moderne, cette affirmation s’applique avec encore plus de force pour les PME.

La PME n’existe pas pour les économistes. Dans les ouvrages, il y, à la limite l’artisan, la très petite entreprise, qui ont vocation à disparaître ou à être absorbés et les multinationales. Au centre, le vide, le néant…

Cette conception simpliste du monde économique réfute l’idée de la croissance, l’idée que quelques individus puissent par leur travail créer une TPE qui se transforme en PME puis enfin en une très grande entreprise.

Or, notre économie dépend des TPE et des PME, de leur croissance et de leurs succès.

N’oublions pas que 65 % des personnes employées le sont, en France, par des PME responsables de 43 % de la valeur ajoutée produite par les entreprises françaises.

N’oublions pas que depuis plus de vingt ans, ce sont les entreprises de moins de 500 salariés qui créent des emplois, près de deux millions.

N’oublions pas que les PME sont les principaux artisans de l’animation de nos territoires. L’industrie du meuble permet ainsi de maintenir de nombreux emplois dans des petites villes des Vosges.

Or, les PME ont été, durant de nombreuses décennies, les grandes oubliées de la science économique et des pouvoirs publics.

Le modèle qui a prévalu durant les cinquante ou soixante dernières années est celui de la grande entreprise qui se doit d’être un champion national et de figurer en bonne place dans les classements internationaux. Certes, nous nous devons d’avoir des grandes entreprises internationales, mais il convient de s’interroger sur leur renouvellement, toute entreprise étant par nature mortelle ; il convient aussi de les faire évoluer au sein d’un tissu économique dense.

Nous nous plaignons que nos entreprises du CAC 40 qui réalisent plus de deux tiers de leurs activités au-delà de nos frontières se délocalisent. Mais, il convient avant de critiquer ce comportement d’en rechercher les causes.

La faiblesse de l’économie française, c’est avant tout son déficit d’entreprises moyennes.

Si la France compte un peu plus d’entreprises que l’Allemagne, en revanche, elle en compte deux fois moins dans les catégories des moyennes et grandes entreprises.
Plus de 80 % des entreprises ont moins de 10 salariés en France contre 76 % en Allemagne. Seulement 4,3 % de nos entreprises ont plus de 50 salariés contre 6,7 % chez notre partenaire allemand.

Le problème clef des PME, en France, c’est leur difficulté à grandir : sept ans après leur création, leur effectif ne s’est accru que de 7 % contre 22 % en Allemagne et 126 % aux Etats-Unis.

Selon le rapport de Jean-Paul Betbèze et de Christian Saint Etienne de 2006, il manque à la France l’équivalent de 10 000 entreprises de 300 salariés. Cette faiblesse explique également le nombre réduit de petits groupes de 500 à 3000 salariés.

Si l’Allemagne est le champion incontesté de l’exportation, elle le doit bien évidemment à ses grandes marques comme BMW, Mercedes, Volkswagen ou Siemens mais surtout à un réseau dense et dynamique de PME qui sont dans leurs domaines des références. Si la croissance américaine a été sur ce dernier quart de siècle supérieur de plus de un point par an en moyenne, c’est en raison de la capacité des TPE comme Google a devenir des entreprises internationales en moins de dix ans.

Si les pays d’Europe du Nord, le Danemark, la Finlande ou la Suède, ont réussi à concilier croissance et solidarité, cela est du à la force de leur tissu de PME performantes et innovantes.

Le système français est à l’opposé de celui des Etats-Unis, de l’Allemagne ou de l’Europe du Nord.

Si les grandes entreprises peuvent se jouer des contraintes en recourant à des armées de juristes, de conseillers, il n’en est pas évidemment de même pour les PME. Notre droit social, notre droit fiscal a été construit par et pour les grandes entreprises. C’est logique ce sont les représentants salariés et patronaux des grandes entreprises aidés en cela par les pouvoirs publics qui depuis soixante ans ont bâti le code du travail.

La multiplication des taxes, de cotisations des contraintes de toute nature imposées année après année pèsent lourdement sur l’activité des PME.

Une autre menace cerne les PME françaises. Elle est liée au vieillissement de la population. 500 000 à 700 000 PME seraient à céder dans les 10 prochaines années. 300 000 artisans prendront leur retraite d’ici 2020. En effet, 45% des dirigeants de PME ont plus de 50 ans. Or, si nous ne prenons pas garde, de nombreuses PME ont vocation soit à disparaître, soit à être rachetées bien souvent par des fonds étrangers. Nous savons quel en sera le prix en termes d’emplois et d’exportations.

Il y a donc urgence à rebâtir un nouveau paradigme économique qui valorise le créateur, l’innovateur, l’entreprise, qui offre aux PME les moyens d’accéder aux marchés publics, qui met les PME en situation de se développer.

Il nous faut changer nos façons de penser et placer l’offre au cœur de notre politique économique. Il faut valoriser le rôle de l’entrepreneur, valoriser l’innovateur...

C’est dans ce sens que le projet de loi de modernisation de l’économie est révolutionnaire.

Le volet « entrepreneuriat » du projet de loi couvre toutes les étapes de la vie d’une entreprise, de sa création à son éventuelle reprise en passant par son développement. Il vise à insuffler au sein de la société française un véritable esprit d’entreprise.

Le volet entrepreneuriat traite donc quatre aspects majeurs de la vie d’une entreprise

• sa création ;
• son développement ;
• sa transmission ;
• ses éventuelles difficultés.

La création

Un des aspects les plus novateurs de ce projet est la faculté donnée à tous les Français de pouvoir créer avec une seule formalité sa micro-entreprise et d’avoir un statut d’auto-entrepreneur.

Ces dernières années, le processus de création d’entreprise a été simplifié. Les chiffres de la création d’entreprises prouvent que nous sommes sur la bonne voie. Sur ces cinq dernières années, le nombre de créations est passé de 290 000 à plus de 320 000 par an.

Mais, même simplifié et je suis convaincu que nous pouvons faire mieux, ce processus est encore dissuasif pour de nombreux Français qui veulent se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise.

Or, plus d’un Français sur cinq souhaite créer son entreprise et près d’un jeune sur deux. Le projet de loi offre la possibilité aux Français de réaliser ce rêve en limitant les risques et en diminuant les contraintes administratives, sociales et réglementaires.

C’est pourquoi nous avons décidé d’instituer un régime simplifié de micro-entreprise, libératoire de prélèvement fiscal et social pour les petits entrepreneurs. Ce régime sera accessible sur option aux entrepreneurs qui n’exercent pas sous forme de société.

Ce régime est simple, car l’impôt et les cotisations dus seront fonction d’un seul paramètre, le chiffre d’affaires. Ainsi, le créateur ne sera pas contraint de verser des cotisations avant d’avoir gagner de l’argent lié à son activité. Ce régime pourra s’appliquer aux salariés qui décident sur leur temps libre de monter une petite affaire ainsi qu’aux étudiants ou aux retraités.

J’entends donner à chacun la possibilité de créer une entreprise. Or, le régime actuel d’incapacité commerciale et industrielle interdit de plein droit aux personnes ayant purgé une peine criminelle ou un délit financier de se réinsérer par une création d’entreprise. Cette mesure apparaît excessive et empêche bien des personnes ayant purgé leur peine de se réinsérer. C’est pourquoi le projet de loi vise à laisser désormais au juge le soin d’apprécier, au cas par cas, si une peine d’incapacité commerciale est justifiée.

Harmoniser les différents statuts de société

Malgré les récentes améliorations, notre droit des sociétés n’est pas d’une simplicité absolue. Dans un souci d’harmonisation des différents régimes de société et avec un objectif de réduction des frais de constitution d’une société, nous proposons plusieurs mesures dont la suppression de l’inscription au bulletin officiel des annonces civiles et commerciales. Nous proposons également d’aligner certaines dispositions du régime des sociétés par actions simplifiées sur celui des SARL, suppression du capital minimum, suppression de règles de publication annuelle de droits de vote, et enfin par autorisation des apports en industrie. Les sociétés par actions simplifiées ne seront plus obligées de recourir à un commissaire aux comptes soit une économie de 3000 à 4000 euros par an.

Faciliter la création et sécuriser le créateur afin qu’il puisse se consacrer réellement à son métier, tel est le fil conducteur de ce volet.

C’est dans cet esprit que le projet de loi poursuit l’indispensable modernisation statut de l’entrepreneur qui est un citoyen comme les autres et qui ne doit pas être suspect du fait de la prise de risques qu’il prend.

Le créateur d’entreprise était jusqu’à une époque récente un coupable potentiel qui se devait d’être condamné à la première incartade. Il y avait bien deux poids, deux mesures entre certains dirigeants de grandes entreprises armés d’avocats et bien souvent intouchables et le chef d’une petite PME soumis à la dureté des lois

Rappelons nous du statut du terme de failli qui s’accompagnait de la perte des droits civiques. Rappelons-nous de la responsabilité financière qui pèse sur les dirigeants de PME.

Nous proposons de mieux protéger le patrimoine personnel de l’entrepreneur. Après avoir instauré en 2003 le principe de l’insaisissabilité de la résidence principale, le présent projet de loi vise à l’étendre à tous les biens fonciers bâtis et non bâtis. La renonciation pourra être partielle afin de renforcer les capacités d’emprunt du chef d’entreprise.

Par ailleurs, il est proposé de faire bénéficier également le dirigeant de bonne foi, qui s’est porté caution pour sa société, de la procédure surendettement et de rétablissement personnel.





L’installation et le développement de l’entreprise

Faciliter la vie de l’entrepreneur, c’est lui permettre d’avoir un local pour exercer son activité.

Un des premiers problèmes majeurs auquel est confronté le créateur est, en effet, celui lié à l’installation de son entreprise. Un local n’est pas simple à trouver et est coûteux surtout en milieu urbain. Dans les villes de plus de 200 000 habitants et en Ile de France, la transformation d’un local d’habitation en local commercial est soumise à un régime d’autorisation administrative préalable. Le projet de loi supprime totalement la nécessité d’autorisation administrative pour tout entrepreneur souhaitant utiliser son domicile situé au rez-de-chaussée en tant que local professionnel. Il assouplit également le régime applicable aux HLM, en supprimant l’obligation du caractère temporaire de l’utilisation à des fins professionnelles des locaux d’habitation situés en rez-de-chaussée.

Autre préoccupation majeure, le prix du loyer et son évolution.

Comme pour les loyers des logements, l’indice des loyers des baux commerciaux est réformé.

Plusieurs fédérations de propriétaires et de locataires ont trouvé un accord sur l’instauration d’un nouvel indice de révision des loyers permettant d’éviter de trop fortes variations annuelles, et de mieux tenir compte de l’évolution de l’activité des commerçants et des artisans. Le projet prend acte de cet accord.

Mettre un terme aux seuils couperets

Une des causes de la faiblesse de la France en matière de PME est l’existence de seuils sociaux et fiscaux couperets maintes fois dénoncés et jamais abolis. Ces seuils dissuadent les chefs d’entreprise à embaucher et à accroître leurs activités. Le projet de loi entend s’attaquer à ce problème clef en instaurant un dispositif expérimental pour trois ans. Ainsi les conséquences financières des franchissements des seuils de 10 et 20 salariés seront gelées. Le gel s’appliquera pendant trois ans et un lissage sur quatre ans est prévu.



Faciliter le financement des PME

Les entreprises françaises et tout particulièrement les PME souffrent d’un manque de fonds propres. Les investisseurs et les épargnants en particulier réprouvent la prise de risques d’où le caractère étroit du non coté en France.

Les pouvoirs publics mènent une politique active en la matière et ont incité les investisseurs institutionnels à mieux accompagner les PME.

C’est pourquoi le Gouvernement entend créer un nouveau cadre juridique des fonds commun de placement à risques contractuels. Ces fonds auront vocation à investir dans les entreprises non cotées et seront réservés aux investisseurs qualifiés. Une telle réforme, attendue par les professionnels du capital investissement, dotera la France d’un véhicule juridique compétitif par rapport aux dispositifs en vigueur à l’étranger.

Nous proposons également de simplifier les Fonds d’investissement de proximité. Afin de faciliter l’accès des PME aux capitaux extérieurs, l’intervention des Régions en faveur du développement du capital investissement sera étendue au fonds de fonds situés dans le cadre de programmes européens.

Ce projet de loi crée également un cadre fiscal favorable aux sociétés en amorçage, à l’image de ce qui existe déjà aux Etats-Unis.

Réduire les délais de paiement

La question des délais de paiement est un problème récurrent que nous nous devons de résoudre. Les PME sont pénalisées par la longueur des délais de paiement. Fruit d’un mauvais rapport de force, ces délais excessifs aboutissent à transformer les petites et moyennes entreprises en banquier ce qui n’est pas leur métier et ce qui transfert de manière indue le risque supporté par l’acheteur. Il n’est pas acceptable que les délais de paiement dépassent dans notre pays 67 jours quand la moyenne est de 57 jours chez nos partenaires.

La réforme proposée participe d’une démarche en plusieurs étapes, initiée par le Président de la République, qui prévoit : un plafonnement par la loi des délais de paiement à 60 jours, puis une phase de négociation secteur par secteur et une possible nouvelle intervention législative à échéance d’un an en cas d’échec des négociations. Ce processus devrait débuter au 1er janvier 2009 et courir sur trois ans.

Ouvrir de nouveaux marchés aux PME

Le projet de loi entend favoriser l’accès des PME innovantes à la commande publique, en permettant un traitement préférentiel de celle-ci lors de la passation des marchés comme le recommandait dans son rapport Lionel Stoleru. Afin que de nombreuses PME soient concernées par ce nouveau dispositif, la définition de la PME innovante est élargie.

Favoriser la recherche développement

Comme vous le savez, la recherche développement est en France l’apanage des grands groupes. Les PME éprouvent d’importantes difficultés à être des acteurs de la recherche développement et à tirer profit du progrès technique. Cette situation est une faiblesse majeure de notre économie.

C’est pour cette raison que nous avons réformé l’été dernier le crédit d’impôt recherche et que nous avons modernisé les moyens d’intervention des pouvoirs publics en la matière. Dans le prolongement de la réforme du crédit d’impôt recherche, le projet de loi permet à l’administration fiscale de consulter, outre le ministère de la recherche, des organismes chargés de soutenir l’innovation désignés par décret en Conseil d’Etat, tels qu’OSEO, dans le cadre de l’examen des demandes d’appréciation présentées par les entreprises portant sur l’éligibilité au CIR de leur projet de recherche. Par ailleurs, plusieurs dispositions du projet de loi modernisent le système d’enregistrement et de délivrance des titres de propriété industrielle, afin de le simplifier, de le rendre plus facilement accessible aux entreprises et de l’adapter à l’environnement international.

Un article d’habilitation permettra, par ailleurs de rendre conforme le code de la propriété intellectuelle aux nouveaux traités internationaux que la France a signé dans ce domaine.


Assurer la pérennité des entreprises

Comme je l’ai mentionné, de très nombreuses PME seront confrontées à un problème de transmission dans les prochaines années. Une transmission est toujours un moment délicat de la vie d’une entreprise. Au-delà des aspects humains fondamentaux dans la réussite d’une passation de pouvoir, il y aussi des problèmes financiers et fiscaux que les pouvoirs publics doivent autant que possible alléger.

Faciliter la transmission

Afin de faciliter la transmission d’entreprises, le projet de loi vise à améliorer sensiblement le dispositif de réduction d’impôt sur le revenu accordée au titre des emprunts souscrits pour la reprise d’une entreprise. Le plafond des intérêts retenu pour le calcul de la réduction d’impôt est doublé.

Après avoir réduit les droits de succession dans la loi pour le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat, pour que les Français puissent transmettre à titre gratuit le fruit de leur travail à leurs héritiers, le Gouvernement poursuit donc son action dans la cohérence, en allégeant les transmissions à titre onéreux et en prenant des mesures en faveur des repreneurs d’entreprises.

Le projet de loi prévoit également de rapprocher les taux des droits de mutation à titre onéreux des fonds de commerce et des sociétés à responsabilité limités sur celui applicable aux sociétés par actions.


Améliorer le régime des entreprises en difficultés

Une entreprise peut être confrontée à des difficultés pouvant mettre en cause sa survie. Dans un monde en mutation rapide, ce risque que les dirigeants comme les salariés ne souhaitent pas rencontrer n’est pas nul. C’est pourquoi il nous apparait indispensable de renforcer l’efficacité de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises. A cet effet, le Gouvernement demande au Parlement l’autorisation de réformer ce texte par ordonnance en se fondant en particulier sur le rapport d’évaluation de la Commission des lois de l’Assemblée nationale.

L’objectif central du texte qui sera élaboré est une plus grande attractivité de la procédure de sauvegarde, afin d’en développer l’usage, encore relativement limité. L’ordonnance assouplira les conditions d’ouverture de la sauvegarde, renforcera les pouvoirs des dirigeants sur l’administration et la réorganisation de l’entreprise, et favorisera l’émergence d’un plan de sauvegarde.

Le projet de loi de modernisation de l’économie s’attaque de front au problème qui mine depuis des années la France, qui est une source de graves dysfonctionnements : prix plus élevés que chez nos voisins, chômage, déficit de la balance commercial… Ce projet de loi marque une rupture en créant un environnement plus favorable à l’initiative, à l’esprit d’entreprendre et à la concurrence. Il n’y a pas de marché sans concurrence et sans une offre variée et solide.

Ce projet de loi jette les bases d’une économie plus dynamique, plus vivante… mieux à même de nous permettre de récolter les fruits de la croissance mondiale.